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BIENTÔT UN RÉACTEUR NUCLÉAIRE DE L’US ARMY POUR LE MAROC ?

© D.R

La Maison Blanche invitée par un think tank influent à promouvoir une nouvelle technologie à partir du Royaume

Energie. Et si la prochaine étape du partenariat entre le Maroc et les Etats-Unis concernait l’énergie nucléaire? En tout cas, le think tank américain Middle East Institute invite la Maison Blanche de transmettre une toute nouvelle génération de microréacteur nucléaire développé par l’US Army au Maroc. Les détails.

Nom de code: Projet Pele. Il faut bien retenir ce nom qui pourrait faire la Une des journaux des deux côtés de l’Atlantique très bientôt. Il s’agit d’un programme du gouvernement américain visant à développer un prototype de microréacteur mobile. Baptisé «Project Pele», ce programme est piloté par le Bureau des capacités stratégiques (SCO) du département de la défense américain. Le microréacteur mobile de 1 à 5 MW du SCO devrait être testé dans les prochains mois courant 2024 au Laboratoire national de l’Idaho.

Un effort inter-gouvernemental impliquant le Département américain de l’énergie (DOE), la Commission de réglementation nucléaire, le Corps des ingénieurs de l’armée américaine, la National Aeronautics and Space Administration (NASA) et la National Nuclear Security Administration. Destiné à «renforcer la résilience énergétique et réduire les émissions de carbone» pour les forces armées américaines, ledit projet sera également adapté pour un «usage commercial». Quel intérêt pour le Maroc? Le think tank américain Middle East Institute pense que le Royaume pourrait jouer un rôle dans la diffusion de cette nouvelle technologie US.

«Alors que le prototype du réacteur Pele est actuellement réservé uniquement à une démonstration aux États-Unis sous la supervision du département américain de l’énergie (DOE), le département de la défense décidera à une date prochaine de l’implémentation de la technologie et de son utilisation commerciale pour un usage industriel dans le secteur privé», précise le professeur Michaël Tanchum, chercheur non résident du programme d’économie et d’énergie du Middle East Institute. Et de poursuivre: «Alors que les implications sécuritaires du changement climatique deviennent de plus en plus criantes, Washington devrait engager la posture avant-gardiste de Rabat pour trouver des solutions à la pénurie d’eau.

L’option nucléaire faisant déjà partie du portefeuille de solutions possibles du Maroc pour résoudre ce trilemme alimentation eau- énergie, la Maison Blanche devrait réfléchir à la manière d’engager Rabat en tant que partie prenante dans la diffusion de la 4ème technologie nucléaire mobile des États-Unis». Pour le think tank Middle East Institute et Pr Michaël Tanchum, «l’utilisation de sources d’énergies renouvelables, en particulier l’énergie solaire et éolienne, pour résoudre le trilemme alimentation-eau-énergie repose en définitive sur la capacité des technologies à fournir des solutions réalisables à grande échelle pour répondre aux besoins immédiats. Les unités mobiles de dessalement alimentées par la production d’énergie nucléaire modulaire peuvent fournir des solutions plus facilement déployables à mesure que l’urgence de la crise alimentaire et hydrique dans la région MENA s’accélère en raison du changement climatique».

Partenariat nucléaire stratégique

C’est pour cette raison que le think tank pense que la nouvelle technologie offre une opportunité pour un partenariat nucléaire stratégique entre les Etats-Unis d’Amérique et le Royaume du Maroc. La nouvelle technologie pourrait ainsi être utilisée dans le domaine du dessalement de l’eau de mer. Pour rappel et en marge du deuxième Sommet et Forum économique Afrique-Russie, tenu les 27 et 28 juillet à Saint Pétersbourg, Rusatom Smart Utilities, une filière du géant russe du nucléaire Rosatom, et la société

marocaine Water & Energy Solutions avaient signé un protocole d’accord. Sur la base de ce document, les deux parties prévoient de coopérer pour la mise en oeuvre de projets de dessalement, de conditionnement et de purification de l’eau. S’exprimant à l’occasion, Kirill Komarov, premier directeur général adjoint pour le développement et les affaires internationales de la State Atomic Energy Corporation Rosatom, a souligné le problème de manque de ressources en eau auquel le monde fait face.

