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Automobile : Corona m’a tué !

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Au Maroc, comme partout ailleurs dans le monde, l’industrie automobile vit les pires moments de son histoire. Et pour cause : la crise liée à la covid-19 a eu des fortes répercussions sur le secteur. Par conséquent, les branches d’activités intégrées dans les chaînes de valeur mondiales ont été les premières à subir le revers.

Partant de ce constat, Policy center for the new south décrypte dans une récente analyse intitulée «Industrie automobile nationale face à la Covid-19 : Faut-il se préoccuper de l’impact sur le compte courant?» les principales conséquences de cette pandémie sur cette activité. Retour sur les éléments saillants de ce document.

Impact sur les exportations et les rentrées en devises

Dans son analyse, le Think Tank Marocain revient sur la situation des exportations du secteur automobile. Il semblerait que durant les 3 premiers mois de l’année, celles-ci se sont contractées de près du quart par rapport à la même période de l’année 2019, avant même que l’état d’urgence et le confinement ne soient décrétés au Maroc. Ce fléchissement a concerné en particulier: les produits finis, notamment ceux de l’assemblage (36%), suivis par les semi-produits (26% pour le câblage et 13% pour les produits « d’intérieur du véhicule et sièges». A fin mai, l’atonie du secteur automobile s’est davantage concrétisée et la baisse des exportations est passée à près de 40% de manière plus prononcée cette fois-ci pour les produits intermédiaires, peut-on lire dans cette analyse. Dans ce contexte, le recul de cette ampleur est équivalent à 13,9 milliards de dirhams sur les 5 mois de l’année. «Si le secteur clôture l’exercice 2020 sur la même contre-performance, le manque à gagner pour le secteur automobile franchirait les 33 milliards de dirhams ou l’équivalent de 3% du PIB», souligne la même source. Du côté de la balance commerciale et le compte courant, ils devraient subir un choc majeur et faire face à une perte conséquente des recettes à l’exportation, d’autant plus que le secteur automobile s’est érigé depuis ces 6 dernières années en une locomotive de croissance des exportations et s’est également positionné à la tête des secteurs exportateurs, devant les activités classiques d’agro-industrie et de phosphates et dérivés, précise Policy Center For The New South. Au niveau mondial, les 5 premiers mois de l’année, le nombre d’immatriculations a reculé de près de 40% en moyenne par rapport à 2019 et d’environ 50% dans les pays les plus touchés par la pandémie. Sur toute l’année 2020, des projections tablent sur une contraction de la demande de véhicules comprise entre 14% et 22%, dans un scénario pessimiste (ndlr. Boston Consulting Group, 2020).

Contre-performances à relativiser

Le contexte est certes morose mais l’effet net de la contre-performance du secteur sur les équilibres externes est à relativiser. Selon le think tank, il peut être moins prononcé, pour deux raisons principales. Premièrement: Le positionnement du Maroc en haut de la chaîne de production, fait de lui un importateur de produits intermédiaires, surtout pour les activités d’assemblage. Ainsi, tout ajustement à la baisse du chiffre d’affaires à l’exportation se traduirait par une réduction proportionnelle des intrants importés, précise le document. Deuxièmement : la prépondérance du capital étranger dans l’écosystème de l’industrie automobile fait que l’atonie de l’activité à l’exportation ne manquerait pas d’affecter la rentabilité des entreprises et in fine leur capacité à rapatrier leurs bénéfices, indique la même source.

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La dépendance du secteur aux intrants importés est de taille

L’automobile est à la tête des secteurs exportateurs les plus dépendants des intrants importés. Ainsi, plus de 58% des exportations du secteur automobile sont des produits initialement importés. Plus encore, 93% des produits intermédiaires destinés au secteur automobile sont automatiquement réexportés et seuls 7% sont destinés à alimenter la production orientée vers le marché domestique. «L’implication de ce constat sur la contribution nette du secteur à la rentrée de devises dans ce contexte pandémique est capitale. Sur les 13,9 milliards de dirhams de contraction des recettes à l’exportation recensés sur les 5 premiers mois de l’année 2020, seuls 5,8 milliards de dirhams sont à retenir effectivement comme un manque à gagner net pour l’économie marocaine en matière de rentrées de devises. Le reste représente en fait des économies d’importations», précise-t-on. L’implantation de Renault depuis 2012 et le positionnement en haut de la chaîne de production a permis à l’industrie automobile dans le pays de se hisser à un niveau supérieur. Plusieurs opérateurs internationaux se sont dès lors installés au Maroc pour desservir l’activité de l’assemblage. Rehausser progressivement le taux d’intégration était parmi les objectifs fixés. Ainsi, les Investissements Directs Etrangers (IDE) dans le secteur ont affiché en moyenne 3 milliards de dirhams sur la période d’après 2012, tandis qu’ils ne représentaient que 900 millions de dirhams entre 2010 et 2011, relève le document ajoutant par ailleurs que la prépondérance du capital étranger dans le secteur est évidente, en attendant l’émergence d’une nouvelle classe d’entrepreneurs nationaux capable de s’approprier la connaissance et la technologie et pénétrer des niches dans le secteur automobile.[/box]

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