Culture

Zerouli : «La musique, une catharsis»

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ALM : Vous êtes un jeune musicien natif de Berkane, quel est le point de départ de votre carrière artistique ?
Saïd Zerouli : Mon histoire avec la musique a débuté depuis ma tendre enfance. A l’âge de l’adolescence, j’ai commencé à maîtriser la guitare. Je n’ai pas appris au conservatoire à Berkane, je jouais de la guitare avec mes amis dans la rue. C’est l’instrument le plus fréquent à Berkane. Très peu de jeunes apprennent la musique au conservatoire de Berkane car il est sous équipé. Je me suis donc initié à la musique depuis l’enfance. Avec mes amis on s’entraînait dans la rue et on essayait par moments de faire des photocopies des notes de musique ; on se débrouillait de cette manière.
Comment s’est passé votre rencontre avec la guitare et pourquoi avoir choisi spécialement cet instrument ?
Nous sommes très proches de la méditerrannée, donc nous sommes influencés par cet instrument qui caractérise la musique méditerranéenne comme, par exemple, le flamenco en Espagne. A Berkane il existe une forte présence de la guitare surtout dans la période des années 70 –80, donc automatiquement j’ai été influencé par cet instrument. Si je m’étais trouvé dans un autre entourage, où il y aurait eu un autre instrument, il aurait pu être mon instrument de prédilection. Il se trouve que je suis attiré par la guitare. Mais ceci dit, l’instrument est juste un moyen pour transmettre nos messages.
Vous jouez et vous chantez de la musique en langue amazigh, pour quelle raison vous n’avez pas penché pour un autre style ?
A Berkane je suis le seul qui chante en tamazight, c’est un avantage pour cette ville. Je sens que l’amazigh coule dans mes veines, donc je me sens impliqué. Je suis également plus ému par ce genre de chanson. Quand j’ai commencé à chanter en tamazight, je ne maîtrisais même pas encore toute la question amazigh et toutes les revendications. Je n’ai pas de complexe vis-à-vis de la langue arabe, mais je pense que plus on se spécialise, plus c’est bénéfique. En ne spécialisant en musique amazigh, je pourrais aller très loin et par la même arriver à de meilleurs résultats.
Vous n’êtes pas très connu car vous n’êtes pas encore distribué sur les marchés. Pourquoi n’avez-vous pas enregistré de disques jusqu’à présent ?
J’ai contacté des éditeurs à Berkane et au Nador, mais il ne connaissent pas mon style. Ils favorisent la musique jetable, ils aiment les musiques rythmés qui font danser. Les éditeurs préfèrent ne pas avoir affaire à des chansons politisées, ou qui traitent de sujets sociaux. Pour vous donner un exemple, on remarque chez nous dans l’Oriental que les éditeurs testent l’échantillon des chansons en dansant. L’éditeur rassemble deux ou trois personnes, met la cassette en marche et demande leurs avis. Si la musique les fait danser, ils la considère valable, sinon, ils la rejette. Pour moi c’est inacceptable.
Au Nador, j’ai même proposé à un éditeur de tout préparer sans me payer. Je lui est dit que j’étais prêt à enregistrer et qu’il lance l’album sans me payer, mais à condition d’aboutir à une bonne qualité du produit. Mais l’éditeur n’en a fait qu’à sa tête. Or, moi, je refuse de me plier à la volonté de ces éditeurs qui ne pensent qu’à une seule chose : vendre.
Mais ne pensez-vous pas qu’en refusant d’enregistrer, votre carrière pourrait en pâtir ?
Je veux bien me lancer sur la scène artistique et avoir du succès comme tout le monde, mais il faut que je trouve un éditeur qui respecte mon travail. Pour l’instant je continue à travailler, je ne baisserai pas les bras. Cela fait 14 ans que je travaille et je n’ai même pas encore enregistré de bande. Mais pour moi, ce n’est pas un problème. C’est en forgeant qu’on devient forgeron. Idir lui-même, en trente ans de carrière, ne possède en tout que 5 ou 6 albums. Et Idir est connu au niveau mondial. Ce qui est important, ce n’est pas de sortir des albums sur le marché, mais c’est surtout d’obtenir et d’offrir une musique de qualité.

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