Entretien avec Bachir Baddou, directeur général de la FMSAR
Casablanca abrite à partir de ce mercredi la 8ème édition du Rendez-vous des assurances. Cet événement de deux jours se veut un rendez-vous important pour les opérateurs d’assurance en Afrique. Il constitue un carrefour pour les acteurs du marché afin de débattre des enjeux et perspectives du secteur. Après l’assurance inclusive, la thématique choisie pour cette 8ème édition porte sur l’assurance durable et l’élargissement de la couverture santé. Un sujet qui s’impose dans ce contexte conjoncturel particulier. A cet égard, des experts nationaux et internationaux partageront leurs expériences et contribueront à la réflexion autour de cette thématique. Dans cet entretien, Bachir Badou, directeur général de la Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurance (FMSAR), instance organisatrice de l’événement, revient sur les principaux axes qui seront abordés durant ce rendez-vous
ALM : Casablanca s’apprête à accueillir la 8ème édition des Rendez-vous de l’assurance. Pourquoi avoir choisi l’assurance durable et l’élargissement de la couverture santé comme thème de cette manifestation?
Bachir Baddou : Il est important de souligner que les sujets que nous traitons chaque année au RDV de l’assurance sont intimement liés à l’actualité de notre secteur.
Le premier sujet qui anime nos réflexions et nos débats actuellement est l’élargissement de la couverture santé pour y intégrer la majorité de nos concitoyens. Sa Majesté le Roi a tracé la voie et il appartient à l’ensemble des parties prenantes de jouer pleinement leur rôle. Notre secteur étant un acteur incontournable de l’assurance santé, il aura un positionnement à trouver dans cette nouvelle configuration.
En ce qui concerne le développement durable, nous avons un rôle important à jouer pour être un acteur écoresponsable à un moment où le changement climatique impacte nos assurés et exacerbe les facteurs d’incertitude.
Nous devons d’une part offrir des couvertures d’assurance qui puissent amortir les chocs liés à certains phénomènes climatiques, mais aussi orienter nos investissements vers des projets énergétiques propres et vers des valeurs écologiques et socialement responsables.
Comment peut-on définir l’assurance durable? Quel rôle joue-t-elle dans le développement du pays ?
Le développement durable est avant tout la volonté de construire un développement qui répond aux besoins des générations actuelles sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres aspirations.
Il s’agit donc de notre responsabilité sociale et environnementale qui se traduit pour les assureurs par plusieurs actions qui peuvent en grande partie se résumer dans les cinq axes suivants : Garantir la maîtrise du coût des sinistres face aux nouvelles menaces climatiques et technologiques, mettre en place des programmes de prévoyance et d’assurance incitatifs à l’économie d’énergie et à la prévention des risques pour assurer une prise de conscience de notre clientèle.
Il est également question de réaliser des économies sur le fonctionnement de nos organisations pour réduire leur impact énergétique en sensibilisant notamment nos collaborateurs à des gestes écoresponsables ainsi que de participer à la réduction des vulnérabilités économiques et sociales en développant la micro-assurance.
Le cinquième axe porte quant à lui sur l’investissement dans des entreprises en fonction, non seulement de leur performance financière, mais aussi d’une appréciation de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance.
Le Maroc s’est engagé, depuis la COP 22, à développer une finance inclusive et durable. Qu’est-ce qui a été fait de concret sur le plan assurantiel ?
Les entreprises d’assurances ont investi dans l’ensemble des fonds verts et écologiques qui ont été lancés à la suite de la COP 22 et ont accompagné des expériences intéressantes.
Le problème est que l’écosystème de la finance «durable» n’est pas encore totalement achevé et quelques briques manquent encore pour lui donner un coup d’accélérateur.
Toutefois, il est important de souligner que la banque centrale, l’AMMC et l’Acaps ont des feuilles de route en cours de déploiement pour parachever le dispositif.
Enfin, je tiens à préciser qu’un grand nombre d’entreprises d’assurances sont labélisées RSE et donc s’inscrivent pleinement dans l’ensemble des principes liés au développement durable.
Comment se développe la couverture santé au niveau national et sur quoi faut-il capitaliser pour assurer un développement optimal de cette branche ?
Avant l’avènement de l’AMO en 2005, seules les compagnies d’assurances offraient des couvertures santé aux entreprises du secteur privé.
A partir de 2005, un grand nombre de sociétés est resté assuré auprès de notre secteur représentant plusieurs millions de bénéficiaires de prestations.
Il convient de capitaliser sur cette expérience et expertise accumulées au fil des décennies pour les mettre à profit de l’élargissement de la couverture santé.
Nos organisations deviendront à l’avenir de plus en plus des assureurs complémentaires mais il faudra prendre le temps pour le faire de manière concertée pour permettre à nos assurés de maintenir la même qualité de service et préserver au moins le même niveau de couverture dont ils disposent aujourd’hui. Nous assurons par ailleurs une grande proximité avec les assurés par notre réseau de distribution qui couvre l’ensemble du territoire national.
Quelle place occupe la digitalisation dans cette dynamique que connaît le secteur ?
Le digital n’est plus un luxe ou un sujet de réflexion. La transformation digitale de nos organisations est en marche et plusieurs services ont déjà subi de profondes transformations. Nous devons capitaliser sur la puissance du digital pour construire un dispositif de couverture santé qui intègre l’assurance de base, la complémentaire et qui les met en interaction avec l’ensemble des prestataires de soins. Un sacré programme dans lequel nous sommes disposés à nous engager.