Au risque de nous répéter et d’être taxés de pessimistes dans cette ambiance générale à l’autosatisfaction, osons aller à contre-courant et fixer un œil objectif sur cette croissance à deux chiffres. D’après le ministre, le bilan serait positif.
L’on n’en veut pour preuve que les nombreuses annonces faites ces dernières semaines autour des arrivées et des nuitées. Pourvu que cela dure. Mais, dans le fond, que cache cette embellie ?
Les chiffres bruts étant ce qu’ils sont, il est difficile d’y voir clair.
Que l’on enlève du lot le poids dominant des MRE et le nombre de touristes qui passe de 5,3 millions à 2,3 millions, chiffre qui correspond à la situation d’avant l’an 2000 !
Que l’on remarque que les charters – l’un des indicateurs les plus fiables pour faire part de la santé d’une destinaion- sont en stagnation quand ils ne reculent pas dans certaines destinations comme Agadir, et c’est toute l’euphorie d’Essaouira qui en prend un sacré coup.
En effet, l’on ne peut imaginer une croissance à deux chiffres avec une stagnation de leur premier moyen de transport.
A moins que les touristes en augmentation n’aient emprunté les vols réguliers. Ou bien encore, que ces touristes n’aient passé par Sebta et Mellila –le temps d’une emplette- ou au port de Tanger – dans le cadre de l’opération Transit. Que de si !
Afin de rendre la lecture de la conjoncture plus claire, pourquoi ne pas revenir à la règle de comptabilité d’il y a tout juste un peu plus de trois ans, quand les MRE, les marchands qui font la navette entre Sebta et Mellila étaient considérés comme de simples mouvements saisonniers et non pas comme des touristes ? Et pourquoi faire le distingo d’une part entre les recettes de voyages et les transferts des MRE et d’autre part, les confondre dans la même rubrique?
Le ministère du Tourisme a bien annoncé que pour la première fois, nous allons atteindre 40 milliards de recettes touristiques cette année, et finir devant les transferts des MRE. Pourquoi, pour calculer les arrivées, doit-on additionner ces deux populations. Pour les besoins de la vision 2010 !