Economie

Cadrage : Soldes touristiques

La troisième édition de la campagne “Kounouz Biladi“ lancée à l’initiative de l’Office national marocain du Tourisme (ONMT) à grand renfort de publicité ( la bagatelle de 2,5 millions de DHS) a démarré alors que cet établissement vit un malaise persistant depuis plusieurs mois. Les cadres statutaires ont organisé, dans la matinée du mercredi 28 avril, un sit in devant la porte principale du bâtiment pour protester contre le prélèvement de 5 jours de salaire décidé par la direction générale, rien que parce qu’ils ont fait récemment grève pour revendiquer l’amélioration de leur situation matérielle. Droit garanti par la Constitution, la grève n’est pas tolérée à l’ONMT où elle est perçue apparemment comme un acte de désobéissance.
Malgré ce contexte interne tendu, l’ONMT n’a pas oublié les vacances des Marocains invités pendant la période allant du 27 avril au 30 mai à fréquenter massivement les hôtels. Car au bout du voyage dans nombre de villes marocaines de Mohammedia à Nador en passant par Safi, Rabat et Agadir…, il y a des remises intéressantes en Bed and Breakfast (chambre et petit déjeuner) dans un certain nombre d’établissements. La somme TTC à débourser pour deux personnes en chambre double dans les 3, 4 et 5 étoiles est respectivement de 300, 500 et 700 DHS. La belle affaire. C’est ce que les promoteurs de ces grands soldes touristiques nationaux appellent des “combinaisons uniques pour des vacances de rêve“ dans le dépliant en arabe et en français édité à l’occasion. Or, dans le document en question, rien ne suggère le rêve, ni l’évasion. Tout ce que l’on voit ce sont des chiffres et des lettres ainsi que des coffres-forts à la Ali Baba, dotés d’une combinaison affichant les tarifs promotionnels.
Prendre un séjour dans un hôtel n’est pas synonyme de rêve, sauf à considérer qu’un lit et un petit déjeuner à l’extérieur de leur ville tient lieu, chez les Marocains, d’une occasion extraordinaire à ne pas rater. Il faut beaucoup plus que cela pour mettre du rêve dans un séjour.
En vérité, cette affaire de «Kounouz Biladi» est une opportunité pour les hôtels du Maroc qui sont en mal de touristes étrangers pendant la période indiquée. Ce sont eux qui ont dit oui à l’offre. Marrakech, ville très prisée, n’a d’ailleurs enregistré l’approbation que de trois hôtels 3 étoiles, un seul en 5 étoiles et aucun dans la classe 4 étoiles.
«Kounouz Biladi» ou pas, les Marocains qui fréquentent les hôtels sont ceux qui en ont les moyens. Une famille marocaine type de 5 à 7 personnes dont le revenu est limité ne pourra jamais se permettre de passer ne serait-ce qu’une seule nuit dans un hôtel classé. Le tourisme intérieur, pour se développer véritablement, a besoin d’un hébergement adapté et non de pis aller où le touriste national est mis à contribution pour boucher les trous et les saisons creuses. Quant à l’ONMT, il est appelé plus que jamais-et c’est sa mission principale- à promouvoir le tourisme étranger qui bat de l’aile plutôt que de jouer les remplisseurs des chambres vacantes et des coffres-forts vides.

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