Les différents accords de libre-échange conclus par le Maroc continuent à faire l’objet de tables rondes et autres débats, réunissant des officiels et chefs d’entreprises marocains, des patrons d’associations professionnelles, ainsi que des intervenants étrangers.
Parmi ces rencontres, celle organisée il y a deux jours par la Chambre de Commerce britannique au Maroc, et qui a vu la participation de plusieurs personnalités. Ainsi, en présence du consul général du Royaume-Uni, de celui de Belgique, ainsi que l’ambassadeur de Turquie, le ministre délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération, Taïb Fassi Fihri, fut le premier à ouvrir le débat. Il a d’abord commencé par rappeler brièvement la stratégie engagée par le Maroc depuis plus de 20 ans en matière de réformes économiques.
Une politique, dit-il, qui s’est d’abord limitée aux ajustements structurels entre 1984 et 1994, avant la seconde phase de la libéralisation de l’économie nationale (1994-2004), qui s’est matérialisée par plusieurs grandes orientations et réformes (privatisation, accès au libre-échange, adhésion à l’OMC, améliorations de la fiscalité et de la justice…).
Après quoi, le ministre a ensuite présenté les différents ALE. Selon lui, qu’il s’agisse de «l’Accord d’Association» avec l’Union européenne (UE), du «Free Trade Agreement» avec les Etats-Unis, ou de la «Zone de libre-échange Maroc-Turquie», ces accords ne sont pas un phénomène de mode, mais plutôt le fruit d’une démarche à la fois volontaire, mesurée et anticipative. Ce dernier qualificatif illustre parfaitement l’ALE avec la Turquie, un pays aux multiples opportunités et à fort potentiel de croissance, puisqu’il pourrait bientôt devenir membre de l’UE.
«Volontaires», les ALE le sont aussi, car elles permettent aux entreprises du Royaume d’avoir une ouverture libre à l’internationale, puisque l’art, 24 des accords du GATT prévoit clairement que le principe de réciprocité doit s’appliquer aux échanges commerciaux entre les parties.
Enfin, la stratégie des ALE est «mesurée», puisqu’elle ne se fait pas d’un seul coup, mais implique toute une mise à niveau de la part des entreprises marocaines. C’est là en fait, que le débat commence.
Un débat dont le modérateur n’était autre que Thami Ghorfi, qui a donné la parole à M. Marrakchi, en tant qu’administrateur délégué d’une grande entreprise marocaine. Celui-ci n’a pas manqué de soulever les différents problèmes rencontrés par sa structure, notamment pour ce qui est du coût du transport de la marchandise.
On retiendra, enfin, l’intervention franche et directe de Mohamed Yahya Zniber, vice-président de la Fédération PME-PMI, qui n’est pas allé de main morte dans ses propos. Pour lui, PME et PMI «sont à la croisée des chemins» ! Aucune d’entre elles n’est assez prête à la libéralisation des échanges internationaux, car elles ne sont pas encore suffisamment compétitives pour faire face à leurs concurrentes étrangères, puisque plus petites en taille et ne disposant pas encore d’un personnel bien qualifié. Par ailleurs, la mise à niveau, telle qu’elle est engagée actuellement, connaît plusieurs obstacles.
Ainsi, outre le fait qu’elle doivent cohabiter avec le marché informel (qui traduit toujours un certain laxisme des autorités), les entreprises rencontrent surtout des difficultés en matière de financement.
Il y a d’abord les banques qui n’accordent pas aussi facilement de crédits aux entreprises marocaines en quête de croissance, mais aussi et surtout, les problèmes de paiements (retards, impayés, paiement à échéance non respecté…) qu’elles rencontrent avec leurs sous-traitants et qui appellent à un besoin urgent de «législation».
Enfin, dit M. Zniber, la mise à niveau des entreprises marocaines aurait dû intervenir bien avant la conclusion des différents ALE. Il n’a peut-être pas tort.