Si la ville de Fès a frôlé un drame de grande ampleur dimanche suite à l’effondrement d’un immeuble, Casablanca n’a pas pu échapper, le lendemain, à un incident identique.
Lundi matin, les habitants du Quartier Californie de l’arrondissement de Ain Chock ont été témoins d’une scène morbide et qui avec peu de vigilance aurait pu être évitée. Une partie d’un immeuble de quatre étages, en construction, s’est écroulée faisant un bilan définitif de deux morts et trois blessés. Les victimes sont dans l’ensemble des ouvriers du chantier. Un peu plus loin de Casablanca, certains bruits font écho d’un autre effondrement à Tinghir. Une partie d’une mosquée se serait affaissée faisant deux morts et un blessé. Face à une telle situation, la sécurité dans les chantiers du BTP revient en débat. L’urgence étant de connaître le degré d’intégration de la notion de la sécurité dans les chantiers au Maroc. «Je peux vous dire que par rapport au secteur du BTP l’informel joue un rôle très douloureux. Par contre je ne pourrai pas me prononcer concernant ce qui s’est passé ces dernières 48 heures. Pour le faire il faudrait tout d’abord s’assurer si ces chantiers sont supervisés par une entreprise ou par de simples tâcherons. Or nous ne disposons pas de ces détails», affirme à ALM Ikram Alaoui, responsable communication et système d’information à la fédération nationale du bâtiment et travaux publics (FNBTP). Et de poursuivre que «nous ne pouvons pas en vouloir au promoteur ou au maître d’ouvrage. Ce sont des sinistres de chantier qui arrivent malheureusement partout dans le monde éventuellement en temps d’intempéries».
Le constat …..
Un énorme flou autour de la question de la sécurité dans les chantiers BTP. L’absence de statistiques en est la principale cause. Aussi, l’implication des pouvoirs publics par rapport à la responsabilité des contrôles reste ambiguë. Bien que la problématique de prévention soit présente dans le secteur, le coût de la sécurité n’est pas pris en compte lors de la conclusion des marchés.
Aussi les chefs d’entreprises ne semblent pas assumer leur responsabilité en cas d’accident. Du côté des ouvriers, le fatalisme s’érige en principale contrainte. Souvent, les travailleurs ne revendiquent pas les mesures de sécurité et par conséquent ne respectent pas les consignes. Autre constat : une grande masse d’ouvriers est non qualifiée, voire occasionnelle, d’où le besoin d’un effort spécifique pour les engager sur la voie de la sécurité. Aussi, le souci de la productivité et du respect des délais, combinés avec la décentralisation de la gestion de la production rejettent souvent à l’arrière-plan les impératifs de sécurité.
Les urgences ……
Le secteur du BTP se dotera bientôt d’un contrat-programme. Ce dispositif, dont la signature est prévue prochainement, soulignera, entre autres, l’importance de la sécurité dans les chantiers du BTP. En attendant, des perspectives se tracent en vue d’assurer aux ouvriers un environnement de travail sécurisé. Ceci passe avant tout par la certification des entreprises, en introduisant notamment le critère de sécurité dans le système de classification des entreprises. L’urgence étant également d’intégrer contractuellement la sécurité à travers l’instauration de plans «Assurances sécurité». «Cette intégration facilitera l’introduction des sanctions qui sont un élément important d’incitation pour les entreprises et pour les salariés», apprend-on de la FNBTP. La production des outils de sensibilisation figure sur la feuille de route des professionnels du BTP. L’ambition étant de mener une campagne de sensibilisation forte et ambitieuse sur le thème de la sécurité à l’attention de non adhérent. Ceci devrait se faire à travers les affiches, les posters, les caravanes itinérantes et les guides simplifiés.
Les actions …..
Etant une force décisionnelle, la FNBTP place la promotion de la sécurité comme marque de citoyenneté de l’entreprise. «Cette approche est illustrée dans la Charte de responsabilité sociale citoyenne de l’entreprise du BTP. Cette Charte est signée par toutes les entreprises adhérentes et les engage à respecter les règles d’hygiène et de sécurité dans les chantiers», apprend-on de la fédération. Aussi, la FNBTP propose à ses membres désireux de développer leurs pratiques pour réaliser un diagnostic gratuit du degré de respect des normes de sécurité. Ceci porte, en l’occurrence, sur l’accompagnement d’une entreprise durant une demi-journée sur un des chantiers afin d’identifier les risques à la santé et à la sécurité et les moyens de prévention. La formation continue figure également parmi les actions phares menées sur le terrain. «Des séminaires de formation sont régulièrement tenus portant sur les mesures de sécurité sur un chantier de BTP, les risques du travail en hauteur, les responsabilités légales et les méthodes d’analyse d’accident / incident», souligne la FNBTP.
Zoom sur l’industrie du BTP |
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• Un tissu où les Petites et moyennes entreprises sont prépondérantes • Une dizaine de grandes entreprises avec un chiffre d’affaires supérieur à 600 MDH • 576 entreprises de taille intermédiaire réalisant un chiffre d’affaires entre 100 et 600 MDH • 3705 PME ayant un chiffre d’affaires entre 10 et 100 MDH • 8.700 TPE réalisant un chiffre d’affaires inférieur |