EconomieUne

Accélération de la mise en œuvre de la ZLECAF : Le Maroc plaide pour des mesures audacieuses à Addis-Abeba

© D.R

Selon le ministre Mezzour, l’Afrique doit dépasser son statut d’exportateur de matières premières et d’importateur de produits de consommation.

Zone de libre-échange : Cette session, présidée par le Maroc, a été une occasion pour entamer la réflexion sur les moyens pour faire progresser la mise en œuvre de l’accord de la ZLECAF et d’émettre une proposition d’actions stratégiques transformatrices qui englobe également les questions de la numérisation, de la technologie, de la sécurité alimentaire et de la transformation énergétique.

C’est sous la présidence du Maroc que les travaux de la 57ème session de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique ont démarré lundi à Addis-Abeba. Représenté par Ryad Mezzour, ministre de l’industrie et du commerce, le Royaume a saisi cette occasion pour réitérer son engagement constant en faveur de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf). En effet cette session a été une occasion pour entamer la réflexion sur les moyens de faire progresser la mise en œuvre dudit accord et d’émettre une proposition d’actions stratégiques transformatrices qui englobe également les questions de la numérisation, de la technologie, de la sécurité alimentaire et de la transformation énergétique.

L’expertise marocaine partagée

Du côté du Maroc, le Royaume plaide pour une Afrique sans frontières : unie, prospère et fière. Le ministre a dans ce sens appelé à la mise en place de mesures audacieuses pour une meilleure mise en œuvre de cet accord dans un contexte mondial en pleine mutation. Le ministre a, dans ce sens, relevé que l’Afrique doit dépasser son statut d’exportateur de matières premières et d’importateur de produits de consommation. Il a, à cet égard, appelé les pays africains à développer des chaînes de valeur dans les secteurs où ils sont plus compétitifs, faisant observer que les politiques industrielles stratégiques du Maroc ont permis au Royaume de se positionner en tant que pôle international d’engrais avec la production de plus de 20% des besoins mondiaux en engrais. Le Royaume a réussi aussi à se positionner en tant que centre africain de production de véhicules. Ryad Mezzour rappelle que le projet de mobilité électrique Maroc-RDC-Zambie qui démontre que l’Afrique peut être un acteur essentiel dans le marché mondial des véhicules électriques. Le ministre a également estimé que l’Afrique doit bénéficier de ses ressources naturelles en développant l’industrialisation durable, en renforçant sa compétitivité industrielle et en assurant sa souveraineté industrielle, insistant sur l’importance d’une transition vers les énergies et les technologies renouvelables. M.Mezzour a, par ailleurs, exprimé la disposition du Maroc à partager son expertise dans le domaine des énergies renouvelables en vue de rendre la ZLECAf verte, inclusive et équitable. Il a, sur un autre registre, affirmé que les stratégies numériques du Maroc ont permis de transformer les services publics et d’autonomiser les startups, appelant à la généralisation de ces réalisations à l’échelle continentale.
Par ailleurs, M. Mezzour a indiqué que les lacunes en matière d’infrastructures coûtent à l’Afrique environ 2% de son PIB annuel, appelant à la création d’un Fonds d’infrastructures pour la ZLECAf, dédié au financement des ports, des chemins de fer et des réseaux routiers, ce qui permettra une interconnexion efficace des marchés africains.
« La coopération avec des institutions financières telles que la Banque africaine de développement et Casablanca Finance City peut aider à mobiliser des capitaux privés pour combler ces lacunes », a-t-il assuré. Et de préciser que « l’inclusion doit également s’étendre à l’agriculture intelligente face au climat, afin de protéger les agriculteurs et de garantir aux femmes et aux jeunes un rôle de premier plan dans les PME qui devraient prospérer au sein de la ZLECAf ».

Les principales recommandations du rapport économique sur l’Afrique

La 57ème session de la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique a été marquée par le lancement du rapport économique sur l’Afrique. Une édition qui arrive à un moment crucial de l’évolution économique du continent. « Le monde d’aujourd’hui a été remodelé par de profonds changements économiques. Pour asseoir sa prospérité, l’Afrique ne doit pas se contenter de traverser ces changements, mais les exploiter en utilisant la ZLECAf comme un moyen stratégique de stimuler l’industrialisation, la transformation structurelle et le développement durable», assure dans ce sens Claver Gatete, secrétaire général adjoint de l’ONU et Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique. Se référant au rapport, la ZLECAf dispose d’atouts nécessaires pour accroître le commerce intra africain de 45 % en 2045 et enregistrer des avancées importantes dans l’industrie manufacturière, l’agro-industrie et les services. À l’horizon 2045, la ZLECAf devrait entraîner pour l’Afrique une hausse de 1,2% de son PIB et de 0,9 % de son bien-être. L’inflation élevée, les déficits budgétaires et la vulnérabilité de la dette restent toutefois des obstacles importants à la croissance.

Le ratio dette/PIB de l’Afrique devrait reculer de 67,3 % en 2023 à 62,1 % en 2025, mais les coûts du service de la dette restent prohibitifs, ne laissant aucune place pour les dépenses de développement. Le rapport a été également une occasion pour émettre des recommandations pour accélérer la mise en œuvre de l’accord portant création de la ZLECAf. A cet égard, les gouvernements sont appelés à donner la priorité à la mise en œuvre intégrale de la ZLECAf, notamment la réduction des droits de douane, l’élimination des obstacles non tarifaires et l’harmonisation des politiques commerciales. Ils doivent pour cela renforcer les comités nationaux de mise en œuvre de la ZLECAf et accroître la mobilisation du secteur privé. Il est également question de développer des chaînes de valeur régionales solides dans des secteurs clés, comme l’agroalimentaire, l’automobile, les produits pharmaceutiques et les énergies renouvelables.
Le rapport appelle à l’intégration des politiques climatiques dans la mise en œuvre de la ZLECAf, notamment la tarification du carbone et les investissements dans les énergies renouvelables. Parmi les recommandations figure la rationalisation des procédures douanières et l’adoption des technologies numériques, comme la chaîne de blocs et le traitement électronique des données, afin de réduire les coûts commerciaux et d’améliorer l’efficacité.

Des politiques soucieuses de l’égalité hommes-femmes doivent être mises en œuvre dans le cadre de la ZLECAf, notamment en ce qui concerne la promotion de l’accès des femmes au financement, à l’éducation et aux compétences numériques. Il est proposé, également, d’harmoniser les politiques et les réglementations commerciales dans les communautés économiques régionales (CER) afin de réduire la fragmentation et de renforcer la cohérence dans la mise en œuvre de la ZLECAf. L’investissement dans le développement urbain durable, notamment dans le logement abordable, l’eau propre et l’assainissement est également de mise. L’objectif étant de gérer les problèmes liés à l’urbanisation rapide.

Related Articles

ActualitéUne

La 5e édition des Assises nationales de l’économie sociale et solidaire, les 17 et 18 juin à Benguérir

La 5ème édition des Assises nationales de l’économie sociale et solidaire se...

ActualitéUne

SM le Roi, Amir Al Mouminine, accomplira samedi la prière de l’Aïd Al-Adha à la mosquée Hassan II à Tétouan

Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Amir Al-Mouminine, que Dieu L’assiste, accomplira,...

EconomieUne

Avec la participation de 150 talents à l’étape Maroc : Future Leaders Challenge tient ses promesses

Cette initiative est un tremplin permettant aux jeunes talents de se projeter...

ActualitéUne

HCP: une croissance de 3,8% en 2024

L’arrêté des comptes nationaux de l’année 2024 fait ressortir une croissance de...