Le Haut Commissariat au Plan a annoncé le 7 août dernier une baisse du taux de chômage dans le Royaume à 9,1% au deuxième trimestre, contre 9,6% au premier trimestre. Le Maroc compte donc 1,03 million de sans-emploi, contre 1,06 million à la fin du mois de mars. Ce chiffre s’élevait à 9,8% à la fin 2007, en hausse de 0,1% comparé à 2006. Les régions urbaines ont connu une croissance forte, et parmi les secteurs dynamiques, les services et les BTP apparaissent comme la locomotive de la création d’emplois.
Le secteur des services a généré quelque 152 000 postes, s’appuyant sur l’excellente santé de l’externalisation des processus d’affaires et des télécoms. Par ailleurs, les grands chantiers d’infrastructures gouvernementaux, ainsi que l’investissement privé dans l’immobilier et le tourisme ont propulsé le secteur de la construction, qui a fourni 80 000 nouveaux emplois au deuxième trimestre. Les chiffres avancés devraient satisfaire à la fois le gouvernement et les organisations internationales. Certains restent toutefois sceptiques et mettent en doute leur fiabilité, dans la mesure où ils ne tiennent pas compte des personnes qui ne sont pas déclarées officiellement sans emploi, et donc de l’évolution du chômage dans le secteur informel. Néanmoins, la tendance est positive. Le Maroc affiche un taux de chômage inférieur à ceux qui sont observés dans les pays voisins –13,9% en Tunisie et 12,3% en Algérie –mais il n’en demeure pas moins une urgence absolue, pour des raisons d’ordre économique et social. Selon un rapport gouvernemental, le royaume a besoin de créer 40 000 emplois chaque année au cours des deux prochaines décennies afin de pouvoir procurer du travail à ses citoyens. Le rapport suggère que, la montée du chômage et de la pauvreté pourrait être à l’origine d’un malaise social, une situation que tout pays souhaite naturellement esquiver, et qui s’avèrerait particulièrement grave pour le Maroc, puisqu’elle mettrait en jeu la réputation bien établie de stabilité du pays. En outre, au regard des difficultés que connaissent les entreprises de construction espagnoles, le Maroc pourrait bientôt avoir à relever le défi d’un retour massif des travailleurs qui ont traversé le détroit de Gibraltar, ce qui accentue la pression sur les autorités pour qu’elles créent des nouveaux emplois. Aujourd’hui, 30,5% de la population marocaine (estimée à 34,3 millions d’habitants) a 14 ans ou moins, selon l’Agence centrale de renseignement (CIA), et l’insertion des jeunes dans le monde du travail est un des objectifs prioritaires du gouvernement. Les données pour 2007 indiquent que 17,6% des jeunes âgés entre 15 et 24 ans sont à la recherche d’un emploi. La situation est pire dans les villes où plus d’un jeune sur trois dans cette tranche d’âge est sans emploi. Dans les zones rurales, les jeunes trouvent souvent un emploi dans l’agriculture, notamment dans la ferme familiale, dès qu’ils quittent le système scolaire, ce qui explique en partie le taux d’emploi élevé (le faible taux de chômage officiel contribue aussi à ce résultat).
Les efforts consentis par le gouvernement en vue de diminuer les effectifs de fonctionnaires ont permis de réduire les dépenses publiques tout en rendant la vie plus facile au secteur privé. En 2006, par exemple, le gouvernement a mis en place un vaste programme de départs volontaires visant les salariés du secteur public, l’objectif étant de ne pas remplacer les départs à la retraite.
Néanmoins, ce type de programme suscite une certaine inquiétude des classes moyennes et des jeunes diplômés, qui aspirent à une place sûre au sein de la fonction publique en récompense à leurs études universitaires.
Par conséquent, la croissance de l’emploi dans le domaine de l’externalisation des processus d’affaires et autres domaines techniques, qui tendent à embaucher les jeunes diplômés, est bienvenue. Si cette croissance continue sur sa lancée, les efforts consentis par le gouvernement visant à réduire la lourdeur bureaucratique se verraient alors justifiés, dans la mesure où ces industries ont tendance à s’implanter dans des pays offrant un cadre réglementaire souple et un taux d’imposition faible. En effet, l’économie mondiale devient de plus en plus compétitive, en particulier pour les services comme l’externalisation des processus d’affaires, et les autorités auraient tout à gagner d’un renforcement des réformes portant sur l’offre de l’économie pour assurer que le pays reste attractif pour l’investissement, surtout au niveau des services.
Les pays, à l’instar du Maroc, qui ont libéralisé leur marché du travail en facilitant l’embauche et le licenciement, affichent, dans la plupart des cas, un taux de chômage plus faible. Ainsi, l’allègement de la pression fiscale et de la lourdeur bureaucratique permettent de stimuler la création d’entreprises et d’emplois. Quoiqu’il en soit, l’importance des échanges commerciaux entre le Maroc et l’Union européenne favorise la croissance des industries orientées vers l’exportation, bien que les relations commerciales entre les pays du Maghreb restent sous-exploitées – il s’agit là d’une opportunité importante en termes de création d’emplois à condition de donner libre cours aux échanges commerciaux.
La libéralisation de l’économie marocaine a permis de créer des emplois et de relancer la croissance, suite à une année difficile en 2007. La poursuite du développement d’une politique axée sur la compétitivité et la flexibilité permettra au pays de continuer son essor, et par la même occasion, de fournir des emplois aux jeunes.
• Oxford Business Group