Aéronautique – objectif : un avion 100% marocain d’ici 2030

Le Maroc s’engage dans la fabrication du premier avion entièrement produit dans le pays d’ici six années.

Industrie  : Après les voitures et bientôt les trains, le Maroc veut construire des avions. En tout cas, c’est l’ambition affichée officiellement il y a quelques jours avec le défi de construire un avion à l’horizon 2030 au Royaume.
Les détails.

Pour la production d’un avion, le Maroc s’apprête à boucler les ceintures puisque le décollage paraît plus que jamais imminent. Engagé depuis quelque temps dans des projets ambitieux dans le domaine de la mobilité que ce soit les voitures ou les trains, le Royaume espère ajouter les avions à ses réalisations. En tout cas, c’est l’ambition affichée publiquement par le gouvernement en place. Dans un entretien accordé à la chaîne «Al-Sharq Bloomberg», Ryad Mezzour, ministre de l’industrie et du commerce, a annoncé que le Maroc s’engageait dans la fabrication du premier avion entièrement produit dans le pays, à l’horizon 2030. Le ministre a présenté cet objectif comme étant parfaitement réalisable puisque le Maroc figure dans le top 20 mondial dans le secteur soulignant que le Royaume peut produire certaines pièces très sensibles dans un avion sachant que cinq pays seulement dans le monde peuvent se targuer d’une telle réalisation actuellement.
Il faut dire que ces derniers jours ont été marqués par des annonces importantes dans le domaine de l’aéronautique. En plus de la déclaration du ministre au sujet de la production d’un avion 100% marocain, d’autres annonces ont confirmé la bonne santé de cette industrie. En effet, un accord de partenariat a été signé, vendredi à Rabat, entre la plateforme industrielle intégrée – Midparc et la société canadienne opérant dans le domaine aérospatial, Shimco, pour son implantation dans la zone franche de Nouaceur.

S’exprimant lors de cette cérémonie, le président de Midparc, Hamid Benbrahim El Andaloussi, s’est dit honoré d’accueillir la société Shimco, réputée pour son expertise majeure dans le secteur aéronautique. «La société Shimco a été séduite par la qualité, la compétitivité et la résilience de la base aéronautique marocaine qui offre un business model unique», a souligné M. Benbrahim El Andaloussi. Et de préciser que Shimco est actuellement «engagée sur un module de 1.300 m² et envisage de doubler sa capacité dans les trois prochaines années, puis de la tripler dans les sept prochaines années», ce qui témoigne du potentiel de développement de ses activités au Maroc.

L’industrie locale dans le domaine de l’aéronautique figure dans le top 20 à l’échelle mondiale.

Demande croissante

À ce titre, M. Benbrahim El Andaloussi a mis en avant la forte demande anticipée adressée au Maroc dans le secteur aéronautique, avec des commandes des principaux avionneurs tels que Boeing et Airbus s’étalant sur les dix à douze prochaines années.
Il a également exprimé la satisfaction de Midparc, renforcée par la diversification croissante du marché, illustrée par l’implantation récente du groupe aéronautique espagnol Aciturri, à laquelle s’ajoute désormais celle de Shimco, assurant que de «nouvelles annonces sont attendues dans les mois à venir». Pour sa part, le président-directeur général de Shimco, Peter Voss, a mis l’accent sur l’importance de l’implantation de sa société au Maroc, en raison des avantages que le pays offre, notamment en matière de coûts de production. L’implantation à Midparc constitue une excellente opportunité, étant donné que cette zone est en plein essor dans le secteur aérospatial, a-t-il dit, faisant part de l’ambition de Shimco de doubler sa capacité de production aéronautique dans les trois ou quatre prochaines années. Midparc est une extension de la zone des industries aéronautiques de Casablanca (Aéropole). Zone industrielle de référence au Maroc, Midparc abrite déjà plusieurs compagnies internationales, telles que Boeing et Stelia Maroc. Elle offre une position logistique exceptionnelle et unique aux portes de l’Europe et de l’Afrique.

La bonne santé du secteur est confirmée par les derniers chiffres sur les exportations. Dans les détails, les exportations du secteur aéronautique ont atteint plus de 1,89 milliard de dirhams (MMDH) durant le mois de janvier 2024, en amélioration de 23% par rapport au même mois de l’année écoulée, selon l’Office des changes. Cette évolution s’explique par l’accroissement des ventes du segment de l’Assemblage de 35,2%, à 1,23 MMDH, et de celui EWIS (Electrical Wiring Interconnection System-Système d’interconnexion de câblage électrique) de 5,3%, à 646 millions de dirhams (MDH), indique l’Office des changes dans son récent bulletin sur les indicateurs mensuels des échanges extérieurs.

Le Royaume figure parmi quelques rares pays dans le monde capables de produire des pièces sensibles dans un avion.

Flotte

L’ambition affichée par le Maroc de construire un avion «made in Morocco» arrive à un moment où la compagnie nationale de transport aérien s’apprête à renforcer sa flotte. Royal Air Maroc (RAM) compte lancer un appel d’offres pour l’acquisition de 200 avions qui seront livrés d’ici 10 ans afin de répondre à la demande croissante des touristes et en prévision de l’organisation de la Coupe du monde 2030. L’annonce avait été faite par Abdelhamid Addou, président-directeur général de la compagnie. RAM cherche à acheter principalement des avions moyen-courriers, mais elle achèterait également des avions long et court-courriers pour renforcer sa compétitivité sur un marché africain en pleine croissance, avait ajouté M. Addou à l’agence internationale Reuters.

Cet appel d’offres s’inscrit dans le cadre du projet de RAM visant à quadrupler sa flotte actuelle de 50 appareils sur une décennie et juste avant que le Maroc ne co-organise la Coupe du monde 2030 avec l’Espagne et le Portugal. «Ce que nous avons déjà préparé pour 2030 nous mettra dans une très bonne position pour accueillir cette Coupe du monde», avait déclaré M. Addou en marge des Assemblées annuelles du Fonds monétaire international et de la Banque mondiale. RAM, l’une des plus grandes compagnies aériennes d’Afrique, relie déjà une cinquantaine d’aéroports africains. La compagnie aérienne avait joué un rôle clé en facilitant le développement des investissements du Maroc en Afrique, où opèrent les principales banques, sociétés de télécommunications et fabricant de phosphates et d’engrais du pays. La RAM pense également que sa stratégie de développement est compatible avec les objectifs du pays visant à attirer 17,5 millions de touristes d’ici 2026. Le carnet de commandes de la RAM pourrait faciliter le passage de l’industrie locale d’aéronautique à un niveau supérieur. «Wait and see».

Le secteur en chiffres

Exportations

Les exportations du secteur aéronautique ont atteint plus de 1,89 milliard de dirhams (MMDH) durant le mois de janvier 2024, en amélioration de 23% par rapport au même mois de l’année écoulée, selon l’Office des changes.

Performances

Cette évolution s’explique par l’accroissement des ventes du segment de l’assemblage de 35,2%, à 1,23 MMDH, et de celui EWIS (Electrical Wiring Interconnection System-Système d’interconnexion de câblage électrique) de 5,3%, à 646 millions de dirhams (MDH).

Commandes

La Royal Air Maroc (RAM) compte lancer un appel d’offres pour l’acquisition de 200 avions qui seront livrés d’ici 10 ans afin de répondre à la demande croissante des touristes et en prévision de l’organisation de la Coupe du monde 2030.