Un Salon du livre à Casablanca ou Rabat ?
Quelle serait la différence entre un Salon international de l’édition et du livre (SIEL) à Casablanca et Rabat ? Des éditeurs étrangers et marocains qui prennent part à la 27ème édition de cette grande manifestation livresque qui se tient sous Haut patronage royal jusqu’au 12 juin dans la capitale, également ville des lumières et capitale de la culture islamique et africaine pour cette année, révèlent leurs avis sur la question.
Deux villes différentes
Au sens de l’éditrice gabonaise Sylvie Ntsame, les deux villes sont «différentes». Pour elle, celles-ci «n’ont pas la même organisation». Tel qu’elle le compare davantage «à Casablanca, il y a un endroit qui sied au salon. Alors qu’ici, ils ont dû construire un espace». Elle raisonne même en termes de rassemblement. «Pour nous ici, les gens ne sont pas ensemble dans le même espace. Là où il y a les écoles et la littérature jeunesse, le hall est plus fréquenté avec tous les élèves et les parents», ajoute-t-elle en rappelant être habituée au salon à Casablanca. Quant à Rabat, elle est «cosmopolite». «C’est une ville où, contrairement à Casablanca, on rencontre beaucoup de nationalités. Il y a l’implication des étudiants africains qui sont à Rabat. Depuis le début, ils sont avec nous. C’est un point pour la capitale», tempère-t-elle.
Un salon de public aussi dans l’avenir
Pour le directeur de la maison d’édition égyptienne «Tabarak», Mohamed Said, qui ne manque pas de se féliciter de ses «expériences plaisantes» au Maroc de par le bon accueil par la direction du Salon et le public, la différence est «simple». «Ici le public n’a pas encore pris connaissance du salon comme il le faut. Mais à Casablanca, c’était comme un festival populaire pour tout le monde. Même ceux qui n’achetaient pas de livres y venaient. Les habitants des environs venaient aussi. L’affluence était énorme», remarque-t-il. Le tout en se projetant dans l’avenir. «A mon avis, si le salon de Rabat continue à y être organisé, il sera réussi par excellence. Bien que le public ne le connaisse pas assez, il y a une fréquentation depuis le début», avance-t-il. Quant à l’organisation, elle est «meilleure de par la fluidité d’accès du matériel du livre, la manière d’exposition et les activités». Pour lui, dans deux ans, ce sera l’un des salons les plus réputés dans le monde arabe.
Un pour Rabat et un autre pour Casablanca
Du côté des éditeurs marocains, les avis penchent pour une foire du livre dans les deux villes. «A mi-chemin, nous sommes agréablement surpris. Il y a du beau monde, des gens qui achètent, s’intéressent aux livres et restent dans les stands», note Abdelkader Retnani, directeur des éditions marocaines La Croisée des Chemins. Aussi, l’organisation est «bonne». «Il y a moins de stands où il y avait des livres par terre. C’est impeccable, bravo et chapeau à la région de Rabat-Salé-Kénitra qui a mis le paquet et la culture ne peut pas vivre s’il n’y a pas la finance derrière», enchaîne-t-il.
A propos de l’impact commercial du salon dans la capitale, il indique que les premiers résultats sont également «bons». «Nous vendons beaucoup de livres ici aussi», révèle-t-il. De quoi l’amener à faire une proposition. «Je suggère que le salon reste en février à Casablanca et que le salon de Rabat devienne celui de la capitale et tout le monde sera content. Je serai le premier à applaudir», s’exprime-t-il. Le directeur de la maison d’édition Marsam, Rachid Chraïbi, abonde dans le même sens. C’est «un grand honneur» que le salon soit reçu dans la capitale. «En réalité, il faut que Rabat ait son propre salon. La ville mérite un salon.
Celui de Rabat a montré que les responsables étaient capables de monter un grand événement aussi important que celui de Casablanca», tranche-t-il. Au niveau de la logistique, il n’y a, selon lui, rien à dire. «L’agence d’événementiel en charge s’est occupée de la sécurité et distribution outre l’organisation», détaille-t-il. Et de préciser que le ministère a fourni des efforts et la ville de Rabat a donné un budget pour soutenir cette action dans laquelle le Maroc va rayonner. «Mais il n’y a pas que le côté commercial», estime-t-il. Quant au retour à la métropole, il trouve qu’il faut que celle-ci «garde son salon en février et que Rabat, agréable en début d’été, ait le sien en juin, une bonne saison qui annonce le début de l’été pendant lequel les gens ont besoin de lecture». Par la même occasion, il rappelle avoir produit pendant la Covid une cinquantaine de livres qui sont bilingues ou trilingues dont une publication sur 30 femmes engagées par la plume de Fouzia Talout Meknassi. «Nos livres sont les moins chers», tient-il à dire.
Cela étant, d’autres habitués du salon estiment, au cas où celui-ci est de retour à Casablanca, qu’il serait mieux de l’installer dans un endroit plus adapté. Ils proposent même de faire comme en Egypte, soit avec un salon au Caire et un autre en Alexandrie. Un feuilleton à suivre donc.