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Ahmed Zniber : «L’autonomie du Groupe OCP en termes d’eaux industrielles par les eaux non conventionnelles est presque atteinte en 2025»

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Entretien avec le directeur général d’OCP Green Water Ahmed Zniber

La société OCP Green Water (OGW), filiale du Groupe OCP, a annoncé, lundi, la mise en service du pipeline reliant la station de dessalement de Jorf Lasfar au site minier de Khouribga. Un projet d’envergure au design smart traduisant l’engagement fort d’OCP envers le développement durable, intégrant les dernières technologies dans les infrastructures de transport hydraulique. Concrètement, il s’agit d’une seule station de pompage au niveau de Jerf Lasfar, composée de 14 pompes dimensionnées pour livrer l’eau à Khouribga sur 203 km et plus de 700m de dénivelé, permettant ainsi le transfert d’une capacité d’eau dessalée de 80 millions de m³ par an. Le directeur général d’OCP Green Water, Ahmed Zniber, jette la lumière sur ce projet et évoque ses retombées pour OCP et pour la région.

ALM : Dans quel cadre s’inscrit la réalisation du projet de pipeline entre Jorf Lasfar et Khouribga. Et quels sont les objectifs stratégiques de ce programme?

Ahmed Zniber : Le pipeline reliant la station de dessalement du Jorf Lasfar à Khouribga, la plus grande mine phosphatée du monde, a été réalisé dans le cadre du programme vert OCP qui a été lancé en 2022 et dont les contours ont été présentés au Souverain en décembre 2022 par le président-directeur général du Groupe OCP. Les objectifs de ce programme vert sont multiples, notamment l’autonomie en eau non conventionnelle du Groupe OCP à l’horizon 2027. Ce projet singulier et structurant a été réalisé avec 5 milliards de dirhams pour une capacité annuelle de 80 millions de mètres cubes par an.

À quoi sert aujourd’hui l’eau dessalée transportée jusqu’à Khouribga ?

Les objectifs principaux consistent essentiellement d’abord à assurer les besoins industriels de tout le site de Khouribga, y compris bien sûr le développement à venir. Sa capacité permet de livrer, d’une part, de l’eau potable à la ville de Khouribga et de l’autre de l’eau d’irrigation pour des projets à forte valeur ajoutée qui sont en cours de développement par l’Université Mohammed VI à travers ses filiales Innovx et Aradinov.

Comment le projet de dessalement contribue-t-il à l’autonomie en eau du Groupe OCP ?

A travers ce nouveau projet, les projets de dessalement déjà réalisés et aussi les projets des stations de traitement des eaux usées qui sont déjà installées, l’autonomie du Groupe OCP en termes d’eaux industrielles par les eaux non conventionnelles est presque atteinte en 2025, soit deux ans en avance par rapport aux prévisions initiales de 2027.

Quels ont été les acteurs impliqués dans la conception et la réalisation du projet, et quelles retombées concrètes avez-vous constatées à ce jour ?

Ce projet a été réalisé par le consortium marocain SGTM et STAM. Il s’agit du groupement ayant remporté l’appel d’offres international lancé dans ce sens aussi bien sur le plan technique que commercial. Pour la partie ingénierie, ce projet a été développé du point de vue conceptuel par notre joint-venture JESA. En termes d’impact socio-économique, ce projet a permis de créer environ 1.300 emplois par jour en moyenne durant 2 ans, ce qui correspond à la phase de construction. On note également la création de 100 emplois directs permanents pendant la phase d’exploitation y compris bien sûr la partie dessalement.

Quelles perspectives ce projet ouvre-t-il pour d’autres secteurs, notamment l’agriculture, dans la région de Khouribga ?

En plus des retombées précitées, ce projet permettra à terme de faire dégager et de libérer 80 millions de mètres cubes d’eau par an des eaux de barrage. Ces eaux peuvent être utilisées dans d’autres activités génératrices de revenus, notamment l’agriculture qui aura vraiment un impact socio-économique sur toute la population de la région.