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Agadir : 160 millions DH pour transformer Souk Al Had

© D.R

Le Souk constitue le poumon économique de toute une région avec une portée nationale et internationale. Cependant avec l’évolution de son activité, ses extensions et malgré ses nombreux réaménagements, il continue à poser de sérieux problèmes de sécurité, de salubrité et d’organisation.

Plus de 50.000 visiteurs par jour, le grand souk d’Agadir, connu communément sous l’appellation «Souk Al Had», est le passage obligé de tous les habitants de la région Souss-Massa comme de tous ses visiteurs en raison de son offre commerciale. Avec ses 11 hectares de superficie, c’est même le plus grand souk du Royaume et d’Afrique, avec une renommée qui dépasse nos frontières. Il  constitue, en effet, le poumon économique de toute une région avec une portée nationale et internationale. Cependant avec l’évolution de son activité, ses extensions et malgré ses nombreux réaménagements, il continue à poser de sérieux problèmes de sécurité, de salubrité et d’organisation. C’est ce qui justifie aujourd’hui un nouveau projet de réaménagement et de réhabilitation du complexe. L’intérêt économique, social et culturel sans oublier l’aspect historique expliquent également la réalisation de ce chantier. «Il s’agit de restructurer ce lieu de convergence humaine, de contribuer à l’attractivité quotidienne de la ville et de développer un pôle urbain de référence avec une meilleure accessibilité et un environnement culturel et paysager de qualité», est-il précisé dans un document de présentation du projet.

C’est, en fait, une opération d’envergure qui bénéficie de la synergie de plusieurs partenaires pour son exécution. Le coût global du projet est de 160 millions DH, dont 20 millions DH financés par le ministère de l’aménagement du territoire national, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville et 40 millions DH par le Conseil régional Souss-Massa. Dans ce budget global les contributions de la commune d’Agadir et la société Al Omrane Souss-Massa s’élèveront respectivement à 60 millions DH et 40 millions DH. Au-delà de cet investissement, ce chantier bénéficie d’une implication toute particulière à toutes les étapes et d’un suivi au continu de Ahmed Hajji, le wali de la région Souss-Massa. L’ensemble de ces partenaires exprime à travers cet investissement son intérêt pour l’efficience de cet édifice public dont le premier bénéficiaire est le citoyen de la ville. 

Confié pour sa conception et son suivi aux architectes Samira Saoudi et Ali Irizi, ce dossier a tout d’abord fait l’objet d’un profond diagnostic et état des lieux pour identifier les dysfonctionnements. La démarche a permis de mettre en exergue la situation géographique stratégique de l’infrastructure dans la ville et plus globalement dans la région ainsi que l’importance de son caractère socio-économique et culturel dans son environnement. C’est ainsi qu’ont été identifiés les grands axes de ce projet de réaménagement du complexe.

Les travaux au programme visent à remettre à niveau les infrastructures de base. Il s’agit aussi de restructurer et réorganiser les espaces commerciaux ainsi que reconstruire la mosquée implantée dans le site. Le tout se fait sur la base d’une charte architecturale dédiée au projet à travers laquelle sera mis en valeur le patrimoine architectural du Sud avec l’utilisation des matériaux de la région et les techniques d’aménagements locales.

Ce projet s’inscrit aussi dans une démarche de développement durable. Il est question, en effet à ce niveau de mettre en place une gestion environnementale des déchets générés par le souk à travers le tri, la collecte et le recyclage. En outre, il est prévu d’implanter des panneaux photovoltaïques de manière à assurer l’autonomie énergétique du complexe et permettre une économie d’échelle en matière de consommation énergétique. A ce sujet, ce sont 32.000 m² de terrasses qui seront utilisés pour le système photovoltaïque.   

Dans ce chantier de taille, le cœur de la mise à niveau reste cependant la modernisation de la zone alimentation du souk. Sur la base d’une étude réalisée par le cabinet Mazars pour le compte de la Fédération interprofessionnelle du secteur avicole et en concertation avec l’ONSSA Agadir (Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires), le choix a été porté sur la mise en place d’un modèle d’unité d’abattage de proximité de volaille pour le consommateur. Un concept novateur et une alternative intéressante pour les commerçants de volailles en circuits-courts dans le respect d’hygiène sanitaire. Ce modèle d’unité d’abattage est composé de cinq espaces allant de la réception à l’emballage et la livraison, en passant par la saignée, la plumaison, le nettoyage et le séchage, sans oublier le stockage des volailles vivantes.

Les unités de restauration de poissons et la zone boucherie et oliveries feront aussi l’objet d’une mise à niveau et d’une réorganisation. Pour l’espace de restauration de poissons, le concept retenu est le food-court composé d’unités en open space équipées de comptoirs vitres réfrigérés. «Le principe retenu est celui d’une halle populaire qui sera une belle vitrine pour la gastronomie marocaine», explique l’architecte Samira Saoudi.

Pour l’heure, les travaux qui ont démarré en octobre dernier avancent bien. Les premiers ouvrages ont concerné les volets sécurité-incendie, sanitaires et la première partie des travaux relatifs aux portails, aujourd’hui réalisés respectivement à 45%. Actuellement, au programme, le lancement entre autres des gros œuvres de la deuxième tranche. Il est question de la réalisation des faux plafonds traditionnels pour les ruelles. Il s’agit aussi de la réhabilitation de la muraille qui avec ses 1.025 mètres de long et ses six mètres de haut s’élève comme une enceinte de médina et constitue un véritable hommage à nos murailles historiques.

L’ensemble des travaux devrait être finalisé dans deux ans avec des retombées certaines en termes de préservation de ce patrimoine architectural qui a une valeur symbolique dans la mémoire de tous les citoyens d’Agadir. La mise à niveau de toutes les composantes du complexe commercial devrait aussi donner un véritable élan à l’activité économique des lieux avec un fort impact sur la création d’emplois. Pour le moment, le grand souk d’Agadir compte 3.000 points de vente et génère 10.000 emplois. Il ne faut pas oublier enfin son rôle de vitrine et d’attraction touristique dans la destination. Avec le projet de mise à niveau, c’est un nouveau cœur de vie qui sera développé dans la station balnéaire offrant un lieu d’animation pour le visiteur comme pour le citoyen d’Agadir. 

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L’histoire d’une évolution 

Souk Al Had a depuis toujours fait partie du paysage de la ville d’Agadir dans différents emplacements. Le premier souk de la cité remonte à bien avant 1920 et était implanté dans le quartier Founti. De 1927 à 1945, un marché baptisé souk Bougam se tenait le dimanche et le mercredi en front de mer. Mais on raconte que le véritable lieu d’approvisionnement des habitants de la région était le souk Ksima à Inezgane. En 1947, c’est dans le vieux quartier Talborjt de l’ancien Agadir que se tenait le souk. Il faut attendre 1974 pour le voir s’implanter dans le quartier industriel derrière les abattoirs de la ville. A l’époque c’était un souk hebdomadaire qui ne se déroulait que les fins de semaine en plein air avec pour seuls abris des tentes artisanales. Son aménagement en dur au fil des ans s’inscrit dans le cadre de la reconstruction d’Agadir. Le nouveau visage de Souk Al Had et de son environnement permettront de réconcilier le citoyen d’Agadir avec son patrimoine culturel perdu lors du tremblement de terre de 1960. Une fois mis à niveau, souk Al Had sera assurément une belle contribution à l’urbanisme de la ville que tout habitant d’Agadir pourra s’approprier avec fierté. 

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