Il fait toujours bon parler culture et créativité en se penchant notamment sur les industries qui s’y rapportent. Le débat, censé relever de notre quotidien, est suscité vendredi par le forum Morocco 21 qui fait le choix de l’organiser au Musée Mohammed VI à Rabat en invitant une intervenante de marque.
«Pourquoi devons-nous nous soucier de cette créativité? La créativité peut-elle débloquer le futur ?». Les questionnements judicieux sont posés, vendredi à Rabat, par Justine Simons Obe, adjointe au maire de Londres, chargée de la culture et des industries créatives, lors de la 4ème conférence du forum Morocco 21 en partenariat avec Bank of Africa. Elle y répond amplement le temps de cet événement intitulé «Valoriser les industries culturelles et créatives, une économie d’avenir». A cet effet, elle conduit, en présence de l’ambassadeur britannique au Maroc, Simon Martin, des chiffres probants en s’inspirant à fond de l’expérience de sa ville.
20% plus productive
D’après l’oratrice, l’économie créative est «20% plus productive». Elle permet de créer un job sur 6. De plus sa croissance est 4 fois plus rapide. Comme elle génère 70 milliards de dollars par an. Mieux encore, les industries créatives au Royaume-Uni rapportent plus que l’industrie automobile et bien d’autres secteurs. Entre autres, l’identité, la santé, l’économie, l’éducation, voire la qualité de vie, sont l’équivalent de la culture. «Nous avons besoin d’économies saines, de bons emplois, bien-être, qualité de vie et de connexion humaine. Dans ce monde, la culture n’est pas une option. Elle est essentielle. D’autant plus que l’imagination ne peut être automatisée», avance-t-elle. D’ailleurs, elle prend l’imagination, l’innovation et les idées pour un «combustible» de l’économie créative. Le tout en livrant une recette pour le développement de ces industries culturelles et créatives (ICC).
Du côté de chez Mehdi Qotbi, News Com Africa et des autres
Intervenants En prélude à la présentation de la conférencière, Widiane Lyamani, directrice générale adjointe de News Com Africa Holding présidé par Omar Dahbi, ne manque pas de révéler que «le concept des ICC, qui sont un moteur de développement, a vu le jour au Royaume-Uni». Mme Lyamani met, en outre, l’accent sur «les musées qui jouent un rôle essentiel en enrichissement culturel». Tout comme elle, le président de la Fondation nationale des musées, Mehdi Qotbi, met en valeur la dynamique insufflée par le Souverain. Il saisit son passage pour caresser l’espoir «d’établir des passerelles avec le maire de Londres». Le tout sans omettre de saluer l’initiative de M. Dahbi quant à l’organisation de cette conférence, initiée par le forum Morocco 21 lancé par le même holding. M. Qotbi, qui met également en valeur son équipe, fait des annonces. C’est le cas de l’ouverture d’un 15ème musée à Marrakech et d’autres respectivement à Agadir et Azilal. «Aucun coin du Maroc ne sera oublié. L’accès à la culture est un devoir pour que chaque Marocain puisse connaître sa culture et s’ouvrir sur celle des autres», détaille-t-il. Egalement de la partie, Abdellatif Miraoui, ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, annonce, pour la prochaine rentrée, le lancement d’un module Art et culture.
«Nous avons besoin d’économies saines, de bons emplois, bien-être, qualité de vie et de connexion humaine. Dans ce monde, la culture n’est pas une option. Elle est essentielle. D’autant plus que l’imagination ne peut être automatisée».
5 idées londoniennes
La première est tactique ou stratégique. Dans ce sens, il s’agit, d’après elle, de «faire progresser l’économie créative». La deuxième idée porte sur la connexion de la culture aux systèmes de programmation. Quant à la troisième idée, elle est emblématique à travers la création d’une zone culturelle et éducative. La quatrième idée concerne plutôt la connexion humaine en faisant de Londres un quartier de culture. La dernière idée étant la résilience en faisant de la culture un secteur qui rétablit le tourisme, notamment après la Covid. Pour illustrer ces idées, elle cite les exemples de London design festival, film London et games London entre autres. Par la même occasion, elle n’hésite pas à rappeler une déclaration du maire de Londres, Sadiq Khan, qui dit : «La culture et les industries créatives sont l’une de mes priorités». «La culture est notre superpouvoir», enchaîne de son côté Mme Obe, également présidente du Forum mondial des villes pour la culture, qui qualifie la créativité de ressource majeure. A propos du tourisme, elle met en avant «la culture comme raison d’arrivées pour Londres et moyen pour y attirer de nouveaux visiteurs».
Pour une consommation culturelle
Quant au débat à l’issue de sa conférence, il porte notamment sur la «consommation culturelle». Dans ce sens, la conférencière évoque son expérience dans le forum qu’elle chapeaute. Il y est question d’accès «équitable» à la culture. «Nous faisons beaucoup d’éducation dans ce sens. C’est un challenge», commente-t-elle. Entre-temps, elle continue à livrer des secrets de la recette londonienne. «Quand nous concevons une politique pour la culture, nous focalisons sur les besoins», avance-t-elle en rappelant tenter de ne laisser aucune catégorie en reste. L’intervenante, qui évoque également l’apport de l’investissement public pour la culture, cite même des organisations qui s’intéressent aux écrivains. Intéressant.
