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Abdellah El Fergui: « Près de 3.800 TPE-PME ont déclaré faillite depuis novembre dernier »

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Entretien avec Abdellah El Fergui, président de la Confédération marocaine des TPE-PME

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Il est nécessaire de mettre en place des mesures efficaces et efficientes pour sauver les TPE-PME d’une mort certaine, car notre modèle privé-privé a atteint ses limites.

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ALM :  Si on vous demandait une évaluation de la dynamique de la TPE et la PME au Maroc ?

Abdellah El Fergui : Dans une économie en voie de développement comme celle du Maroc, la TPE et la PME occupent certainement une place de grande importance vu leurs participations efficaces à la promotion de dimension sociale et du développement économique.  Au Maroc, le paysage économique et industriel ne peut être dissocié de celui des TPE-PME qui constituent environ 98% de son tissu productif. Si utiles aux économies, elles sont essentielles au développement des territoires du fait que les TPE-PME jouent un rôle important dans la dynamique économique. Elles sont de véritables facteurs de promotion de l’emploi et de partage des richesses. Les TPE- PME constituent une base solide de fournisseurs au service de l’industrie nationale et des investisseurs directs étrangers qui ont besoin de s’appuyer sur de fournisseurs locaux alliant qualité et fiabilité. Cependant, elles n’arrivent toujours pas à retrouver leur équilibre au niveau national.  Depuis novembre dernier, les défaillances des TPE-PME montent en flèche. Sur les 4 derniers mois, près de 3.800 TPE-PME ont déclaré faillite avec une hausse de 50% par rapport à la moyenne qui est de 600 par mois.

Qui de ces deux structures aurait  encore du chemin à parcourir ?

Je dirais la TPE. Elle doit être écoutée. Nous avons élaboré avec le 1er gouvernement Benkiran une stratégie dédiée à la TPE. Depuis son lancement en 2013, cette stratégie est restée lettre morte. Personne n’a essayé de l’activer. Malgré cela nous continuons à y croire. Nous avons enclenché la mobilisation à travers des réunions de travail avec des hauts responsables et partenaires dont une rencontre prévue les jours qui viennent. 

Et pourtant la TPE et la PME tiennent une place importante dans les discours économiques …

La PME bénéficie peut-être de ces discours économiques mais la TPE est laissée pour compte. Celle-ci se trouve en difficulté. Aucune initiative ne vient soulager ses souffrances.

Pour pallier cela, il faut relancer la stratégie TPE et créer une Agence Maroc TPE à l’instar de Maroc PME. Cette agence devrait avoir des antennes régionales pour être très proche des entreprises. Il faut également créer un observatoire des TPE et non pas des TPME parce que les TPE sont en millions alors que les PME ne représentent que quelques milliers.

Nous avons tenu des réunions avec des groupes parlementaires pour les sensibiliser à l’importance des TPE et au retard perdu dans le soutien, le renforcement et l’accompagnement des TPE en difficulté à cause de la crise. Nous avons débattu avec eux également de la concurrence déloyale dans certains secteurs à cause des agréments et privilèges donnés à certains sans d’autres.

Pour rattraper un peu le temps perdu, nous avons créé une commission mixte, avec le groupe parlementaire du PJD, pour préparer les amendements à apporter à loi de Finances 2017 en faveur de la TPE, et ce dans l’attente des actions concrètes de la part du prochain gouvernement.

La TPE et la PME disposent-elles de financement adapté à leurs besoins ?

Le financement est parmi les difficultés que rencontrent ces deux structures particulièrement la TPE. Celle-ci n’a pas d’outils de financement adaptés. Je trouve personnellement la TPE très petite pour les banques et très grande pour la microfinance.

Nous nous sommes réunis, dans ce sens, avec les représentants de Bank Al-Maghrib pour inciter les responsables des banques à offrir plus de financement adapté aux TPE et aussi à accompagner notre Confédération marocaine de TPE-PME dans la création de l’Observatoire des TPME.

Il est nécessaire de mettre en place des mesures efficaces et efficientes pour sauver les TPE-PME d’une mort certaine, car notre modèle privé-privé a atteint ses limites. Le nouveau gouvernent doit créer un fonds de soutien pour les TPE-PME qui sont menacées de faillite. Les TPE- PME ont résisté jusqu’à maintenant à la crise mondiale et ce, en continuant d’investir par leurs propres moyens financiers et patrimoine personnel sans aucun appui étatique ou bancaire. Suite à la conjoncture actuelle, les TPE-PME ne peuvent plus résister. Un plan de relance devrait être lancé en urgence pour sauver ces entreprises et avec elles des emplois et des familles ruinées.

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