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Cahier scolaire : Les importations toujours aussi massives

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Un volume de 6.800 tonnes a été acheminé vers le marché marocain. Les producteurs locaux grincent des dents

D’importants volumes sont à chaque fois acheminés de marchés concurrents freinant l’élan d’une industrie qui peine à trouver son équilibre.

Le dossier du cahier scolaire revient sur le devant de la scène à chaque rentrée scolaire. La conjoncture actuelle semble ne pas jouer en faveur des producteurs locaux. Ce secteur qui a longtemps souffert de la concurrence déloyale se voit encore une fois menacé par le flux massif des importations. D’importants volumes sont à chaque fois acheminés de marchés concurrents freinant l’élan d’une industrie qui peine à trouver son équilibre. Cette situation déplaît aux industriels nationaux dont l’activité est doublement impactée cette année.

«La cadence d’importation est toujours en hausse. Nous avons, actuellement, des entrées d’un volume de 6.800 tonnes provenant de l’import, chose que nous jugeons anormale», nous confie Nabil Tber, président-directeur général d’Imprimerie moderne. Cet industriel, comptant à sa charge environ 400 salariés, estime l’ordre de grandeur desdites importations à 150 millions de dirhams. Une valeur jugée conséquente par les opérateurs à l’heure où la production locale suffit amplement aux besoins du marché. «Ces volumes importés n’ont aucune valeur ajoutée pour le marché national. Le même produit existe au Maroc au même standard de qualité voire mieux», indique-t-il. En effet, le secteur affiche depuis ces 4 dernières années une autosuffisance : aucune pénurie n’a été observée à ce niveau et aucune spéculation de prix n’a été déclarée. D’un angle plus technique, le «sur-approvisionnement» fait perdre aux industriels d’importantes marges. «Lorsqu’on a un surstock on est contraint de liquider. Si on liquide on ne va pas gagner. Et si on ne gagne pas, la machine ne va pas tourner. La situation peut être vue comme un château de cartes», estime M. Tber.

Cette année, la rentrée scolaire se veut particulière. La crise de la Covid-19, ayant retardé le retour aux bancs de l’école, a accentué l’incertitude des professionnels qui, dans une démarche anticipative, ont décidé de baisser leur cadence de production. On note un repli de l’ordre de 15% par rapport à l’année précédente. Les industriels relèvent également une baisse des prix du cahier, allant de 8 à 12% comparé à une année plus tôt. Et pourtant le rythme de commercialisation n’a toujours pas décollé.
«Il faut dire que les parents en ont acheté moins cette année. Ils n’ont pas été motivés compte tenu des reports ayant eu lieu. Espérant qu’avec le retour de la scolarité les ventes reprennent», peut-on relever de Nabil Tber.

Étant une activité saisonnière, les industriels se sont jusque-là débrouillés, et ce en dépit du contexte sanitaire difficile. A l’instar des autres entreprises marocaines, les imprimeries ont également eu recours aux produits Damane Oxygène et Damane Relance. Des garanties qui leur ont permis de soulager leur trésorerie en cette conjoncture inédite.
Il est à rappeler que la machine du cahier tourne pendant 10 mois pour seulement 2 mois de ventes. La production nationale de cahier scolaire représente chaque année un volume global de 22.000 tonnes. Le chiffre d’affaires se situe, pour sa part, autour de 450 millions de dirhams.

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Quid de la préférence nationale ?

Les industriels ne cesseront de le souligner. Le cahier scolaire marocain est d’une qualité supérieure à celle du cahier importé. Et pourtant il peine à consolider ses parts. A l’heure où le Maroc favorise la préférence nationale dans l’ensemble des secteurs, les professionnels s’interrogent sur le devenir de ce produit.

Les producteurs locaux ont durant ces dernières années consenti un grand effort en termes d’amélioration des outils de production.

Les investissements de modernisation réalisés dans ce sens sont estimés à des centaines de millions de dirhams. Les opérateurs ont en effet doté leurs usines de machines permettant de mettre sur le marché un produit de qualité à un prix abordable. Les parents devraient également s’engager dans cet élan en promouvant le cahier marocain.

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Importation vs exportation

Les déboires des producteurs de cahier scolaire avec la concurrence étrangère remontent à très loin. Le cahier importé a toujours constitué une menace pour la production nationale au point qu’une dizaine d’entreprises opérant dans le secteur a été contrainte de fermer à vie.

Les professionnels n’ont cessé d’interpeller la tutelle quant aux dommages causés par les pratiques de dumping de la part des exportateurs particulièrement les Tunisiens dont la production représente plus de 90% du total des importations de cahier au Maroc.

Après enquête, les autorités concernées, en l’occurrence le département de l’industrie et celui de l’économie et des finances, ont imposé des droits antidumping à la partie tunisienne (15,69% pour Sitpec et 27,71% pour Sotefi) et ce sur une durée de 5 ans. En vigueur depuis janvier 2019, cette décision vise à rétablir les conditions de concurrence sur le marché marocain maintenant ainsi la qualité et le prix à un niveau satisfaisant.

Et malgré les difficultés rencontrées sur le marché local, les producteurs marocains tracent des ambitions prometteuses pour le cahier marocain. Ce produit commence à se frayer une place au niveau continental. Les industriels recueillent de bons échos au Sénégal, au Gabon et au Mali. Des marchés récemment investis mais qui ouvrent de grandes perspectives de développement aux professionnels marocains en Afrique.

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