Economie

AMO : Les chantiers de la CNOPS

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Aujourd’hui Le Maroc : Comment la CNOPS s’est-elle préparée pour l’avènement de l’AMO ?
Abdelaziz Adnane : La CNOPS est un organisme qui gère la couverture sociale de quelque 2,6 millions de Marocains pour un coût moyen par dossier de l’ordre de 430 DH. Avec l’avènement de la couverture médicale de base, la Caisse, responsable de la collecte des cotisations patronales et salariales, prendra en charge les soins ambulatoires, les frais d’hospitalisations et des affections de longue durée (ALD). D’autre part, la Caisse déléguera les soins ambulatoires aux huit mutuelles qu’elle chapeaute. Il s’agit de la MODEP, de la mutuelle des PTT, de la Douane, de l’OMFAM,  de la MGEN, de la MGPAP, de la MFA et de la mutuelle de la police. La convention, qui doit être signée prochainement, porte essentiellement sur la mutualisation des moyens humains et matériels, l’amélioration et la rationalisation de la gestion interne et l’intégration des systèmes d’information. L’objectif est de garantir un service de qualité aux assurés, d’instaurer un nouveau mode d’affectation des dotations financières et d’auditer annuellement les comptes. Donc, pour revenir à votre question, la CNOPS est parfaitement prête à cet événement qui, comme l’a d’ailleurs souligné un membre du gouvernement, fait effectivement entrer le Maroc de plain-pied dans le XXIème siècle.

Comment se porte la CNOPS sur le plan financier ? Supportera-t-elle un effort d’investissement ?
La Caisse n’est pas déficitaire. Sauf qu’actuellement, nous ne disposons pas de tous les éléments à même de nous permettre de dresser un état financier complet. Le disponible de trésorerie qui nous permettrait de cerner la situation, nous ne l’avons pas encore. Situation est due en partie à plusieurs mutuelles qui n’ont pas encore dressé leurs bilans comptables. Mais ce n’est qu’une question de temps, puisqu’afin de se conformer à la loi et à ses textes d’application, la CNOPS et les différentes mutuelles doivent arrêter les comptes pour l’exercice 2004 et de la période du 1er janvier au 17 août 2005. Elles doivent assainir leurs comptes croisés et séparer les comptes du régime obligatoire du régime facultatif. Ces comptes doivent être examinés et validés par le Conseil d’administration qui se tiendra dans les semaines qui viennent. La comptabilité a été jusque-là l’un des points faibles de la Caisse. Une lacune que nous essayons de combler avec le recrutement, via concours organisé ce samedi, de plusieurs cadres comptables.

Qu’en est-il des arriérés de la Caisse ? Y-a-t-il un plan de recouvrement ?
Nous avons effectivement lancé une campagne de recouvrement qui a pour objectif de récupérer la somme de 150 millions de DH qui sont à la charge de plusieurs sociétés d’Etat et de collectivités locales. Je citerais comme exemples l’Office d’exploitation des ports (ODEP), la SODEA et le syndicat des pharmaciens. Ce dernier, en fonction de la convention qui le lie à la CNOPS, se doit de payer la somme de 16 millions DH. Les arriérés de la mutuelle de l’ODEP se chiffrent à plus de 28 millions DH, alors que la SODEA devrait payer la somme de 14 millions DH. Ceux qui disent que l’Etat ne paie pas se trompent, en tout cas, il paye mieux que les autres partenaires. En vertu de la convention signée entre la CNOPS et l’Etat marocain, ce dernier s’est engagé à verser 360 millions DH en plus de ses cotisations. Somme qui a été versée intégralement. La dernière tranche a été payée en 2005.

Qu’offrira désormais la CNOPS à ses assurés ?
D’abord est avant tout un service de qualité où le retard n’a pas de place. Le cycle d’immatriculation à la CNOPS a été revu. Les moyens humains et matériels ont été renforcés.  Je tiens à ce niveau à préciser qu’un plan de départs volontaires est en préparation en plus d’un plan de recrutement, via contractualisation, d’une trentaine de hauts cadres expérimentés. La CNOPS a également mis à la disposition de ses affiliés une ligne téléphonique spécialisée, le 082 000 222, pour répondre à toutes leurs questions. Des efforts qui nous permettront de mieux répondre aux attentes des 249.000 nouveaux assurés dont 110.000 retraités, soit au total un effectif additionnel de bénéficiaires d’environ 700.000. Nous comptons également être beaucoup plus proches de nos assurés à travers une décentralisation, dans un premier temps, de la CNOPS sur 16 villes du Maroc.

Que deviendra la clinique mutualiste de la CNOPS ?
La loi 65.00 interdit à un organisme gestionnaire d’un ou plusieurs régimes d’assurance-maladie obligatoire de base de cumuler la gestion de l’assurance-maladie avec la gestion d’établissements assurant des prestations de diagnostic. La clinique de la CNOPS n’a donc aucune raison légale pour continuer à exister. En plus, elle est loin d’être rentable, puisque déficitaire. Actuellement, cette clinique n’a aucune activité. Ses plateaux médicaux sont désuets, ses services ne sont pas rentables et n’offrent aucune garantie de sécurité et de salubrité, ce qui la transforme presque en danger pour la santé du citoyen. Pour la rénover, il faudrait investir la somme de 40 millions DH.
Pour ce qui est de son avenir, aucune décision n’a encore été prise. C’est le Conseil d’administration qui est habilité à prendre cette décision. La délégation de gestion est envisageable, mais peut-elle présenter un profil séduisant pour un investisseur privé, sachant qu’à Rabat, l’offre de soin est considérable? L’option de la transformer en bureaux n’est pas à l’ordre du jour. En attendant, la CNOPS dispose d’un service de contrôle médical qui y a élu domicile sans que la clinique ne perde de sa vocation médicale.

Qu’est ce-que vous répondez à ceux qui disent que la CNOPS a prit du retard par rapport à la CNSS ?
La CNSS a effectivement quelques longueurs d’avance sur la CNOPS par rapport à cet énorme chantier qu’est l’AMO.
Mais nous comptons mettre à profit cet élément en le tournant en effet d’apprentissage à notre faveur. En octobre dernier, la CNOPS a lancé un appel d’offres pour la réalisation d’un système d’information à même d’accompagner ces grandes révolutions.
Marché de l’ordre de 34 millions DH qui a été remporté par une société française, la même qui a élaboré le système d’information de la CNSS.  Cette solution a l’avantage de permettre un contrôle médical efficient et de gérer un Centre d’appels. Elle permettra la décentralisation progressive des activités de la Caisse et devrait tenir en compte l’augmentation volumétrique de la population éligible à l’AMO. C’est un système qui répondra également aux exigences de sécurité et de contrôle d’accès et de gestion des droits.

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