Des opérations de cotation publiques prévues pour revigorer la place financière
Les levées de capitaux en actions sur le marché boursier en 2020 n’ont pas dépassé les 3 milliards de dirhams (MMDH), soit une baisse de près de 70% par rapport à l’année 2019.
Marsa Maroc, emprunt national, Agence des EEP… l’État semble jeter son dévolu sur le marché boursier. Un choix qui est loin d’être anodin. Mobilisation de l’épargne, exploration de nouvelles pistes de financement et surtout permettre aux entreprises de mieux financer sur le marché bancaire en limitant les sorties du Trésor et leur effet d’éviction sur les investisseurs. Mais les opérations publiques de cotation auront un autre effet et non des moindres sur la place financière de la métropole. La Bourse de Casablanca a également subi l’impact de la crise sanitaire en 2020. Les chiffres sont édifiants. Les levées de capitaux en actions sur le marché boursier en 2020 n’ont pas dépassé les 3 milliards de dirhams (MMDH), soit une baisse de près de 70% par rapport à l’année 2019.
Selon un rapport sur la stabilité financière, publié conjointement par Bank Al-Maghrib avec l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) et l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), seule une introduction en Bourse d’un montant de 600 millions de dirhams (MDH) a été réalisée en 2020. Pour éviter un scénario similaire pour la deuxième année consécutive, le gouvernement va peser de tout son poids en dégainant la carte de l’emprunt national.
Le ministère de l’économie et des finances a déjà officialisé la décision de coter l’emprunt en Bourse. En attendant, l’Etat vient d’annoncer la cession sur le marché de bloc, au profit du Groupe Tanger Med, d’une participation stratégique à hauteur de 35% du capital social de la Société d’exploitation des ports, Marsa Maroc. Le prix de l’opération a été fixé à 5,48 milliards de dirhams sachant que l’Etat conservera une détention directe de 25% du capital social et des droits de vote de Marsa Maroc.
Il faut dire que l’État a été encouragé par des opérations similaires réalisées avant la crise sanitaire en découvrant le grand appétit des investisseurs y compris les petits portefeuilles pour les cessions ou les introductions en Bourse. Dans ce sens, l’emprunt national attendu pourrait générer une levée record dépassant les prévisions actuelles qui tournent autour de 5 milliards de dirhams.
Pour ce faire, le gouvernement compte sur un scénario similaire à celui de la cession de parts publiques dans Maroc Telecom en 2019 avec un produit généré qui a dépassé les 6 milliards de dirhams. Une opération qui avait d’ailleurs permis à la Bourse de Casablanca de réaliser une hausse de son activité estimée en 2019 à pratiquement 129%. L’emprunt national sera déterminant pour la suite puisque le gouvernement envisage même d’introduire en Bourse dans une seconde étape l’Agence nationale de gestion des participations publiques dans les entreprises.
Baisse
Selon le rapport de Bank Al-Maghrib sur la stabilité financière, publié conjointement avec l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) et l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC), la majorité des levées à la Bourse de Casablanca en 2020 ont été effectuées par les émetteurs déjà cotés, sous forme d’augmentation de capital, dont 62,7% en numéraire, 37% par conversion des dividendes et 0,3% par apport en nature.
La même source indique également qu’après la trajectoire haussière empruntée par l’indice MASI au cours du deuxième semestre 2019 atteignant une valeur de 12.171,90 à la fin de l’année, soit une performance annuelle de 7,11%, le marché boursier a continué sur la même tendance haussière durant le mois de janvier 2020 où il a atteint une valeur maximale de 12.600,45 le 24 janvier. Sur fond d’incertitudes liées à la pandémie de Covid-19, le MASI a ensuite connu une chute importante avec une valeur de 8.987,89 points enregistrée le 18 mars 2020, soit un repli de 26,2% par rapport à fin 2019.
[box type= »custom » bg= »#fddeef » radius= »5″]Emprunt
L’année 2021 connaîtra le grand retour de l’emprunt national après les opérations des décennies 80 et 90 du siècle dernier. Pour rappel, la loi de Finances en vigueur actuellement institue une exonération fiscale des intérêts payés aux personnes physiques résidentes qui ne sont pas soumises à l’impôt sur le revenu selon le système de résultat net réel ou simplifié, sur les bons du Trésor émis jusqu’en 2021 et dont les intérêts sont payés en 2021.
Cette opération paraît aujourd’hui comme une bouffée d’oxygène alors que les finances publiques font toujours face à l’impact de la crise sanitaire. Les chiffres sont édifiants. L’exécution de la loi de Finances (LF) affiche un solde budgétaire négatif de 27,4 milliards de dirhams, d’après la Trésorerie générale du Royaume (TGR). La même source précise que ce déficit résulte de 180 milliards de dirhams de ressources ordinaires (hors recettes d’emprunts) et de 207,5 milliards de dirhams de charges (hors amortissement de la dette).
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