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Accessibilité dans l’espace public et l’habitat : Où en est-on ?

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Trottoirs, détection d’obstacles, bancs publics…

Nos espaces publics ne sont pas adaptés aux besoins quotidiens de déplacement pour les personnes à mobilité réduite. Il suffit d’arpenter nos rues pour constater que la voie publique est un véritable parcours de saut d’obstacles pour les personnes ayant des problèmes physiques de mobilité. La mise en accessibilité de la voirie et des espaces publics suppose que toute personne handicapée ou à mobilité réduite puisse accéder à tous les espaces de la ville, se déplacer et se reposer quand il le faut. Tout cela de manière autonome, au même titre qu’une personne valide. Cette problématique d’accessibilité concerne aussi l’ensemble de la population qui peut aussi bénéficier d’un meilleur cadre de vie.
Néanmoins, l’application des règles d’accessibilité dans nos villes peine à se mettre en place. A cet effet, le ministère de l’aménagement du territoire national, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville a établi un guide d’application des règles d’accessibilité qui couvre les prescriptions techniques et recommandations pratiques à respecter dans les villes et les logements.
Dans cette perspective, ce guide de 64 pages fait la liste d’une série de mesures à respecter dans la métropole au profit des personnes à mobilité réduite.

Villes et logements accessibles

Parking, chaussée et parcours piétons, escaliers, mobilier urbain… la reconversion de la voirie et des espaces publics doit s’aligner à des règles précises. A titre d’exemple, on peut lire sur ce guide qu’au niveau des trottoirs les passages doivent être dimensionnés de façon à permettre la rotation et le croisement de deux fauteuils (120+120) cm ou d’un piéton et un fauteuil 150 cm et les bords des ressauts doivent être en pente ou munis de chanfrein dont la hauteur doit être inférieure ou égale à 2 cm. Ce document explique aussi que «l’encombrement du trottoir par le mobilier urbain provoque une gêne notoire pour les piétons et personnes en situation de handicap. Il est impératif de prévoir une bande fonctionnelle qui abrite le mobilier urbain, feux, signalisation, etc. pour assurer un passage dégagé».
Au niveau des obstacles en saillie, le document indique qu’ils sont susceptibles d’entraver la circulation ou de présenter un danger pour les personnes en situation de handicap visuel (obstacles à hauteur non détectables à la canne ou non contrastés) et doivent donc être évités par des dispositions simples comme : prévoir une hauteur supérieure ou égale à 2,20 m car en dessous les obstacles ne sont pas détectables et sont susceptibles de causer des accidents, tout obstacle doit être prolongé jusqu’au sol ou le rappeler en partie basse par un élément situé en aplomb. Une hauteur de 40 cm de surélévation de l’objet en permet également la détection.

Cadre législatif perfectible

Faire de nos espaces publics des lieux accessibles et facilement praticables pour les personnes à mobilité réduite s’impose plus que jamais. Sur le plan législatif, les dispositions réglementaires à observer pour faciliter l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite ou PMR sont connues et usitées dans la plupart des pays développés. «Au Maroc, nous disposons depuis 2003 de la loi 10-30, mais aucune contrainte réglementaire pour que les espaces publics soient adaptés à cette population. Pourtant depuis quelques années et malgré l’absence de ce cadre réglementaire, les agences urbaines et les communes imposent aux architectes la prise en compte de cette accessibilité dans leurs projets. C’est une très bonne chose. Quant à la reconversion des espaces publics pour pouvoir accueillir les PMR, elle est de plus en plus usitée, mais hors cadre réglementaire strict, elle est faite un peu n’importe comment… Les trottoirs infranchissables, les rampes d’accès inexistantes dans les accès aux immeubles publics ou privés sont malheureusement monnaie courante», souligne Rachid Boufous, architecte-urbaniste et membre du Conseil national de l’Ordre des architectes, ajoutant qu’il est temps d’y remédier, car en cas de non existence ou d’accident, la collectivité demeure responsable aux yeux de la loi.
«Le Dahir n° 1-03-58 portant promulgation de la loi n° 10-03 relative aux accessibilités date du 12 mai 2003 et nous sommes en 2020, sans que des décrets d’application ne viennent contraindre la mise en place de règles à suivre dans le domaine architectural et urbanistique. Ce n’est pas normal dans un pays qui compte 1,7 million de personnes handicapées à différents degrés, ce qui représente toutefois 5,1% de la population globale. Et le handicap ne va pas s’arrêter de sitôt», relève l’expert.

Habitat moins de R+5 : Des ascenseurs à prévoir

Le logement accessible apparaît comme une qualité à introduite dans les nouvelles constructions ou lors des rénovations lourdes. Si l’on prend par exemple les habitants des immeubles de moins R+5, ils sont confrontés ponctuellement à des problèmes d’accessibilités. Une personne âgée, une femme enceinte ou encore une personne atteinte d’un handicap irréversible suite à un accident ou une maladie ont le droit de disposer d’équipements adaptés à l’évolution de leurs besoins et leur parcours de vie. «Rien dans la loi n’oblige de prévoir des ascenseurs dans les immeubles de moins de R+5. Ceci est aberrant alors que la population qui habite dans des immeubles de moindres étages peut être aussi PMR ou âgée. Il est impératif que cette situation des personnes à mobilité réduite (PMR) soit prise avec sérieux par le législateur», conclut l’expert.

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