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Blé tendre : le Maroc va importer 2,5 millions de tonnes

© D.R

Céréales. Le Maroc compte sécuriser ses stocks en céréales à l’approche du mois sacré de Ramadan. Une décision vient d’être prise pour mettre en place, au profit des opérateurs, un système de restitution à l’importation du blé tendre. Les détails.

En attendant les premières prévisions sur les cultures céréalières pour la campagne agricole en cours, le Royaume continue de s’approvisionner sur le marché international. Ainsi, une décision conjointe du ministère de l’économie et des finances et du ministère de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, relative à la prime forfaitaire du blé tendre importé, a été dévoilée. Dans les détails, les responsables ont décidé de mettre en place, au profit des opérateurs, un système de restitution à l’importation du blé tendre entre le 1er janvier 2024 et le 30 avril 2024 pour une quantité maximale de 25 millions de quintaux y compris la tolérance admise en quantité de +10% (l’équivalent de 2,5 millions de tonnes).

Concrètement, la prime forfaitaire concerne exclusivement les quantités de blé tendre panifiable importées par les organismes stockeurs (commerçants en céréales et légumineuses, coopératives agricoles marocaines (CAM) et leur Union), ainsi que les minoteries industrielles tels que définis respectivement par la loi n° 12-94 relative à 1’Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL) et à l’organisation du marché des céréales et des légumineuses. La décision concerne également les quantités importées exclusivement entre le 1er janvier 2024 et le 30 avril 2024. Les quantités engagées et chargées après le 30 avril 2024 pour cause de force majeure bénéficieront de la restitution appliquée au mois d’avril 2024. Le cas de force majeure sera examiné par le Comité du suivi de l’approvisionnement du pays en blé tendre importé composé des représentants du ministère des finances, ministère de l’agriculture et de l’ONICL.

Dispositif
Le montant de la prime forfaitaire est calculé, chaque mois, sur la base des types de blé et des éléments disponibles. Le prix de revient moyen retenu, pour le calcul de la prime forfaitaire, correspond à la moyenne des deux origines les plus basses des prix de revient calculés pour les origines Allemagne, Argentine, France et USA et ce, dans le cas où l’écart entre les prix de revient des deux origines les plus basses ne dépasse pas 30 DH/ql. Dans le cas où cet écart dépasse 30 DH/ql, le prix de revient moyen retenu, pour le calcul de la prime forfaitaire, correspond à la moyenne mensuelle du prix de revient de l’origine la plus basse majorée de 15 DH/ql. Pour l’origine française, le prix de revient retenu est le minimum des prix de revient des trois types du blé tendre français. Pour l’origine USA, le prix de revient retenu est le minimum des prix de revient des deux types du blé tendre américains.

Pour un mois donné et pour un type de blé tendre donné, la moyenne des prix de revient à considérer doit tenir compte d’au minimum 10 observations (cotations) disponibles. La prime forfaitaire à restituer par l’Etat correspond à la différence entre le prix de revient moyen sortie du port du mois et le prix de 270 dirhams par quintal. La prime forfaitaire pour un mois donné est appliquée aux importations dont le chargement, à partir du port de provenance, a eu lieu entre le 1er et le dernier jour du même mois tel qu’attesté par le Connaissement (date émission). Le calcul du montant de la prime forfaitaire à percevoir par l’importateur est effectué par une commission siégeant au ministère de l’économie et des finances. Elle est composée de représentants de ce département, du ministère de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts et de l’Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses.
La commission se réunit au plus tard le troisième jour ouvrable suivant la fin de chaque mois pour déterminer le montant unitaire de la prime forfaitaire à l’importation à mettre en place durant le mois suivant. Les données à prendre en considération pour le calcul de la prime forfaitaire à appliquer durant le mois correspondent aux données disponibles du mois précédent.

