ALM : Vous avez enregistré un nouveau single. De quoi s’agit-il ?
Younes Askouri : Il s’agit d’un single qui porte le nom de « Chemâa » (la bougie). J’aimerais préciser qu’il ne s’agit pas d’une reprise de la célèbre chanson des Jil Jilala.
En fait, je raconte à travers cette chanson l’histoire d’une personne qui allume une bougie dans sa chambre sombre, et commence à raconter son lot quotidien de joie ou de tristesse. Chaque nuit, cette personne fait la même chose. La bougie est sa seule confidente. Elle est surtout la seule qui pleure en partageant ses états d’âme. La chanson est en dialecte marocain « darija ». Il ne s’agit pas d’une chanson d’amour, mais chacun peut entrevoir sa vie entre les lignes du morceau. Les interprétations sont multiples.
Où classez-vous votre style musical ?
Ma musique n’est pas une musique de studio. Cela demande un travail soutenu, avec un très bon arrangement et la présence de tous les musiciens, ce n’est pas avec une boîte à rythme que je vais faire sortir le son adéquat. Je cherche la qualité pas le bricolage, ce que je désire vivement, c’est la préparation d’un show au vrai sens du terme, avec une vraie organisation, où il n’y a pas lieu de la précipitation.
Que pensez-vous de la tendance actuelle d’utiliser un jargon de la rue ?
Il est vrai que le dialecte est très courant. J’ai moi-même dans mes bagages des textes en darija. Cela s’inscrit dans une logique qui vise à vulgariser l’art. Mais je pense que les artistes doivent être des défenseurs de la noblesse de la musique comme l’ont toujours fait les pionniers de la musique marocaine comme Younes Megri, Hamid Bouchnak et les groupes engagés comme Nass El Ghiwan et Lemchaheb. Je ne demande pas forcément qu’on s’engage dans cette dernière tendance, mais il faut bien soigner les paroles, c’est tout.
Comment voyez-vous le paysage artistique marocain ?
Cela fait plaisir de voire la scène d’aujourd’hui, et cette musique qui s’exporte partout en Europe et au Maghreb. Il est vrai que musicalement parlant, ça bouge énormément. Mais malheureusement, il n’y a pas de maisons de production qui accompagnent les musiciens. Et les festivals ne sont que des événements périodiques, qui ne donnent pas le véritable coup de pouce aux musiciens. Ces derniers ne peuvent d’ailleurs jamais arriver à sortir un album tout seuls. La majorité des musiciens font d’ailleurs de l’auto-production, qui nécessite un minimum de moyens personnels, beaucoup de travail et surtout une collaboration fructueuse et l’aide d’autres artistes, au niveau de l’arrangement, de l’enregistrement et au niveau de la production.
Avez-vous déjà joué au Maroc ?
Oui j’ai participé au Boulevard des jeunes musiciens en 2001, et j’y ai décroché le premier prix. C’était le lancement de ma carrière.
Après, j’ai joué au festival d’Essaouira et tous les festivals marocains organisés par le ministère de la Culture, notamment à El Jadida, Azemour, Agadir, Casablanca. J’ai également joué en Tunisie. Le public tunisien était au rendez-vous. Il a particulièrement apprécié mes chansons folk qu’il a trouvé simples, touchantes et surtout faciles à retenir.
Avez-vous des projets ?
Oui j’ai envoyé un single en France, pour enregistrer les percussions et la batterie, j’ai dans mon actif des chansons qui vont voir le jour prochainement, dans la même ligne des Ballades Folk, joués à la manière de Bob dylan, Neil young. Des tubes qui rappellent un temps révolu comme les tubes de Younes Megri.