« Afin de résoudre ce problème, des efforts conjoints considérables sont nécessaires de la part des pouvoirs publics et des entreprises mondiales qui disposent des compétences nécessaires», a indiqué le responsable. Et de noter que le mémorandum signé avec Water & Energy Solutions permettra d’élargir la coopération avec le Maroc dans le domaine du dessalement et du conditionnement de l’eau. «Il stipule une possibilité de mise en oeuvre de projets communs avec l’application des technologies de Rosatom visant à fournir de l’eau verte au secteur de la production et à la population de la région», a-til dit.

Saluant cette initiative, Mohammed Amine Cherkaoui, président du conseil d’administration de Water & Energy Solutions, a noté que «la relation de confiance est une des valeurs clés dans un monde en pleine mutation ; la signature du mémorandum en est un parfait exemple. La Fédération de Russie tient parole et se montre prête à aider et à partager son savoir-faire avec nos pays. Le fait que Rosatom ait décidé de travailler avec le Royaume du Maroc est une excellente preuve que nous pouvons et voulons nous développer ensemble en nous aidant les uns les autres pour fournir de l’eau verte à un prix abordable.» La société nationale de l’énergie atomique Rosatom a accumulé une expérience considérable dans la création d’unités de dessalement et de conditionnement de l’eau pour le secteur industriel et pour la consommation des populations.

Les solutions d’ingénierie et les équipements des entreprises du groupe dans le domaine de la purification de l’eau pour le secteur de l’énergie, les installations industrielles et pétrochimiques sont aujourd’hui utilisés en Russie et dans le monde. Pour le think tank US, Water and Energy Solutions, qui a signé le protocole d’accord avec la filiale de dessalement de Rosatom, met un accent particulier sur le développement d’unités mobiles de dessalement de l’eau pour fournir de l’eau douce à la demande dans les endroits en difficulté. «La nature compacte de la production d’énergie nucléaire pourrait être très bien adaptée à cette tâche», conclut Middle East Institute.

DESSALEMENT

Stations. La capacité globale installée de 12 stations existantes de dessalement de l’eau de mer s’élève à l’heure actuelle à 179 millions m3 par an, auxquels s’ajoutent quelque 37 millions de m3 issus du dessalement des eaux saumâtres, avait indiqué récemment le ministre de l’équipement et de l’eau, Nizar Baraka. Cette capacité de production vient d’être renforcée par 110 millions de m3 à la faveur des apports de deux stations de Safi et Jorf Lasfar réalisées par l’Office Chérifien des Phosphates (OCP) en vue d’approvisionner les villes de Safi et d’El Jadida en eaux potable et industrielle, a précisé M. Baraka dans une réponse à une question orale à la Chambre des représentants, lue en son nom par le ministre du transport et de la logistique, Mohamed Abdeljalil. Le ministre a souligné que cette capacité se développera dans les prochaines années avec des projets en cours de lancement ou de mise en service notamment à Sidi Ifni, Tarfaya, Dakhla et Casablanca, notant que plusieurs stations sont actuellement en cours de réalisation, la plus importante étant celle de Casablanca-Settat, avec une capacité de 300 millions m3/an et dont la première phase de construction se fera dans le cadre d’un partenariat public-privé (PPP). A ce propos, M. Baraka a relevé que des projets futurs de dessalement devraient voir le jour à travers des PPP, lesquels constituent, selon lui, un moyen efficace pour mettre à profit les compétences créatives du secteur privé dans ce domaine, développer le niveau des études et des ouvrages en la matière et s’assurer d’une offre de services et de prestations de qualité dans un cadre contractuel tout en les livrant dans les délais escomptés.

Lancement

Le Maroc prévoit le lancement d’autres projets de dessalement de l’eau de mer, conformément aux Hautes orientations royales visant à porter la capacité de production à 1 milliard m3/an à l’horizon 2030.

Pionnier

Le Maroc a adopté depuis les années 1970 la technique de dessalement afin d’alimenter ses provinces du Sud en eau potable, en raison de la rareté des ressources hydriques conventionnelles à travers la construction de petites et moyennes stations dont celles de Laâyoune, Boujdour et Tan-Tan.

Sécheresse

La succession des épisodes de sécheresse, ces deux dernières années, a révélé la précarité du système hydraulique dans le Nord et le Centre du pays, ce qui nous impose de diversifier les sources d’approvisionnement notamment le dessalement qui a permis d’alimenter plusieurs régions du Royaume en eaux potable et d’irrigation dont la ville d’Al Hoceima et la région du Grand Agadir.

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