Culture

Zoom : Pour protéger l’héritage culturel

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Le Maroc est déterminé à protéger son héritage culturel. C’est un constat que traduit une décision très révélatrice prise mardi dernier par la Chambre des représentants : adoption du projet de loi 19/05 portant modification et complétant la loi 22/08 relative à la conservation des monuments historiques et des sites, des inscriptions, des objets d’art et d’antiquité. Selon Mohamed Achaâri, ministre de la Culture, seraient concernés par le nouveau texte de loi seulement les objets d’art et d’antiquité mobiliers, les monuments historiques étant toujours régis par l’ancienne législation.
La mobilisation de l’appareil législatif résonne comme un cri d’alarme, sachant que le trafic d’objets d’art et d’antiquité a prospéré ces derniers temps de manière inquiétante. Les observateurs en veulent pour preuve la saisie en novembre et décembre derniers de plusieurs dizaines de milliers d’objets archéologiques marocains dans le sud de la France. Plus de 17.700 pièces d’une grande valeur historique appartenant au Maroc et au Mali ont été découvertes près d’Arles et de Perpignan par les douanes françaises à bord d’une voiture immatriculée au Maroc qui se dirigeait vers l’Allemagne.
Parmi les objets retrouvés, figuraient des fossiles originaires du sud du Maroc : trilobites, gros insectes marins datant de l’ère primaire, soit plus de 250 millions d’années, une mâchoire de dinosaure marin datant de l’ère secondaire, ainsi que des crânes de tortues et de crocodiles datant du tertiaire, soit 60 millions d’années. Trois mois après cette saisie spectaculaire, on ignore toujours le sort de ces objets marocains inestimables. Ce qui laisse planer le doute sur la possibilité de les récupérer, d’autant plus que les autorités de l’Hexagone avaient manifesté leur intention de « remettre ces objets à des musées français ».
Face à cette hémorragie, l’Etat marocain ne restera pas les mains croisées. Tout en se disant décidé à rapatrier les objets détournés, en engageant la procédure à suivre dans ce genre d’affaires, le ministère de la Culture a annoncé la décision de promulguer un texte autorisant l’intervention de la police pour protéger l’héritage culturel. Un projet de loi serait d’ailleurs à l’étude pour la création d’une police spécialisée dans la protection des monuments, comme c’est le cas dans d’autres pays arabes comme l’Egypte.
Initiative qui intervient certes avec beaucoup de retard, compte tenu de l’évolution alarmante du phénomène de trafic d’objets d’art dans le Royaume. La découverte il y a quelques années en Grande-Bretagne d’une porte ancienne appartenant à l’un des édifices historiques de Fès aurait dû alerter sur l’urgence d’activer le projet de créer une police des monuments, mais cela n’a pas été fait. « Le retard pris dans la promulgation d’un cadre juridique réglementant ce domaine est dû à la nécessité de mener des études approfondies et des concertations avec d’autres départements, comme l’Habitat, l’Urbanisme, l’Intérieur », a expliqué M. Achaâri, cité par la map. Le ministre de la Culture a souligné à cet effet que son département a jugé judicieux de hâter l’actualisation du volet des objets mobiliers en vue de les protéger contre la destruction, comme les manuscrits.
Quoiqu’il en soit, l’adoption mardi dernier du projet de loi 19/05 est d’une opportunité telle qu’elle est en mesure d’amortir l’activité florissante du trafic d’objets d’art et d’antiquité nationaux.

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