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Alessandra Astolfi: «Le changement climatique et le recyclage des ressources sont des paramètres mondiaux»

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Entretien avec Alessandra Astolfi, Global Exhibition Director Green & Technology Division IEG

[box type= »custom » bg= »#fddeef » radius= »5″]Dernière ligne droite pour les organisateurs de Ecomondo. Ce rendez-vous de grande envergure fête cette année ses 25 ans d’existence. Un cap riche en expérience et en dévouement au service du développement de l’économie circulaire. Erigé en plate-forme B2B2G, Ecomondo est désormais un carrefour d’échange autour des politiques publiques de gestion des déchets, des projets de coopération entre la rive africaine de la Méditerranée et la rive européenne ainsi que sur les dernières technologies pour promouvoir une industrie de déchets efficiente. En prélude de cette édition d’Ecomondo, Alessandra Astolfi, Global Exhibition Director Green & Technology Division IEG, dévoile à ALM les objectifs escomptés de ce rendez-vous qui intervient dans un contexte conjoncturel marqué par une augmentation des coûts de l’énergie et une urbanisation de plus en plus croissante. [/box]

ALM : À votre avis, quel est le plus grand défi que l’industrie des déchets et des ressources affronte aujourd’hui?
Alessandra Astolfi : Dans l’Union européenne, le défi immédiat est conjoncturel. Il s’agit de contenir l’augmentation des coûts de l’énergie qui a également touché les services publics, pas dans tous les États membres de la même manière. En Italie, où l’on consomme beaucoup de gaz naturel pour produire de l’électricité, avec une forte dépendance de l’étranger. Le prix de l’électricité a presque quadruplé au cours des 20 derniers mois. Fin août, l’opérateur des marchés énergétiques a communiqué que le coût moyen au MWh, en Italie, a atteint les 740 euros. Ceci a des effets sur la compétitivité des entreprises. Il fait monter l’inflation et demande donc des interventions systémiques urgentes. Il y a également un thème à plus long terme, qui concerne la gestion des déchets dans un contexte d’urbanisation croissante et donc d’augmentation de la consommation. Prenons par exemple l’impact de l’incapacité à recycler correctement les plastiques, une question qui concerne également deux pays méditerranéens comme le Maroc et l’Italie.

Dans son premier rapport intitulé «Global Plastics Outlook», l’OECD nous apprend que seuls 9% des plastiques sont recyclés dans le monde. Alors que 22% des déchets plastiques sont traités de manière erronée, voire jetés dans l’environnement. En particulier, c’est dans les mers et les océans que s’accumule le plastique jeté. Eh bien, Ecomondo est une plate-forme B2B2G, où l’on trouve les technologies les plus avancées et où l’on fait le point sur les politiques publiques de gestion des déchets et les projets de coopération concernant la bioéconomie bleue. Dans le riche calendrier des conférences, nous avons mis l’accent sur la rive africaine de la Méditerranée, car sans cette imbrication de solutions technologiques et de programmes de coopération internationale à long terme, le défi de l’industrie des déchets ne peut être relevé. Je dirais même plus. Italian Exhibition Group non seulement s’occupe des thèmes liés à l’environnement à travers les salons Ecomondo et Key Energy, mais le groupe a également fait de la protection de l’environnement un pivot de sa mission d’entreprise. En ce qui concerne les énergies renouvelables, nous sommes en train d’activer trois nouvelles centrales photovoltaïques pour une capacité installée totale de 7 525 kWp, ce qui nous permettra de produire 8,5 millions de kWh d’électricité propre, afin de rapprocher tous nos sites en Italie de l’autonomie énergétique : celui de Rimini, le site de Vicenza et le Palacongressi de Rimini.

Où voyez-vous les principales opportunités de marché pour l’industrie des déchets et des ressources ?
À la base de l’économie circulaire, il y a le recyclage des déchets et son industrie. Par conséquent, les opportunités de marché se développent là où nous trouvons la gestion des déchets déjà structurée et s’épanouissent plus ou moins là où il faut mettre en œuvre le cycle. Dans le premier cas, le marché exige une technologie plus sophistiquée qui optimise les processus déjà réglés par des politiques publiques donnant de bons résultats. Dans le second cas, le marché demande une technologie et de bonnes pratiques. C’est là que s’insère la valeur d’Ecomondo en tant que manifestation B2B2G. L’Union européenne s’est fixée des objectifs très ambitieux avec le Pacte vert et, dans la phase postpandémie, avec Next Génération EU. Mais le cadre plus général de ces outils de politique économique est l’Accord de Paris sur les changements climatiques. Pour respecter ces engagements, il faut renforcer l’économie verte et donc intensifier la gestion des déchets. Pour Ecomondo, les marchés que nous voyons comme essentiels sont ceux d’Afrique du Nord et d’Afrique subsaharienne, du Moyen-Orient, du Brésil, d’Europe de l’Est et des Balkans, en plus de l’Espagne et de l’Allemagne. Nous avons également lancé Ecomondo sur les marchés nord-américains, grâce à une collaboration stratégique avec Deutsche Messe pour Ecomondo Mexico qui a eu lieu en juillet, ainsi que dans la zone du sud de la Chine, avec le Chengdu International Environmental Protection Expo, qui aura lieu en mai 2023.

