Culture

Weshm, la zique universelle

Les habitués des salles de théâtre de Bruxelles et d’Amsterdam les connaissent bien. En quelques années, ce groupe de jeunes artistes musiciens a réussi d’imposer son style dans la scène musicale nordique. L’histoire de Weshm commence il y a une douzaine d’années à la petite ville d’Utreecht au Pays-bas. Trois Marocains ont décidé de se serrer les coudes pour donner vie à un nouveau genre musical. Un genre marqué par la diversité de ses sources d’inspiration et déclinaisons. Leur dernière oeuvre s’intitule «Ichk» (passion), une opérette chantée en arabe et en berbère qui est en fait une interprétation inédite des textes du célèbre poète soufi «Al Hallaj». Joué en partie sur scène l’année dernière au Maroc, et plusieurs années auparavant en Liban, ce travail est la résultante d’un effort long et pénible. Plusieurs années de travail, en effet. Entendons nous : ici, la notion du temps, la dynamique universelle de la production musicale ne concerne pas les artistes de Weshm, car leur oeuvre est fragile. Le temps qu’elle prend pour naître est sa seule protection. Et ce n’est pas non plus la première fois que Weshm s’aventure dans le terrain de la poésie soufie arabe. Leur premier travail intitulé «errances» sorti en CD en 1995, comporte des textes de grands poètes du calibre d’Anifari (Xème siècle), Abou dar Al Gifari (compagnon du prophète, précurseur de la gauche musulmane) ou encore du célèbre poète contemporain Adonis. En écoutant les errances de nos artistes, une première sensation retient l’attention : le mélange, l’ouverture sur toutes les sensibilités musicales du monde. Jazz, classique, asiatique, andalou, Gnaoua…Un véritable patchwork musical où la voix cosmique du chanteur Najib Echerradi flirte sans ménagement avec des ambiances musicales de tous bord. Derrière le nom du groupe, se cache une ambition : celle de tatouer l’oreille musicale arabe par un son nouveau, une sensibilité différente. C’est pour cette raison que les artistes de Weshm place leur oeuvre dans une optique de projet. Car rien, dans leur création, n’est définitif. La musique, pour eux, est une perpétuelle quête de son, quelle que soit son origine. Une zique universelle, de tous les horizons. Dans ce sens, Weshm entame dans son oeuvre une déconstruction délibérée de tous les genres musicaux. Objectif : donner au texte musical des dimensions plurielles, quelque chose de différent, d’original. Trahir le texte avec fidélité. Ce dernier, soufi ou autre, subi dans cette logique une déconstruction infernale. Non sans raison. La démarche tend à faire ressortir l’autre face caché du texte, ses non-dits. Ici, chaque lettre, chaque mot, sont mis en relief, dans une constante interférence avec la mélodie musicale. Cette pluralité d’interférences ne concerne pas uniquement le texte poétique. Les artistes de Weshm prônent l’idée d’un auditoire actif qui ne se contente pas de se laisser aller à la facilité. Une théâtralisation de la musique pour une autre manière d’écouter la musique, pour une autre manière de se faire tatouer l’oreille.

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