Economie

Accord de pêche Maroc-UE  : Le statu quo se profile de nouveau

© D.R

Les milliers de pêcheurs espagnols qui se morfondent de ne pouvoir pêcher en eaux marocaines depuis 2011 verront-ils la fin de leurs ennuis ce mois de juillet ? Il y a autant de chances pour que cela se réalise qu’il y a de conditions pour qu’on remette sur le métier l’ouvrage. Ce qui est certain, c’est qu’à partir de jeudi 18 juillet débutera à Rabat «le 6ème round de négociations d’un nouveau protocole à l’accord de partenariat dans le secteur de la pêche entre le Royaume du Maroc et l’Union européenne». 

Selon un communiqué du ministère, il permettra aux deux parties d’examiner les possibilités de coopération dans le secteur de la pêche et d’approfondir les questions techniques et financières abordées lors de la dernière réunion tenue au cours du mois de février 2013. Une réunion qui a donné du fil à retordre aux négociateurs, tant les blocages ont été nombreux sur le plan technique et souvent compliqués par des considérations extra-techniques.

Selon des commentateurs, il sera question au cours de ce nouveau cycle «de discussions globales en complément des questions techniques qui ont été avancées au point de ne nécessiter que des retouches finales». Encore que ce ne soit pas là le point de vue du Conseil européen pour l’agriculture et la pêche qui s’est tenu le 22 avril 2013 à Luxembourg et où certains États membres ont laissé entendre que les progrès dans les négociations d’un nouveau protocole à l’accord de pêche sont lents au point que «depuis le 5e round qui s’est tenu à Rabat les 11 et 12 février 2013, rien de concret n’a été réalisé».

Car l’Europe est divisée sur les termes de l’accord. Si le sud mené par l’Espagne est pour un accord dont l’aspect technique est, pour l’essentiel, conforme à l’idée originelle de coopération qui a sous-tendu les précédents, la Grande-Bretagne et le groupe du nord veulent y inclure une clause faisant référence aux droits de l’Homme. Résultat des courses, la France, le Portugal et même la Lituanie sont pour un nouveau protocole à court terme avec le Maroc. Tandis qu’en face, d’autres pays comme la Suède et les Pays-Bas se disent plus attentifs à la rentabilité et à la durabilité du nouvel accord, et aussi, au respect des droits de l’Homme.

Mais même là on semble se diriger vers une solution, le Maroc ayant souscrit aux conventions internationales protégeant ces droits. D’ailleurs, indique-t-on à Rabat, l’article 2 de l’accord d’association conclu entre le Maroc et l’Union européenne qui dispose que le «respect des principes démocratiques et des droits fondamentaux de l’Homme inspire les politiques internes et internationales de la Communauté et du Maroc et constitue un élément essentiel de l’accord».
Autre élément qui devrait jouer en faveur de la conclusion d’un nouvel accord à l’horizon proche : la pertinence de la réponse marocaine à la demande européenne l’invitant à faire profiter la population locale des revenus de la pêche. En publiant une cartographie des incidences régionales du développement global au cours de ces dernières années, Rabat a mis en évidence le fait que les provinces sahariennes se situent en tête pour ce qui est du niveau d’investissement et de revenu. Il sera donc difficile aux négociateurs européens de présenter cette demande à nouveau.

Côté contrepartie financière, les horizons se seraient également élargis. La question avait freiné la conclusion d’un accord lors du 5ème round où les points de vue des deux parties auraient divergé jusqu’à la nécessité de doter les négociations d’une rallonge.

Selon des commentateurs espagnols, Rabat aurait réclamé 38 millions d’euros annuellement en contrepartie de l’effort de pêche octroyé à la flottille européenne, soit 1,9 million d’euros de plus que les 36,1 que Bruxelles versait en vertu de l’ancien protocole 2007- 2011. En face, les négociateurs européens proposaient des sommes situées entre 25 et 28 millions d’euros. Mais s’ils semblent avoir étoffé leur offre aujourd’hui où on les dit proposer une contrepartie se situant entre 30 et 35 millions d’euros, ils n’en restent pas moins assez loin des 36,1 millions d’euros d’avant 2011.

On voit donc mal le Maroc accepter aujourd’hui ce qu’il a refusé il y a 2 ans. Même si la mainmise des nationaux sur la mer marocaine et leur exploitation en solitaire des richesses halieutiques durant 2 ans pleins a déçu en ne livrant pas tout le retour sur investissement qu’on en espérait.

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