Importations
L’Europe demeure le principal marché émetteur des exportations de blé tendre vers le Maroc. Le Royaume a importé 315.587 tonnes de blé tendre en décembre dernier. La France arrive en tête des exportateurs avec 89.100 tonnes. Elle est suivie de la Lituanie avec 81.901 tonnes alors que la Russie occupe la troisième place du podium avec 81.346 tonnes.
La Pologne et l’Allemagne sont respectivement quatrième et cinquième dans la liste des exportateurs du blé tendre vers le Maroc avec des quantités débarquées de 33.000 tonnes et 30.240 tonnes chacune. En 2022, les importations des céréales se sont chiffrées à 8,8 millions de tonnes (MT), marquant une hausse de 23,2% en glissement annuel, selon l’Agence nationale des ports (ANP). L’analyse de la répartition de ce trafic par port fait ressortir une forte concentration de cette activité au port de Casablanca avec un volume de 4,7 MT, représentant environ 53,6% du trafic global des céréales (soit une hausse de 10,3%), avait précisé un rapport sur l’activité des ports de commerce gérés par l’ANP. Les importations en cette denrée dans les autres ports ont aussi enregistré des variations plus ou moins importantes, à savoir Jorf Lasfar (+48,2%), Agadir (+32,9%), Nador (+32,9%) et Safi (+44,3%), avait ajouté la même source.

L’évolution de ces importations, explique l’ANP, est due notamment aux «conditions climatiques défavorables ayant entraîné une forte baisse de 67% de la production nationale des principales céréales (blé tendre, blé dur et orge) au titre de la campagne 2021/2022, dont le volume n’a pas dépassé les 34 millions de quintaux».
La production des céréales principales (blé tendre, blé dur et orge), au titre de la campagne agricole 2022/2023 avait été estimée à près de 55,1 millions de quintaux (Mqx), contre 34 Mqx en 2021/2022, selon le ministère de l’agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts.

Il s’agit ainsi d’une hausse considérable de l’ordre de 62% par rapport à la campagne précédente, précise le ministère dans un communiqué, faisant savoir que cette production est issue d’une superficie semée en céréales principales de 3,67 millions d’hectares contre 3,57 millions hectares en 2021/2022, soit une hausse de 2,8%. Toutefois, le pays devait continuer d’importer de l’étranger, notamment le blé tendre, pour faire face à la demande locale.

Campagne agricole
Prévisions. La campagne agricole 2023-2024 a été entamée avec des précipitations en accroissement de 119% par rapport à la campagne précédente. A fin octobre 2023, le cumul pluviométrique est de 47,7 mm au lieu de 21,8 mm il y a une année. Toutefois, le taux de remplissage des principaux barrages est de 23,7% au 14 décembre. Face aux défis que connaît le secteur, plusieurs mesures ont été prises par le gouvernement. «Au niveau de la production attendue des filières agricoles, le département de l’agriculture table sur une récolte des agrumes qui avoisinerait les 1,69 million de tonnes, en hausse de 5% par rapport à la campagne précédente. La production prévisionnelle des olives serait de 1,07 million de tonnes, soit un niveau similaire à celui de la campagne précédente», selon la dernière note de conjoncture du DEPF. Pour ce qui est de la production des dattes, elle serait de 115 mille tonnes, en amélioration de 6,5%.

La valeur des exportations du secteur de l’agriculture et agroalimentaire atteindrait 68,5 milliards de dirhams à fin octobre 2023, en baisse de 0,7% après une hausse notable de 23,5% à fin octobre 2022. «Cette évolution recouvre un recul de la valeur des exportations des produits d’agriculture, sylviculture et chasse de 1,6% et de celle de l’industrie alimentaire de 1,1%. Toutefois, la valeur des ventes à l’étranger de l’industrie alimentaire a connu depuis septembre 2023 une dynamique favorable comme en atteste la croissance de 2,2% enregistrée en septembre et de 9,6% en octobre de cette année», conclut la même source.

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