Plus qu’un manager, Youssef Jouabri s’identifie à un artisan. Son matériau c’est la bougie. A partir d’une matière sans âme, la paraffine, il crée des modèles, des symboles et autres figurines. Dans son atelier situé au rez-de-chaussée d’un immeuble à Mâarif et où une jeune demoiselle s’atèle à orner au henné différents modèles sont exposés, d’autres sont en cours de conception, dont les motifs, les couleurs, les formes et autres caractéristiques sont définis au préalable par la clientèle, composée à plus de 70% de restaurants, bars, discothèques et traiteurs. Le choix de l’une ou de l’autre particularité détermine le type de la matière première à travailler. Plusieurs variantes de paraffines existent en effet selon leur pays de provenance : France, Allemagne, Chine….
La différence entre l’une ou l’autre se manifeste au niveau de son degré de combustion ainsi que de son niveau d’adaptation à l’addition d’arôme et de couleurs. «Le besoin en paraffine spéciale se présente dans certains cas, surtout pour faire des dessins ou encore pour y ajouter d’autres matières, des arômes notamment», explique M. Jouabri. Ce dernier préfère mettre la main à la pâte au sens propre du terme pour créer ses bougies. Le nom de son entreprise le confirme d’ailleurs. Baptisée maison de la bougie, c’est à l’aspect authentique et artisanal qu’il est voulu faire allusion.
Côté approvisionnement, le seul fabriquant de la matière première au Maroc est la raffinerie Samir. Par ailleurs, de nombreux créateurs de bougies préfèrent s’approvisionner de l’étranger. «Les produits de la Samir sont trop huileux (40 à 60%). Conséquence : ils dégagent beaucoup de fumée, ce qui nuit à la qualité de la bougie», explique Youssef Jouabri. Tout dépend par ailleurs de la cible et du prix pratiqué. Ainsi, les bougies vendues chez les épiciers ou encore en grandes surfaces n’ont pas les mêmes caractéristiques que celles vendues dans des magasins spécialisés. L’élément déterminant demeure relatif au besoin du client et à son pouvoir d’achat. Si auparavant, l’achat des bougies se limitait à un impératif d’utilité ou encore de romantisme (dîner aux chandelles), les utilisations de la bougie ne cessent de se multiplier. Après les bougies décoratives, parfumées, anti-tabac, de nouveaux produits envahissent le marché. Les bougies dites médicinales à base d’huiles essentielles en font partie.
Outre le marché local, la maison de la bougie, spécialisée dans la grosse bougie, se développe aussi à l’étranger. Elle exporte, en petites quantités, aux Etats-Unis, en France ou encore en Suisse. L’appel est lancé à des artisans spécialisés en verre, argent ou cuivre.