Après avoir étoffé sa cote de quatre nouvelles sociétés pour deux radiations en 2005, la place financière marocaine en compte désormais 55. Ce chiffre qui reste très en deçà du nombre d’entités qui remplissent les conditions d’accès à la Bourse, combiné à un flottant des sociétés assez limité, fait que la place financière de Casablanca manque de profondeur: les ordres de grande magnitude ayant un effet disproportionné sur les cours.
Chose qui est probablement, en partie, responsable de la surchauffe que connaît le MASI depuis le début de l’année. Dans ce contexte, les responsables de la Bourse de Casablanca se réjouissent de pouvoir accueillir de nouvelles sociétés en 2006. Au moins 4 candidats sont attendus sur l’exercice, parmi lesquels Risma, la filiale du groupe Accor au Maroc.
L’opérateur des télécommunications Méditel, qui vient d’enregistrer sur l’exercice 2005 un bénéfice pour la première fois de son histoire, est aussi attendu à la cote. Car les critères de cotation restent malgré tout draconiens, ce qui est un gage d’un séjour prolongé à la cote.
En plus d’être bénéficiaire, le candidat doit pouvoir certifier les comptes des trois derniers exercices pour accéder au Premier Marché (2 exercices pour le Marché Développement et 1 seul pour le Marché Croissance). Le montant minimum à lever est de 75 millions de dirhams pour le Premier Marché, 25 millions pour le marché Développement et 10 millions pour le segment des petites capitalisations. Les candidats doivent aussi contracter une convention d’animation de marché avec une société de Bourse. Les contrats d’animation présentent l’avantage d’une liquidité accrue manifestée par des spreads bas, gage d’une valorisation plus juste de l’action.
Le contrat d’animation doit couvrir un horizon de trois ans pour les small-caps, et d’un an seulement pour le Marché Développement. Les grandes capitalisations, réputées les plus liquides, sont dispensées de cette condition. Dans un souci d’ouverture, la Bourse de Casablanca a entrepris, ces dernières années, une démarche volontariste pour encourager les sociétés à s’introduire en Bourse. Elle s’est faite essentiellement à travers des road shows de présentation des avantages d’une présence en Bourse. Mais à en juger par les résultats, on ne peut pas dire que l’expérience est concluante, malgré l’effort concédé du côté fiscal par le législateur. Parmi les nouvelles sociétés à s’introduire en Bourse, des analystes de la place notent avec satisfaction que la plupart d’entre elles procèderont à une augmentation de capital plutôt qu’à une cession d’actions existantes. Les fonds levés servant au développement de leurs activités et à des investissements dans des projets porteurs. Ce qui prouve que la Bourse remplit parfaitement la mission de canaliser l’épargne vers les investissements productifs générateurs de richesse.
Les nouvelles introductions, qui auront un effet bénéfique sur la liquidité de la place, devraient améliorer sa visibilité sur le plan régional. Elles devraient augmenter l’attrait pour les investisseurs, aussi bien locaux qu’étrangers. Les opérateurs de marché ne sont pas en reste. Parmi les coûts de cotation, on notera que les frais du montage financier encaissés par les banques d’affaires, restent les plus importants. Une fois cotées, les transactions génèrent des frais de courtage pour les sociétés de Bourse et la société gestionnaire.
Si les nouvelles introductions de 2006 devraient améliorer les fondamentaux de la place casablancaise, il reste que des centaines de sociétés marocaines sont «cotables». Selon un intervenant de la place, les principaux freins à la cotation restent d’ordre comportemental, car la majorité des managers marocains rechignent à partager le pouvoir, à être plus transparents et modernes dans leur gestion: les attributs mêmes qui sont de nature à améliorer la compétitivité de l’économie marocaine.