Quelles sont les opportunités offertes par les salons ?
Les deux événements internationaux que l’on vient de citer en sont un exemple. Le système international des salons a été touché aussi bien par les normes restrictives des protocoles anti-Covid que par l’interruption des lignes aériennes internationales sur lesquelles voyagent les acheteurs. Et pourtant, le système a montré une grande capacité de résilience, soutenue en Italie par une intervention publique et par une claire prise de conscience qui étaient des alliances stratégiques nécessaires pour réagir face à ces deux années si dramatiques. Et la stratégie d’expansion du Groupe à l’étranger suit l’ambition d’Italian Exhibition Group d’être un «catalyseur de communauté» des industries représentées dans ses propres événements. Avec le renforcement des principaux salons commerciaux en présentiel, en termes de représentativité et d’activité et la création de valeur pour les parties prenantes, notamment à travers la formation professionnelle, il sera possible de jumeler des événements régionaux et internationaux sur la base d’un positionnement géographique approprié. Dans ce cas, c’est avec Deutsche Messe qu’Ecomondo a lancé l’événement et donc les entreprises exposantes sur de nouveaux marchés où notre partenaire était déjà présent. Le changement climatique et le recyclage des ressources sont des paramètres mondiaux. Ecomondo et Key Energy, événements spécifiquement consacrés aux énergies renouvelables, vont dans ce sens. J’ajoute que, précisément en raison de l’importance et de l’urgence du thème de la diversification des sources d’énergie, Key Energy, du 22 au 24 mars 2023, aura son propre emplacement dans notre calendrier des salons, avec un rebranding qui l’identifie comme KEY, anticipant ainsi l’évolution du marché.

Quelles sont vos ambitions pour les prochaines années dans la promotion de l’économie circulaire ?
Nous avons un rapport de plus en plus étroit avec la Commission européenne, grâce au travail d’équipe qui organise la manifestation, guidée par le président du comité technico-scientifique d’Ecomondo, le professeur Fabio Fava de l’Université de Bologne. Ceci permet aux visiteurs d’Ecomondo d’avoir un cadre clair de l’état d’avancée du Pacte vert, qui guide la transition vers la décarbonisation sur notre continent. Les parties prenantes italiennes qui opèrent dans le recyclage des matériaux sont d’autres partenaires essentiels car elles représentent les filières spécifiques à travers lesquelles les administrations publiques communiquent. Enfin, nous lançons des projets internationaux comme Africa Green Growth, qui en est à sa deuxième édition, en collaboration avec l’ICE (Agence pour la promotion à l’étranger et l’internationalisation des entreprises italiennes), nos ministères des affaires étrangères et de la coopération internationale, et de la transition écologique ainsi que l’Université et la recherche. Nous avons commencé un important travail avec les ambassades des pays africains dans le but de favoriser l’entrée des entreprises italiennes sur le grand marché africain. Nous nous concentrons sur le besoin de nourriture, eau, matières premières et fourniture d’énergie.

Quelles sont les ambitions pour garantir à Ecomondo la continuité et l’importance ?
Cette année, Ecomondo célèbre ses 25 ans. Tout a commencé avec le cycle de déchets urbains, jusqu’à couvrir tous les secteurs de l’économie circulaire. En tant que précurseurs, nous représentons aujourd’hui une plate-forme complète de solutions technologiques qui dialogue avec les administrations italiennes et internationales. Ainsi, les raisons de cultiver ces ambitions sont toutes réunies. Ecomondo sera d’autant plus important à l’avenir que les politiques publiques s’engageront à suivre l’agenda européen du Pacte vert. Plus nous serons en mesure de respecter cette feuille de route, plus vite nous réaliserons les objectifs environnementaux utiles à nos sociétés et plus il sera facile de créer une coopération avec d’autres pays, à commencer par le Maroc.

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