Culture

Youssouf Amine Elalamy : «Ce qui peut surprendre c’est l’association de la violence avec l’amour»

© D.R



ALM : Votre ouvrage est troublant de coïncidences, vu le sujet qu’il aborde, celui du terrorisme et le moment de sa parution. Comment le lire à la lumière de l’actualité que connaît le Maroc (l’attentat d’Argana) mais aussi le monde ( la mort d’Oussama Ben Laden)?
Youssouf Amine Elalamy : En effet, ce roman sur le terrorisme est parru moins de deux semaines avant l’attentat de Marrakech. On pourrait donc le considérer comme un livre prémonitoire même si, je tiens à le rappeler, le choix de la date de parution d’un livre relève de l’éditeur et non pas de l’auteur. Ce qui est troublant, en revanche, c’est que « Oussama mon amour» soit publié juste avant la mort de Ben Laden qui semblait pourtant inaccessible, presque irréel, et qui est d’ailleurs présent dans mon roman comme un personnage virtuel, objet de tous les fantasmes. Pour dire, vers la fin du roman, Mina se lance même à sa recherche sans se douter qu’un commando américain le retrouverait à sa place. De par son sujet, ce roman s’inscrit forcément dans l’actualité, celle du terrorisme aveugle qui peut frapper n’importe où et à tout moment. Aujourd’hui, avec ces derniers événements, le livre devient encore plus d’actualité, mais il ne faut pas perdre de vue qu’il s’agit là d’une œuvre de fiction, d’une création littéraire qui se revendique comme telle.

Et comment est née l’idée de l’écrire ?
Je porte en moi le projet de ce roman depuis les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca. Comme tout le monde, j’avais besoin de comprendre ce qui pouvait motiver une telle haine et une telle violence de la part de jeunes Marocains qui, a priori, n’étaient pas des tueurs-nés. Pourquoi cette dérive vers la terreur absolue ? A l’époque, j’avais écrit une série d’articles sur ces événements tragiques et que j’avais publiés sous la forme d’un journal intitulé « Le Journal de YAE ». Je n’avais pas pour autant abandonné le projet de roman d’autant plus que l’actualité continuait à me le rappeler.

Que signifie le titre «Oussama mon amour» ?
Le titre, on l’aura compris, est un clin d’œil au livre «Hiroshima mon amour» de Marguerite Duras. Par un simple effet de substitution, une terreur en remplace une autre. Ce qui peut surprendre dans ce titre c’est l’association de la violence avec l’amour. «Oussama mon amour» est un titre qui fédère les quatre narrateurs du roman. Dans la bouche de chacun, il prend une consonance spécifique. Il peut acquérir un sens littéral comme c’est le cas pour mstafa et Mina, ou un sens ironique lorsqu’il s’agit de Mjido, la victime de l’attentat, ou encore de Brahim, le père du kamikaze.

Vous vous mettez dans la peau de divers personnages pour raconter l’histoire d’un kamikaze. Pourquoi le choix de ce mode de récit à plusieurs voix?
Ce n’est pas la première fois que j’écris un texte polyphonique, on retrouve déjà ce type de récit à plusieurs voix dans mon roman « Les clandestins ». Multiplier les points de vue permet de saisir les différentes subjectivités et de mettre en perspective les faits qui sont relatés. Dans ce roman, je propose un voyage intérieur à travers l’univers mental de quatre personnages dont un kamikaze. Par ailleurs, et pour être en parfaite adéquation avec le thème du livre, il me fallait opter pour une structure «éclatée», faite de fragments et de «morceaux de récits» que le lecteur pourrait reconstituer au fil des pages.

 
Présentation de «Oussama mon amour»

Youssouf Amine Elalamy présente son nouveau roman publié chez les éditions La Croisée des Chemins le mardi 17 mai 2011 à 19h 00 au Carrefour des Livres et le jeudi 19 mai 2011 à 19h 00 à la librairie Kalila Wa Dimna à Rabat. Dans un mélange de réalisme, de lyrisme et de fantaisie, «Oussama mon amour» raconte l’histoire d’un apprenti kamikaze qui s’exerce à mourir, celle d’une jeune prostituée follement amoureuse d’un certain Oussama, l’histoire du rescapé d’un attentat, celle du père d’un kamikaze.

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