C’est demain que sera procédé aux plis relatifs à l’appel d’offres, deuxième du genre, lancé par l’Office national interprofessionnel des céréales et des légumineuses (ONICL) pour l’importation du blé de l’Union européenne. Ce sont en tout, 150 000 tonnes de blé tendre et 100 000 tonnes d’orge qui sont à importer d’ici le 31 mars prochain. Rappelons que ces quantités fixées pour le blé et pour l’orge, sont relatives à l’attribution des contingents tarifaires préférentiels fixés dans le cadre du protocole d’accord conclu le 5 décembre 2003 entre le Maroc et l’Union européenne.
Cet accord fixe les quantités à importer d’Europe en fonction du niveau des récoltes au Maroc et des besoins du pays fixés à 1,2 million de quintaux. Sur la campagne agricole 2003-2004, ce sont 80 000 tonnes de céréales qui ont été engrangées. Ce qui limite les importations en provenance de l’Union à 40.000 tonnes. Contrairement à l’année dernière, les négociants en commerce de céréales et légumineuses bénéficient d’une relative accalmie des cours mondiaux. Le choix de l’Europe, explique un négociant, se fera en fonction des cours, lesquels sont parfois plus compétitifs en Argentine ou au Brésil.
L’appel d’offres intervient au moment où sur le plan international, les cours sont à la baisse. Les cours de céréales et de Soja sont en reculs partout dans le monde et, d’après les prévisions, rien de haussier ne s’annonce à l’horizon. « A l’exception du temps sec dans le sud du Brésil, le reste de l’Amérique du Sud a l’air de bien se porter et le temps ne pose pas problème aux USA : il n’y a pas de menace de gel pour le blé d’hiver », conclut un cabinet de négoce international. Autant d’indicateurs qui éloignent à terme toute hausse brutale des cours.Le principe de l’appel d’offres est simple, explique, Abdelatif Guedira de l’ONICL, «dans le cadre de cet accord, l’Union européenne accorde un avantage préférentiel au Maroc contre certaines conditions dont un accès minimal du marché marocain». De son côté, lors de l’appel d’offres, l’Etat cherche à récupérer le maximum de la décote accordée par l’Union européenne. «C’est là qu’intervient la concurrence », explique-t-on à l’ONICL.
«Les choix se font en fonction des décotes accordées par les importateurs». Pour cette année, les quantités à pourvoir, fixées en fonction des récoltes marocaines, sont de 4 millions de quintaux. La première tranche a été couverte entre novembre et décembre. L’ONICL avait alors récupéré 80% de la décote accordée. Si ces importations se font dans un cadre libéralisé, ce n’est pas encore le cas pour la production nationale qui continue à être écoulée à 250 dirhams le quintal. C’est seulement à partir de ce prix-là que le blé national peut commencer les importations. D’ailleurs les dates des importations européennes sont fixées de manière à ne pas perturber la production nationale, écoulée pour l’essentiel entre juillet, août et accessoirement en septembre. Pourtant, d’après la réglementation en vigueur, la libéralisation est effective depuis 1996.
Reconduites annuellement, ces mesures en faveur du blé tendre sont de caractère exceptionnel, souvent dans le cadre d’un arrêté tripartite entre le ministère de l’Agriculture, celui des Finances et son homologue chargé de la Privatisation. C’est dans cette optique, pour protéger la production nationale, que les autorités avaient aussi mis en place, l’année dernière, le principe du droit ad valorem, un système de tarification à l’importation avec ajustement automatique. Option dont on se passera certainement durant cette présente campagne, croit savoir un cadre du ministère de l’Agriculture. Garant du bon déroulement des opérations, l’ONICL a fixé la taille de chaque lot à offrir à 5 000 tonnes. Les négociants doivent pourvoir leurs lots à partir de la date de notification des résultats jusqu’au 31 mars 2005.