Obnubilée par la crise immobilière, la Bourse de New York a quasi ignoré les lueurs d’espoir indiquant une résistance de l’économie américaine, et craint pour la consommation à l’approche des fêtes. Malgré une hausse du produit intérieur brut (PIB) supérieure aux attentes au troisième trimestre, une nouvelle baisse des taux d’intérêt et un marché du travail en expansion, Wall Street a fait montre de fébrilité tout au long de la semaine, signe que les plaies causées par la crise financière de l’été sont encore vives.
Son indice vedette, le Dow Jones, a perdu 1,55% sur l’ensemble de la semaine pour clôturer vendredi à 13.595,10 points. Plus large, le SP Standard and Poor’s 500 a cédé 1,67% sur la semaine pour finir à 1.509,65 points. En revanche, l’indice composite du Nasdaq, qui comprend principalement les valeurs technologiques, a légèrement avancé de 0,22% pour finir à 2.810,38 points par rapport à la semaine précédente.
Signe que la confiance des investisseurs est fragile, le marché obligataire a fini la semaine en hausse. Le rendement du bon du Trésor à 10 ans, qui évolue en sens inverse des prix, a baissé à 4,361% contre 4,389% vendredi dernier, et celui à 30 ans à 4,595% contre 4,683%, il y a une semaine.
Les craintes d’un enlisement du secteur financier en raison de son exposition à la crise des crédits immobiliers à risque ("subprime") ont ressurgi de plus belle.
La première banque mondiale, l’américaine Citigroup, pourrait notamment abaisser son dividende, vendre des actifs ou augmenter son capital, afin de récupérer 30 milliards de dollars à cause du "subprime". Sa rivale Merrill Lynch, qui s’est séparée de son P-DG en début de semaine, pourrait encore payer un lourd tribut. Le portefeuille des valeurs bancaires a reculé de plus de 5% sur les deux dernières séances (jeudi et vendredi), soit l’une des plus fortes baisses en 5 ans. Wall Street craint désormais que le "Housing headache", c’est-à-dire le "casse-tête immobilier", pèse sur la croissance, par le biais de la consommation, premier moteur de l’économie américaine. Ces incertitudes, particulièrement sensibles à l’approche des fêtes, parmi lesquelles Thanksgiving fin novembre, entraînent une "panique" des investisseurs, selon Marc Pado, analyste chez Cantor Fitzgerald. «Les difficultés du subprime vont-elles affecter le reste de l’économie ? Le marché immobilier va-t-il entraîner tout le reste dans sa chute ? Va-t-il toucher les dépenses liées à la consommation, voilà les questions que se pose le marché», résume-t-il. «Plus Thanksgiving approche, plus le marché va être volatil surtout que le secteur de la distribution annonce des prévisions de ventes en baisse», confirment Zach Pandl et Drew Matus de Lehman Brothers. A ces craintes, s’ajoute le pétrole cher qui va toucher les consommateurs au porte-monnaie: le baril de brut a franchi la barre de 96 dollars à New York et 92 dollars à Londres et se rapproche du seuil fatidique de 100 dollars. «Certes un dollar faible -1,45 dollar pour un euro actuellement – va soutenir les exportations en compensant les difficultés dans d’autres secteurs, mais nous pensons que l’économie va plier, via la consommation», concluent les deux analystes.