Qu’il choisisse de rester à Washington ou de revenir en France, l’agenda s’annonce chargé en 2011 pour le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn. Ce devrait être l’année du choix pour lui: celui de concourir ou non à l’élection présidentielle. S’il devait se lancer, les termes de son contrat de travail lui imposeraient une démission immédiate. Ses soutiens imaginent ce départ après le sommet du G8 à Deauville en juin, pour se conformer au calendrier des primaires du Parti socialiste.
Mais d’ici là, il a du pain sur la planche, comme il aime à le rappeler. «J’essaie de faire mon travail. Ce n’est pas un travail à temps partiel. Donc, je n’ai pas le temps de penser à autre chose», glissait-il lors de sa dernière apparition publique de l’année, le 16 décembre. La crise de la dette des pays de la zone euro devrait absorber une bonne partie de son temps. Présent début décembre à une réunion des ministres des Finances à Bruxelles, M. Strauss-Kahn avait pu constater que son message en faveur de plus d’intégration politique et budgétaire européenne ne convainquait pas encore tous les Etats membres. «J’exhorte les Européens à apporter une solution globale, puisque cette approche au cas par cas qui règle le problème de la Grèce d’abord et de l’Irlande après, et peut-être d’un autre pays ensuite, manifestement ne fonctionne pas», disait-il une semaine plus tard. Après avoir prêté plus de 50 milliards d’euros à ces deux pays, le FMI pourrait faire face à des problèmes d’une autre ampleur si la montée des taux d’intérêt se poursuivait pour le Portugal, l’Espagne ou d’autres encore. «La probabilité augmente que les économies les plus riches du continent supportent le coût pour les pays les plus endettés. Le fardeau partagé de ces financements s’ajoute aux programmes d’austérité pour potentiellement alourdir la pression qu’exerce l’Europe sur la croissance mondiale», commentait mardi un analyste de Moody’s, Ben Garber. (…) Au sein de son institution, il doit présider «début 2011» un débat au conseil d’administration sur l’avenir des Droits de tirage spéciaux (DTS), actif de réserve quasi monétaire auquel certains Etats membres souhaitent donner un rôle plus prépondérant, pour contrebalancer celui du dollar. Le FMI ne s’est pas attaqué à ce sujet épineux depuis trente ans.
D’autres tâches encore l’attendent, comme la négociation des cinq premiers rapports, attendus au second semestre, sur les répercussions transfrontalières des politiques économiques des plus grandes économies mondiales: Chine, Etats-Unis, Japon, Royaume-Uni et zone euro. Enfin, il est probable qu’il maintienne le rythme de ses déplacements. L’un de ses objectifs, entre autres, est de finir par obtenir suffisamment de ratifications parlementaires pour la réforme des droits de vote adoptée au printemps 2008. Et de plaider pour que la nouvelle modification, adoptée il y a deux semaines, puisse entrer en vigueur, comme promis par les Etats membres, d’ici à octobre 2012. «Les réformes de 2010 ne seront pas la fin de la route», promet James Boughton, historien du FMI.