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Automobile : DaimlerChrysler : le divorce consommé

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Neuf ans après les noces, Daimler a brisé un tabou en n’excluant pas une séparation de Chrysler, une façon d’ouvrir la voie à un grand bouleversement stratégique pour le constructeur automobile de Stuttgart qui veut se replier sur sa marque-phare Mercedes-Benz.
«Toutes les options sont sur la table», en ce qui concerne l’avenir de Chrysler, a martelé Dieter Zetsche, lors d’une conférence de presse oganisée jeudi à Auburn Hills.
Un aveu d’échec pour cet homme qui a pendant cinq ans tenu les rênes de Chrysler et fut célébré comme le sauveur du constructeur automobile à qui il avait imposé une lourde cure d’austérité. Entre 2000 et 2005, 40.000 emplois avaient été supprimés. Jeudi, il a annoncé une nouvelle restructuration. 13.000 emplois de plus vont disparaître d’ici 2009, soit 16% des effectifs.
Les analystes s’accordent à dire que le divorce n’est pas pour tout de suite. Un assainissement de Chrysler est indispensable pour en faire un candidat attractif à la vente, et cela pourrait prendre plusieurs années. Couper le cordon sera aussi douloureux financièrement. Chrysler est lié par des coûts très élevés des assurances retraites et des dépenses de santé. Les deux autres «big three» de l’automobile aux Etats-Unis, General Motors et Ford, ont pu négocier à la baisse leurs engagements avec le syndicat de l’automobile UAW, Chrysler pas encore. Une séparation forcerait Daimler à régler la facture pour sa filiale. Mais Dieter Zetsche en a incontestablement posé les jalons. «Le signal est important et montre que le groupe n’a pas pieds et mains liés à Chrysler», estime Jürgen Pieper, analyste de la banque Metzler. Le comité d’entreprise allemand a applaudi. Depuis 2006, il exige du conseil de surveillance une alternative au maintien du couple DaimlerChrysler. «Nous voulions nous assurer que le coeur de Daimler soit protégé contre un possible tourbillon financier de Chrysler», souligne le président du comité Erich Klemm dans un communiqué. Avec le temps, «il est devenu clair que le potentiel des synergies entre Mercedes-Benz et Chrysler est limité», juge-t-il. S’il finit par céder Chrysler, Dieter Zetsche, à la tête de Daimler-Chrysler depuis un an et demi, démontera complètement l’oeuvre de son prédécesseur, Jürgen Schrempp, qui voulait transformer la firme de Stuttgart en un géant mondial de l’automobile.
La vision d’une Welt AG avait déjà subi un cuisant revers en Asie: en 2005, le groupe s’était séparé d’une part minoritaire du sud-coréen Hyundai Motor, avec qui il coopérait dans les véhicules utilitaires, et surtout complètement retiré du capital du groupe japonais en crise Mitsubishi Motors. Jürgen Schrempp avait, en son temps aussi, dilapidé l’héritage de son prédécesseur Edzard Reuter, dont la vision d’un grand conglomérat aux technologies croisées, diversifié dans l’automobile, l’aéronautique, les services financiers et l’électroménager, s’était avéré un échec onéreux.
Pour Dieter Zetsche, l’heure est aussi venue d’opérer un virage stratégique, en se repliant sur Mercedes-Benz. Après avoir aussi subi une sévère restructuration en Allemagne, la marque à l’étoile est sortie du rouge en 2006 : le Mercedes Car Group (marques Mercedes, Smart, Maybach) a engrangé un bénéfice d’exploitation de 2,415 milliards d’euros.

Isabelle Le Page
(AFP)

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