Le tourisme représente une nouvelle activité économique au niveau de la région, et qui n’est pas très ancré dans le patrimoine culturel local, donc il faut du temps pour que la population locale s’habitue à ce changement.
ALM : Comment allez-vous procéder pour redynamiser la machine touristique dans la région de Dakhla suite à la crise de Covid-19 ?
Ahmed Abdellaoui : Le CRT suit de très près l’évolution et les changements qui se produisent dans le secteur touristique dans les autres pays et qui a été totalement paralysé par cette pandémie sans précédent, et nous sommes en contact permanent avec les agences de voyages et les tour-opérateurs étrangers pour assurer un nouveau départ aussi vite que possible surtout que les touristes se lassent de rester chez eux et veulent bien voyager, vivre de nouvelles aventures et découvrir d’autres régions. A Dakhla tous les acteurs touristiques locaux ont été touchés surtout les campings qui s’appuient en général sur la clientèle étrangère vu que les sports nautiques représentent 80% de l’activité touristique dans la région. Au sein du CRT de Dakhla on prévoit un fort redémarrage du secteur une fois que la situation sanitaire devient plus stable.
Quelles sont selon vous les mesures à prendre pour améliorer davantage la compétitivité de ce secteur au niveau de Dakhla ?
Il faut d’abord souligner que le tourisme représente une nouvelle activité économique au niveau de la région, et qui n’est pas très ancré dans le patrimoine culturel local, donc il faut du temps pour que la population locale s’habitue à ce changement. Ce dernier évolue très bien et profite du désenclavement que connaît la région surtout que les connexions aériennes avec Casablanca, Agadir et Laâyoune ont été considérablement doublées, ce qui nous a permis de faire face au problème de l’éloignement. D’ailleurs il y aura une nouvelle ligne aérienne entre Dakhla et Paris le mois prochain grâce aux efforts déployés par l’Office national marocain du tourisme (ONMT). Tandis que les opérateurs des Iles Canaries attendent avec impatience le relancement de la ligne desservant Dakhla et cet archipel espagnol.
Cependant on souffre ici à Dakhla d’un manque d’infrastructures de base et on aimera bien rattraper le retard enregistré. Deuxième chose. Certes, le tourisme lié aux sports nautiques est vital pour la région, mais je pense qu’on doit diversifier nos produits. Les campings touristiques sont presque toujours remplis à la hauteur de 80% mais cela profite peu à la ville qui doit bénéficier plus notamment à travers l’achat du produit local. A cela s’ajoute la nécessite d’animer la ville et faire face à la monotonie et je crois que c’est la responsabilité des conseils locaux.
Autre chose, le CRT de Dakhla a déjà réclamé de déconcentrer l’activité touristique dans la Baie de Dakhla pour la préserver et aussi pour découvrir les autres zones de la région. Celle-ci a d’autres atouts touristiques dont le produit saharien local et son important héritage nomade qui peut contribuer à diversifier les produits touristiques locaux, ce qui représente à mon avis un important élément à exploiter et pourquoi pas profiter et s’inspirer des expériences des régions de Zagora et Ouarzazate.
D’ailleurs on a déjà contacté la Société marocaine d’ingénierie touristique (SMIT) pour nous aider dans ce sens, et assurer une complémentarité des produits touristiques et non pas imiter les autres destinations touristiques classiques du Royaume. A cela s’ajoutent les réticences des opérateurs locaux pour investir dans ce secteur nouveau pour eux, et je pense qu’on est en train de relever tous ces défis.
Quelle est la capacité litière de la destination Dakhla ?
Dakhla assure aujourd’hui une capacité de 1.825 lits. Les acteurs économiques locaux de Dakhla commencent à investir dans le tourisme même si la Covid-19 a bloqué plusieurs projets, mais je pense que dans le futur proche ils seront beaucoup plus nombreux à se lancer dans ce secteur, et je pense que c’est l’une des missions du CRT qui accompagne les investisseurs nationaux et étrangers.
Comment l’ONMT vous accompagne-t-il dans vos projets ?
J’ai eu l’occasion de m’entretenir à plusieurs reprises avec Adel El Fakir, directeur de l’ONMT, qui est très conscient de l’importance de ce secteur pour la ville de Dakhla. Et il est prêt pour nous soutenir. D’ailleurs l’ONMT nous invite régulièrement pour participer aux foires et salons touristiques internationaux pour représenter la ville de Dakhla.
Est-ce que vous avez arrêté un programme spécial avec l’ONMT ?
L’ONMT a financé la campagne de promotion de la destination de Dakhla qui a été élaboré par un bureau d’étude spécialisé pour mieux commercialiser cette destination. Celle-ci a eu des retombées bénéfiques sur la région et a attiré de nombreuses agences de voyages, notamment espagnoles, et qui accordent un intérêt particulier à la destination Dakhla même si ça coïncide avec la Covid-19. Autre chose, cet effort déployé pour la promotion de Dakhla est encore récent et aura certainement plus d’impact dans les semaines et mois prochains.