Culture

Une peinture de l’humain

© D.R

Le grand plasticien marocain Mimouni El Houssaine, expose ses derniers travaux, à Sitges près de Barcelone, en Espagne depuis 6 juin et jusqu’au 26 juillet 2015, le vernissage du 13 juin à la galerie Out of Africa a été un grand moment pour les aficionados espagnols qui ont découvert le travail d’un grand nom de la peinture marocaine.  Au même moment, Mimouni El Houssaine a accroché ses œuvres dans une exposition collective à Berlin aux mêmes dates dans le cadre de l’exposition «Schlachten/Displaced 2015», une grande fête des arts plastiques où de grands noms de la peinture européenne sont constamment exposés.

Normal pour un peintre de son rang d’être fêté dans de grand- messes de la peinture mondiale, tant son travail va au-delà des frontières et impose un regard universel sur le monde et la vie. Mimouni El Houssaine est un peintre d’une grande sensibilité humaine doublé d’un immense bosseur, qui vit presque dans son atelier, pour son art. C’est un artiste passion, on le sait, mais au-delà, c’est son sens de la couleur, ses traits, la composition de sa toile qui en font l’un des grands peintres marocains vivants. Mimouni El Houssaine construit ses tableaux comme un alchimiste qui travaille sur un métal précieux.

Il y a chez lui cette force du propos pictural qui transcende ce qui est donné à voir. Aucune contingences à la réalité, aucune anecdote qui préside à l’acte de peindre, mais un besoin de façonner le monde, de lui conférer d’autres tonalités, d’autres teintes.  Nous sommes face à un travail polysémique qui défie les signifiances standardisées dans une certaine peinture aujourd’hui à la mode où l’on assemble des formes et des couleurs sans fondement aucun.  Chez El Houssaine, il y a surtout cette foultitude de sens et de significations qui font que le trait sous la main du peintre révèle une poésie individuelle qui dit le monde, le célèbre, le questionne, le façonne et le remodèle pour lui apporter à chaque fois une lecture différente. Chez  Mimouni El Houssaine, c’est d’abord au laconisme de l’expression que nous sommes confrontés avec jubilation. Aucun besoin de remplir la toile, de la charger, de l’alourdir.

Vient ensuite ce velouté chromatique propre à El Houssaine, qui se combine avec l’entrelacs des traits et des griffures pour atteindre une sorte d’incantation presque originelle qui narre la naissance du monde, le besoin de l’art pour nous aider à vivre.  Enfin, il y a cette incontournable tension qui va de la liquéfaction du sujet à peindre à une espèce de labyrinthe qui sous-tend tout l’espace peint, dans un rapport de force d’une grande poésie. Il y a là autant de palettes comme autant de confessions, certes.  Mais à l’expression, qui peut sembler trop évidente, le peintre préfère la pudeur de l’abstrait. Toute sa puissance est dans cette volonté de révéler le sentiment derrière chaque couleur, chaque forme, chaque trait. Mimouni El Houssaine est un peintre de l’humain dans toute sa diversité et sa beauté. Il a ce lyrisme pictural propre aux grands chantres de la beauté en nous. Chaque couleur, chaque trait, chaque ombre cache derrière elle une part de nous, célébrée dans ce qu’elle a de plus miraculeux.
 

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