Ce workshop a été l’occasion de mettre l’accent sur les avancées et les perspectives du Maroc dans la durabilité de l’agriculture marocaine.
Défis : Assurer une transition agricole vers des systèmes alimentaires durables. C’est le principal axe traité lors du workshop organisé le 15 février 2024 à Rabat. Cette rencontre organisée par CropLife Maroc et CropLife Afrique Moyen-Orient a été l’occasion de braquer les projecteurs sur les défis majeurs que connaît l’agriculture actuellement et de mettre en exergue des pistes de réflexion sur les actions à mener dans le contexte de sécheresse et de défis climatiques.
L’agriculture marocaine a connu ces deux dernières décennies une profonde mutation. Actuellement, sa transition vers des systèmes alimentaires durables constitue un véritable défi en raison de plusieurs contraintes dont le contexte de sècheresse, la pénurie d’eau et les changements climatiques.
Pour assurer cette transformation, tout l’écosystème agricole est concerné. «Il faut modifier notre manière de produire l’alimentation vers des modèles de production durable», indique le secrétaire général du ministère de l’agriculture, Redouane Arrach, lors de la rencontre qui s’est déroulée le 15 février 2024 à Rabat sous le thème «Promouvoir la transition de l’agriculture marocaine vers des systèmes alimentaires durables : de la théorie à l’action». Organisé par CropLife Maroc et CropLife Afrique- Moyen-Orient, ce workshop a été l’occasion de mettre l’accent sur les avancées et les perspectives du Maroc dans la durabilité de l’agriculture marocaine.
Le SG du ministère de l’agriculture est revenu sur l’amélioration de la productivité qu’a connue le Maroc dans le secteur agricole grâce à la stratégie déployée par le Royaume. Il a rappelé les grandes transformations que connaît le secteur dont notamment la mise en place de la protection sociale et le soutien à la jeune génération d’agriculteurs.
Pour le SG du ministère de l’agriculture la transformation des systèmes alimentaires s’aligne sur la stratégie Generation Green. Il cite à ce propos la nécessité d’investir dans le capital humain qui inclut plusieurs éléments dont la formation, la santé au travail ainsi que la protection sociale. «Il ne faut pas penser que la transformation durable concerne uniquement les produits alimentaires (…). C’est un écosystème qui englobe les exploitations, les familles, etc.», explique-t-il. Pour sa part Samira Amellal, directrice générale de CropLife Afrique Moyen-Orient, a souligné que «bien que nos agriculteurs possèdent une remarquable capacité à s’adapter aux changements, ils ont également besoin d’outils appropriés pour ce faire. Chez CropLife, nous sommes convaincus que cela peut être réalisé grâce à l’utilisation de solutions technologiques et innovantes dans le domaine agricole, ainsi qu’à la coopération entre le secteur public et privé afin d’établir un cadre législatif nécessaire, basé sur la science».
De son côté Mohamed Chetouani, président de CropLife Maroc et Country Manager North & West Africa chez BASF, a relevé: «L’agriculture joue un rôle central dans l’économie du Maroc. Elle est cependant confrontée à de nombreux défis et nous pensons que la coopération entre les différents acteurs de la chaîne de valeur alimentaire est un élément clé pour atteindre nos objectifs».
Les organisateurs de cette rencontre rappellent aussi qu’aujourd’hui la pérennité des exportations agricoles marocaines vers l’Europe est confrontée aux mesures du Pacte Vert de l’Union européenne qui ont entraîné une pression considérable sur la production et le commerce des produits agroalimentaires au Maroc, notamment en imposant des restrictions sur l’utilisation de certaines substances actives des produits phytopharmaceutiques.
«Par conséquent, les agriculteurs marocains se voient désormais dans l’incapacité d’utiliser plusieurs produits phytopharmaceutiques pour les cultures destinées à l’exportation vers l’Union européenne. Cette situation réduit leur éventail de solutions et les laisse seuls face aux défis climatiques spécifiques du pays », indique la même source. Et d’ajouter: «Pendant ce temps, des dérogations sont régulièrement accordées à certains pays de l’UE. Entre 2019 et 2022, des dérogations ont notamment été octroyées pour des produits phytopharmaceutiques interdits (57 dérogations pour le thiaméthoxame, 48 pour le diquat, 30 pour le 1,3 dichloropropène, etc.). Force est de constater que toute décision de retrait de substances actives des PPP prise au niveau de l’Union européenne entraînait une prise de position similaire au Maroc. Cependant, le système de dérogation n’existe pas au Maroc. Par conséquent, l’effectif des substances actives homologuées a connu une réduction de 10,5%.
Entre 2017 et 2023, il est passé de 326 à 292 dans notre pays». En termes de pertes, les retraits actuels et éventuels de produits phytopharmaceutiques laissent présumer des effets importants, selon les organisateurs de cette rencontre qui citent des recherches faites dans ce sens. «Il en ressort que celles-ci peuvent atteindre 5% pour les céréales, 53% pour les légumineuses, 20% pour le sucre et 30% pour l’huile d’olive. Ces altérations ont d’ailleurs été matérialisées en 2023 par la pastèque, par exemple, où beaucoup de productions n’ont pas atteint leur maturité ou le calibre souhaité à cause d’infestations exceptionnelles de pucerons et de viroses dans la région du Loukkos. Le second exemple est celui de la pomme de terre dans la même région, où les attaques du mildiou en mars 2023 ont engendré des pertes estimées à 25% dans les semis précoces et une hétérogénéité de calibres».
Renforcer les filières agricoles
Recommandations
Pour conserver sa position d’exportateur agricole et de partenaire commercial majeur sur plusieurs marchés internationaux, il est primordial que le Maroc continue de développer et de renforcer ses filières agricoles. Dans ce sens, CropLife Maroc et CropLife Afrique-Moyen-Orient plaident pour une transition verte agricole localisée au Maroc, qui prend en compte les caractéristiques géographiques, climatiques et économiques du pays, tout en favorisant une augmentation de la productivité agricole et apportant ainsi une contribution positive à l’économie locale.
«Plusieurs éléments clés à la réussite de cette transition ont été identifiés, tels que le besoin de périodes de transition suffisantes pour les agriculteurs lors du retrait de produits phytopharmaceutiques du marché, ou encore l’octroi des dérogations d’urgence qui permettraient l’utilisation temporaire d’un PPP dans des circonstances particulières, à l’instar des cas de plusieurs pays de l’UE», conclut la même source.