Economie

Agadir, destination à l’année

ALM : Quel état des lieux faites-vous du tourisme dans la région du Souss ?
Saïd Scally : Dans la conjoncture actuelle, on s’en sort certes bien, comparativement aux autres destinations méditerranéennes. En fait, depuis 1988, le Maroc a très mal communiqué sur son tourisme, en particulier pour Agadir. Pourtant, celle-ci n’est pas qu’une ville balnéaire. Agadir, c’est aussi une destination à l’année. C’est un produit qu’il faut savoir vendre, en hiver pour les gens qui n’ont pas de soleil et en été pour ceux qui veulent avoir de l’animation, qu’il s’agisse des marocains ou des latins, c’est-à-dire ceux provenant de la France d’Italie et d’Espagne. Maintenant, si Agadir ne bat pas son plein, ce n’est pas à cause de la guerre en Irak ou des récents événements de Madrid, mais c’est plutôt parce que les infrastructures ne se sont pas rénovées.
Comment peut expliquer que les hotels d’Agadir ont moins de succès que ceux de Marrakech ?
Tous les hôteliers d’Agadir qui ont fait fortune pendant les années 70, sont parti investir sur Marrakech. Il faut dire les choses comme elles sont ! Marrakech a su profiter des multiples campagnes promotionnelles, qu’elles soient institutionnelles ou régionales. Il faute dire aussi, que la multiplication des vols directs sur la ville ocre a porté ses fruits…au détriment d’Agadir. D’autre part, plusieurs personnalités de la profession ont oeuvré au développement de cette ville : M. Trigano, M. Bellaghmi que Dieu ait son âme… Quelqu’un comme Abdel Hadi Alami a beaucoup fait pour Marrakech, notamment en la dotant du Palais des Congrès.
Alors, maintenant que vous venez d’être nommé directeur du CRT, qu’elles sont vos priorités et vos projets à moyen terme ?
Ma première ambition est de fédérer tous les professionnels. Je pense qu’on s’est assez tiraillés les uns les autres. On devrait mettre fin à cette haine entre professionnels, qui est surtout nuisible pour le tourisme local. Il faut répondre à l’appel de Sa Majesté et développer le tourisme d’Agadir, mais aussi aider les hôtels en difficulté. Aujourd’hui, la priorité numéro 1 pour Agadir, c’est le tourisme. Mes objectifs prioritaires pour cette ville sont : fédérer les professionnels du tourisme, communiquer la vraie image d’Agadir : une destination qui a ses propres spécificités et une belle station balnéaire au climat fabuleux toute l’année. Vous savez, en hiver, un habitant d’Helsinki où il fait –25 °C, n’est qu’à cinq heures de vol pour arriver ici où il fait plus de 20 °C degrés. Il y a une différence de 55 degrés ! C’est cela qu’on n’arrive pas à bien vendre, alors que nos voisins des Iles Canaries, eux, en sont capables.
Pourquoi ? Est-ce un problème de communication ?
D’une certaine manière, car le Ministère du Tourisme devrait vendre aussi l’image festive et animée des destinations touristiques et non pas uniquement leurs aspects culturels. Cela, nous pouvons le faire nous même, car, au-delà des infrastructures (hôtels, golf, tennis…), nous avons tous les moyens humains, il ne nous manque qu’un support financier. Et je ne suis pas d’accord avec l’avis de Monsieur le Ministre du tourisme, qui pense que la promotion touristique régionale doit se faire à partir de la capitale. Je suis désolé de lui dire que : la promotion de la région passe par la région.
Y a-t-il eu des répercussions négatives sur le tourisme d’Agadir, suite aux attentats de Madrid, le 11 mars dernier ?
Vous savez, il y a une chose qui m’a semblé très bizarre : au lendemain de ces attentats, l’un des plus grands tours opérateurs du Maroc a enregistré 56 annulations notamment de la Suisse et de l’Allemagne, puis le surlendemain, 43 réservations provenant de touristes français et espagnoles. En fait, les annulations tombaient, à chaque fois qu’on annonçait dans les médias que des marocains étaient impliqués dans ces attentats. Cela tient à des raisons culturelles. Les espagnols connaissent plus notre pays que les suisses ou les allemands, qui le confondent souvent avec un Etat du Moyen Orient. En tout cas, je peux vous avancer que la situation actuelle d’Agadir n’est pas critique, puisque le taux de remplissage des hôtels tourne autour des 55 %, avec une variation interne de 17 % pour le mois de mars.

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