Pour la première fois depuis 1994, le revenu par habitant sera en baisse en 2009 en Afrique, continent le plus pauvre du monde «où le pire est peut-être à venir», selon la Banque africaine de développement (BAD). «Nos perspectives économiques pour l’Afrique prévoient qu’en 2009, et pour la première fois depuis 1994, la croissance du revenu par habitant sera négative pour le continent pris dans son ensemble», a indiqué, mardi, à Dakar le président de la BAD, le Rwandais Donald Kaberuka. Cette baisse touchera aussi bien «les économies riches en pétrole et minerais que les pays dépendants de leurs exportations agricoles».
Il s’exprimait lors d’une table-ronde consacrée aux effets de la crise mondiale sur l’Afrique juste avant la tenue, mercredi et jeudi, des assemblées annuelles de la BAD. Le président de la BAD n’a pas donné de chiffres sur cette «croissance négative» du revenu par habitant. Mais un document de la BAD, publié mardi, affirme que «le pire est peut-être à venir» car «il apparaît que même le taux de croissance modeste de 2,8% (pour l’Afrique en 2009) prévu en février (et contenu dans un rapport conjoint OCDE-BAD publié lundi) aurait été optimiste». «Les prévisions révisées de mai montrent un taux de 2,3% (contre 5,7% en 2008). Autrement dit, pour la première fois depuis 1994, le revenu par habitant va régresser dans bien des pays et dans le continent en moyenne», selon ce document intitulé «L’Afrique et la crise économique mondiale, stratégies pour préserver les fondements de la croissance à long terme». «Le point le plus préoccupant est qu’avec l’approfondissement de la récession, la crise de croissance peut se transformer en crise de développement. La crise peut remettre fondamentalement en cause le programme de réduction de la pauvreté du continent», souligne le texte. Selon ce document, citant des études d’autres institutions, il y aura «27 millions de nouveaux pauvres en Afrique en 2009» et «28 millions d’emplois en péril». Dans le même temps, il y a «des pertes énormes en revenus d’exportation, des pertes colossales en recettes fiscales et des réserves qui baissent dangereusement». Le président du Burkina Faso Blaise Compaoré a confirmé ces craintes, au cours d’une table-ronde à Dakar: «Les ressources affectées aux secteurs sociaux comme la santé et l’éducation, qui occupent une place primordiale dans nos efforts de lutte contre la pauvreté, connaîtront indéniablement des réductions significatives». Mais pour lutter contre la crise, il a appelé l’Afrique à «renforcer la crédibilité politique de (ses) Etats et (leur) attachement à la promotion d’une gouvernance vertueuse et responsable».