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Anouar Alasri : «La part de marché des produits bio reste timide au Maroc»

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ALM : Elephant Vert opère depuis un moment au Maroc. Quelle évaluation faites-vous du développement de l’agriculture bio au Royaume ?
Anouar Alasri :

Avec un secteur agricole qui représente près de 14% du PIB et emploie 40% de la population active, l’agriculture marocaine s’inscrit dans des perspectives de croissance nationale et internationale, où les enjeux de durabilité sont stratégiques. Eléphant Vert accompagne cet élan en proposant des biosolutions performantes, en facilitant l’accès aux innovations agricoles et en développant une politique de proximité avec les agriculteurs. En ce qui concerne le développement du secteur du bio, nous constatons un fort intérêt des agriculteurs pour des pratiques agricoles plus durables. Eléphant Vert agit en ce sens et au prochain SIAM, nous allons signer une convention de partenariat avec la Fimabio (Fédération interprofessionnelle marocaine de la filière biologique) pour accompagner les agriculteurs dans leurs pratiques et leur démarche de conversion à la production biologique. L’apport d’Eléphant Vert Maroc consiste à contribuer à l’organisation et à l’animation de journées de sensibilisation. Le rôle de la Fimabio, en tant que représentant de la filière biologique, étant d’organiser des journées de sensibilisation dans toutes les régions du Maroc et de mobiliser les producteurs, aussi bien biologiques que conventionnels.

Constatez-vous une réelle demande pour les produits bio au niveau national ?
La part de marché des produits bio reste timide sur le territoire national. Le principal enjeu du développement des produits bio réside finalement dans l’évolution culturelle vers la préservation de l’environnement, la sécurité alimentaire et l’accès à une alimentation saine et de qualité pour le consommateur, mais aussi dans l’adaptation réglementaire appliquée aux produits bio. A notre niveau nous offrons tout un itinéraire biologique, de la fertilisation à la protection des plantes, en passant par la biostimulation, afin d’agir en amont et garantir une consommation saine aux Marocains.

Quel avantage offre ce genre de pratique à la chaîne de valeur agricole marocaine ?
Les cultures agricoles traitées principalement avec des biointrants limitent les impacts environnementaux (pollution des sols, ressources en eau, etc.) et sont exemptes de résidus chimiques. Avec une production agricole biologique dès l’amont de la chaîne de valeur agricole, on peut participer activement à la création et à la consolidation de filières agricoles durables et saines, notamment sur des cultures majeures pour le Maroc, comme les agrumes, les tomates, etc. Aussi, l’usage des bio-intrants permet aux producteurs marocains d’être plus compétitifs avec une montée en gamme, en proposant des productions agricoles saines et conformes aux attentes du consommateur aussi bien européen, pour l’export, que marocain. Le consommateur marocain est également à la recherche de produits du terroir et produits bio dont la distribution commence à s’organiser.

En tant qu’opérateur du secteur, quels sont les principaux défis à relever pour promouvoir la production bio et démocratiser sa consommation au Maroc ?
Les freins restent principalement la vulgarisation de ces méthodes, le financement et l’accompagnement à la conversion bio, mais aussi les débouchés et l’insertion des productions marocaines naturelles sur le marché international. La réglementation et la taxation de ces intrants agricoles biologiques doivent évoluer rapidement. Enfin pour permettre aux producteurs marocains d’être compétitifs à l’échelle internationale, on devrait envisager des subventions pour tous les biointrants, et encourager la mise en place d’économie circulaire pour valoriser les déchets.

Vous avez fait du Maroc un hub vitrine du savoir-faire et d’excellence. En quoi cette présence vous aide-t-elle à renforcer votre ancrage africain ?
Nous avons choisi le Maroc pour le plus gros de nos investissements, à savoir 850 millions de dirhams en 5 ans. Le Maroc est vite devenu note hub africain avec la création de notre holding africaine à Casablanca «(GreenBiz)». Les motivations sont nombreuses : la situation géostratégique du Maroc, l’infrastructure portuaire et la disponibilité de compétences. Le Maroc est également un hub très dynamique grâce aux politiques agricoles impulsées par le Plan Maroc Vert.

Comment intervenez-vous sur le marché agricole marocain et africain?
Au Maroc nous disposons de plusieurs outils industriels, qui permettent la production d’amendements et d’engrais organiques, la production de biostimulants et de produits de biocontrôle sur l’Agropolis de Meknès. Eléphant Vert Maroc offre une palette de services avec le Lacq pour les analyses du sol et de l’environnement, et la clinique des plantes pour le conseil et l’accompagnement des agriculteurs. Eléphant Vert Maroc capitalise sur un réseau d’une centaine de commerciaux et techniciens pour être au plus près des agriculteurs. Nous accompagnons ainsi nos clients dans leur démarche de transition vers une agriculture saine et durable tout en améliorant la fertilité des sols et la durabilité des pratiques agronomiques.

L’innovation est le fer de lance du Groupe, en quoi se distinguent les solutions proposées par Eléphant Vert ?
La R&D du Groupe Eléphant Vert dispose de plusieurs pôles de recherche spécialisés, capables de proposer des solutions complètes par gamme (amendements et engrais organiques, biostimulants et produits de biocontrôle) pour chacune des filières agricoles, en s’adaptant aux différentes régions pédoclimatiques. Au Maroc, nous avons créé en 2012 la R&D-Maroc grâce à l’engagement de chercheurs passionnés, pour offrir aux agriculteurs des solutions 100% naturelles et performantes. En France, le Groupe a lancé «NILE», une start-up qui détecte des preuves de concept innovantes issues de TPE/PME et laboratoires de recherche et accompagne le développement de produits commercialisables par un soutien financier, humain et une expertise réglementaire et industrielle.

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