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Assurance inclusive : Tout savoir sur les chantiers à venir

© D.R

Amendements réglementaires, simplification des procédures, enquête annuelle….

Après un arrêt forcé en 2020, le Rendez-vous de Casablanca de l’assurance est de retour. Cette 7ème édition dont le coup d’envoi a été donné mercredi 31 mars traite d’inclusion en assurance et résilience aux pandémies. Cette thématique d’actualité enclenche la réflexion autour d’un nouveau modèle assurantiel adapté aux enjeux de l’ère Covid. «Malheureusement, la crise économique provoquée par la pandémie n’a pas épargné le secteur des assurances. Bien qu’il semble aujourd’hui moins impacté que d’autres secteurs d’activité, nous ne ressentirons probablement les répercussions réelles de cette crise sanitaire que plusieurs mois, voire plusieurs années après», souligne dans ce sens Mohamed Hassan Bensaleh, président de la Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurance. «En effet, la pandémie de la Covid a dévoilé les vulnérabilités sociales et économiques.

Elle a en effet accentué la précarité d’une grande masse ne disposant pas de filets de sécurité. Les enseignements tirés de cette conjoncture viennent ainsi renforcer les dispositions de la stratégie nationale d’inclusion financière qui fait de l’assurance un principal pilier. Le chantier d’inclusion financière sous son angle «assurantiel» porte sur la promotion d’une assurance inclusive». Une définition a été donnée, dans ce sens, notamment celle émanant de l’Association internationale des contrôleurs d’assurance (AICA). Cette instance voit l’assurance inclusive comme étant «tout produit d’assurance destiné aux segments du marché exclus ou mal servis en général plutôt que ciblant exclusivement les pauvres et les personnes à faible revenu dans une acception étroite». Sur le plan social, l’assurance inclusive contribuerait de façon effective dans la protection de la population contre la diversité de risques en leur permettant de saisir des opportunités et sécuriser leur moyen d’existence. Dans ce contexte marqué par les incertitudes, de grands défis se posent au secteur des assurances.

Un grand chantier est désormais ouvert sous l’égide de l’ACAPS permettant ainsi d’apporter des réponses adéquates aux besoins de la population en matière de protection sociale conformément aux Hautes orientations royales. L’autorité se penche actuellement sur l’introduction des amendements réglementaires qui favoriseront la simplification des contrats de micro-assurances à travers la limitation des exclusions, un délai d’indemnisation réduit et une simplification des procédures de gestion de contrats et de déclarations en cas de sinistre. A cela s’ajoute l’élargissement des canaux de distribution notamment via les établissements de paiement. Cet engagement est appuyé également par un effort indéniable en matière d’éducation financière. Il est également prévu dès cette année de lancer une enquête annuelle autour de la pénétration de la micro-assurance au Maroc. Cet outil permettra d’établir un baromètre et un état des lieux précis pour suivre l’impact réel auprès des populations cibles ainsi que les mesures engagées afin de les ajuster.

Notons que le Maroc participe avec trois autres pays ( Argentine, Inde et Rwanda) au Lab assurance inclusive (AII). Ce programme international vise le renforcement des capacités en matière de l’assurance inclusive. L’occasion étant d’élaborer des solutions innovantes pour faire progresser le développement des marchés d’assurance des trois pays et plus particulièrement le segment d’assurance inclusive. Rappelons que le secteur national des assurances a fait preuve de résilience en 2020. Les primes de la Non-Vie ont enregistré une évolution de 2,8 % au moment où la branche Vie a enregistré une faible baisse estimée à 0,3 %. Malgré cette résistance, le secteur reste confronté à des problèmes structurels notamment en termes d’encaissement des primes et de la dépréciation de ses actifs. Les entreprises d’assurance ont, cependant, perdu environ 31 % de leurs plus-values latentes au titre de l’exercice 2020.

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Evolution du secteur des assurances à l’ère de la Covid

