Le paysage audiovisuel national, sous l’ère de la libéralisation, est plus que jamais d’actualité. BMCE Capital vient d’y consacrer sa note sectorielle du mois de novembre. L’étude est en effet revenue longuement sur le monopole que l’Etat pratiquait sur le secteur. « Après l’indépendance, l’Etat marocain s’est approprié le monopole de la diffusion radiotélévisuelle au Maroc, marquant ainsi, et pour plusieurs décennies, l’inertie de tout un secteur dont le développement s’avère actuellement d’un intérêt stratégique pour le pays ».
Les raisons de cette situation sont essentiellement politiques qui ont fait que le paysage audiovisuel marocain n’a pas connu d’évolution rapide au cours des quarante dernières années. « Sous haute surveillance de l’Etat, ce secteur s’est développé par doses homéopathiques, au gré des considérations de sécurité intérieure et, accessoirement, des soucis d’enjolivement de l’image du pays à l’extérieur ». Une situation qui a beaucoup pénalisé le secteur puisqu’elle a accouché de bipolarité télévisuelle et d’un espace radiophonique qui attend la libéralisation avec impatience. Si la TVM, première chaîne étatique, et qui malgré de nombreux efforts de modernisation n’a pas réussi à relever ce pari, la deuxième chaîne 2M, privée au début puis rachetée en partie par l’Etat, a réussi à chambouler le champ médiatique national dans un premier temps. Mais la plus grande difficulté du secteur, analyse l’étude, réside dans l’insuffisance des ressources financières, notamment publicitaires en raison de l’étroitesse du marché. « La pérennisation de la croissance du secteur passe bien sûr par un élargissement des recettes de la publicité mais aussi et dans un premier temps par un soutien étatique à travers un assouplissement des conditions de création des stations de radio et de télévision ainsi que par des subventions pécuniaires à même d’assurer l’équilibre financier des nouvelles chaînes ».
En parlant d’équilibre financier justement, l’étude de BMCE Capital estime que les supports de radiodiffusion et de télévision au Maroc ont quatre principales sources de revenus, à savoir la contribution en faveur de la RTM, les produits des prestations de services (parrainage, sponsoring, etc.), les revenus publicitaires et les subventions étatiques. « Dans un objectif de renforcement des moyens mis à la disposition des chaînes nationales, une taxe pour la promotion du paysage audiovisuel national -TPPAN- a été instituée à partir de 1997, en abrogation de la contribution en faveur de la RTM. Plus de 60% de cette taxe sur l’audiovisuel sont destinés aux caisses de la RTM tandis que les 40% restant sont répartis entre le Centre cinématographique marocain -CCM- et 2M ». Pour ce qui est du marché publicitaire, il implique, selon la note sectorielle, une variété d’acteurs, à savoir, les annonceurs, les agences de conseil en publicité, les régies (SAP et Régie 3), les médias, les consommateurs et l’Etat, en sa qualité de régulateur.
Le Maroc compte plus de 1 000 annonceurs institutionnels, regroupant principalement des sociétés privées et organismes publics de taille. « Représentant un gisement de croissance considérable, les PME demeurent en retrait en matière de communication.
Les prix des annonces pratiqués par les supports média au Maroc sont relativement “abordables”, du fait de la forte concurrence exercée par la TVM grâce à ses prix compétitifs ». En effet, la réglementation des tarifs, établie par le ministère de l’Information en 1993, traduisait la volonté des pouvoirs publics de faire de la télévision un média rentable et de permettre l’accès des petits annonceurs à la publicité télévisée. Ainsi, ajoute l’étude, depuis plus de deux décennies, cette politique de tarification a eu pour conséquence de niveler vers les bas les revenus du secteur publicitaire, engendrant au passage un phénomène de dumping à l’égard des autres médias.