Abdellatif Jouahri énumère les défis

Pour le gouverneur de Bank Al Maghrib, le secteur de l’assurance se trouve aujourd’hui face à des changements de paradigmes et à des mutations profondes dont certaines ont été enclenchées bien avant la crise. Le premier défi à relever est celui du niveau bas des taux d’intérêt. «Dans le contexte national, les taux bas conjugués à l’étroitesse du marché boursier constituent un véritable défi pour le développement de l’épargne et de certains segments de l’assurance, des enjeux dont nous sommes bien conscients à la banque centrale, et qui font partie des critères d’élaboration des décisions de politique monétaire», relève-t-on de Abdellatif Jouahri. Le deuxième défi cité n’est tout autre que le changement climatique. Le wali de la banque centrale estime dans ce sens que les assureurs doivent tenir compte du verdissement du secteur financier. «Les acteurs de l’assurance sont appelés dans ce sens à s’adapter et à s’approprier cette tendance au lieu de la subir dans les années à venir. Pour eux, c’est d’un double défi qu’il s’agit, tenir compte de l’impact sur l’environnement dans leurs décisions notamment d’investissement, mais également développer une offre permettant de se prémunir ou de se couvrir contre les risques climatiques. Ces derniers sont d’ailleurs souvent d’ordre systémique et la coordination avec les acteurs publics dans le cadre de partenariats public-privé serait le cadre le mieux indiqué pour leur prise en charge», fait-il savoir. La troisième mutation relevée est celle de la transformation digitale. «L’assurance bien sûr n’est pas à la marge de cette révolution. Elle est appelée à l’appréhender pour adapter son organisation, améliorer ses produits et ses modes de commercialisation», indique M. Jouahri. Et de préciser que «le déluge des données qu’engendre cette transformation permet à l’industrie aujourd’hui de mieux évaluer les risques et de concevoir des offres personnalisées et à juste prix». Le wali de Bank Al Maghrib a souligné à ce propos un défi majeur à prendre en considération en termes de digitalisation. Il s’agit en effet de la cybercriminalité qui certes s’avère une menace pour les opérateurs mais qui pourrait constituer une opportunité pour les assureurs du fait qu’elle leur permettra de concevoir et proposer des offres d’assurance, ce qui représente un marché potentiel qui reste à développer.

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Des mesures seront actées les prochains jours

Le CVE se penche sur l’assurance inclusive

Cela été relevé par Mohamed Benchaâboun, la prochaine réunion du comité de veille économique prévue dans quelques jours sera une occasion pour acter de nouvelles mesures dont certaines concernent le secteur de l’assurance. Se référant au ministre de l’économie, des finances et de la réforme de l’administration, ces mesures visent la promotion de l’assurance inclusive qui pourra se développer rapidement en s’appuyant sur de nouveaux canaux de distribution, comme les établissements de paiement, le digital ou le paiement mobile. «D’autres mesures plus structurantes pour la promotion de l’assurance inclusive seront introduites dans le prochain amendement du code des assurances dans l’objectif d’encadrer davantage ces nouveaux produits auxquels d’autres incitations pourraient être accordées», souligne le ministre. Pour Mohamed Benchaaboun, l’assurance inclusive, et plus particulièrement la micro-assurance, «constitue l’un des principaux leviers dans la mesure où elle permet d’atteindre même les plus démunis, qui sont de surcroît les plus vulnérables aux risques». Et de préciser que «cette assurance peut avoir un grand essor grâce à l’innovation et la technologie qui peuvent contribuer à réinventer d’autres formes de protection sociale répondant à de nouveaux besoins exprimés par des personnes sans emploi qui créent leur entreprise, par des retraités bénéficiant d’une pension modeste, des travailleurs non-salariés peu ou moyennement qualifiés subissant des fluctuations de revenus importantes». Le ministre a par ailleurs souligné lors de son intervention les visées sociales que revêt la micro-assurance particulièrement en termes de protection des populations n’ayant historiquement pas accès aux assurances traditionnelles.

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Mohamed Hassan Bensaleh souligne les enjeux

L’assurance, un acteur majeur de résilience

Pour Mohamed Hassan Bensaleh, président de la Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurance ( FMSAR), «les enjeux de l’assurance inclusive n’ont jamais été autant d’actualité aux vues de l’ampleur de la crise socio-économique. L’assurance peut faire une réelle différence en rendant les ménages plus résilients et en favorisant l’activité entrepreneuriale. Les risques non-assurés sont indéniablement un frein à la croissance socio-économique». Il est à souligner que tout un volet est dédié au secteur des assurances dans le cadre de la stratégie nationale de l’inclusion financière en marche depuis 2019. «Les premières expériences réussies ont déjà vu le jour et nous pouvons nous en féliciter. Elles viennent s’ajouter à de belles réalisations lancées depuis plusieurs années avec les assisteurs en collaboration avec les assurances de microcrédit», apprend-on du président de la FMSAR. Et de conclure que «les canaux de distribution classique n’étant pas toujours adaptés à la micro-assurance. Nous devons être créatifs et nous inspirer de l’expérience internationale aboutie». Pour M. Bensaleh, l’enjeu étant de fixer la juste limite entre la micro-assurance et l’assurance classique et de garder les réseaux traditionnels comme canaux de distribution de référence pour la prévoyance et la garantie dommage qui nécessite de l’expertise et du conseil.

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