Casablanca Climate Leadership Forum 2024 : Les stratégies climatiques internationales et les réalités économiques africaines 

Défis globaux, solutions locales : adapter les stratégies climatiques internationales aux réalités économiques africaines », c’est la thématique qui a été choisie pour le forum.

Appel à l’action : Dans le cadre du réseau Business Schools for Climate Leadership (BS4CL) Africa, le Casablanca Climate Leadership Forum (CCLF) 2024, organisé par l’ESCA Ecole de Management, a réuni plus de 50 experts, décideurs politiques et leaders du monde des affaires, venus de 15 pays, tous engagés à relever les défis climatiques de l’Afrique à travers des solutions pratiques et collaboratives. Les détails.

«Défis globaux, solutions locales : adapter les stratégies climatiques internationales aux réalités économiques africaines », c’est la thématique qui a été choisie pour que le forum puisse démontrer comment le monde académique, le gouvernement et l’industrie peuvent s’unir afin de promouvoir des pratiques durables, adaptées aux besoins spécifiques du continent. Tous les intervenants ont tiré la sonnette d’alarme pour déclarer l’urgence et le potentiel de la collaboration intersectorielle pour renforcer la résilience climatique en Afrique. Le climatologue Alexander Kolker a souligné le rôle essentiel des écosystèmes naturels, les qualifiant de «premiers défenseurs contre les impacts du changement climatique».
De son côté, Sherwat Elwan Ibrahim (American University in Cairo) a souligné «l’importance d’intégrer la durabilité des programmes académiques pour préparer des leaders qui comprennent la réalité climatique de l’Afrique et peuvent impulser un changement significatif».

D’ailleurs, le rôle transformateur de l’éducation dans l’adoption de pratiques durables a été longuement mis en avant lors du forum par plusieurs intervenants. Ce dernier a été l’occasion d’aborder la nécessité de cadres d’investissement transparents. C’est ce qu’il ressort essentiellement des propos de Abdalah Mokssit (GIEC) soulignant leur importance pour renforcer la résilience climatique. Réfléchissant aux enjeux économiques, Thami Ghorfi (ESCA Ecole de Management) a averti que «les défis climatiques détruisent de la valeur ». En visionnaire, l’homme a insisté sur « l’importance de recherches et de programmes pédagogiques pertinents pour faire face à ces enjeux pressants».
Et c’est dans cette optique que toutes les réflexions engagées ont donné naissance à l’Appel à l’action du Casablanca Climate Leadership Forum dans le but de promouvoir le leadership climatique de l’Afrique. Des recommandations concrètes, combinant leadership, éducation, engagement communautaire et technologies innovantes ont également été synthétisées pour relever les défis climatiques propres au continent africain. Et sur cette base que les porteurs de ce projet ont proposé ensemble des solutions transformatrices pour un avenir durable en Afrique. Déjà, pour les experts, il s’agit de promouvoir un leadership et une éducation axée sur le climat. Pour eux, « les écoles de management et les universités doivent former des leaders responsables et orientés vers la communauté, capables de traiter les enjeux climatiques comme des défis humains». Cette vision sous-entend l’intégration de principes de résilience climatique et de durabilité dans les programmes, les initiatives de leadership et les campagnes de sensibilisation pour encourager les diplômés et les membres de la communauté à défendre des efforts de résilience. Il s’agit également de rendre les connaissances climatiques accessibles aux secteurs informels et locaux. Les intervenants ont tous été unanimes sur le fait que « les institutions éducatives peuvent combler le fossé des connaissances en rendant l’information climatique accessible aux secteurs informels et locaux».
Le renforcement de la recherche et le plaidoyer pour des politiques climatiques axées sur l’Afrique ont été, par ailleurs, largement plébiscités. « Les institutions doivent orienter leurs recherches vers des solutions climatiques localisées et réalisables, adaptées aux réalités africaines. En collaborant sur des recherches mettant en avant les pratiques régionales réussies, elles peuvent favoriser le plaidoyer auprès des décideurs pour adopter des politiques climatiques fondées sur des preuves et centrées sur l’Afrique», argumenteront les chercheurs.

Le développement des partenariats communautaires pour des solutions climatiques locales a été, aussi, retenu dans les recommandations. Il s’agira à ce niveau de créer des partenariats avec des organisations locales, des ONG et des groupes communautaires de telle sorte à mobiliser des ressources et des connaissances pour des projets climatiques à fort impact, portés par les communautés. « Ces partenariats devraient se concentrer sur des solutions pratiques, telles que la gestion durable des ressources, la réduction des déchets et des programmes d’éducation climatique locaux répondant aux défis spécifiques des communautés», proposent les experts.
Élargir l’engagement des écoles de management au-delà du cadre académique a été retenu parmi les solutions en faveur d’un meilleur équilibre environnemental. « Les écoles de management peuvent jouer un rôle de premier plan dans l’action climatique en s’engageant activement dans des projets communautaires, en conseillant sur des pratiques commerciales durables et en collaborant avec le secteur privé pour mettre en œuvre des initiatives de résilience», avanceront les experts. L’intégration de projets pratiques axés sur la durabilité dans le parcours éducatif devrait, en effet, préparer les étudiants à appliquer leurs compétences aux besoins climatiques de l’Afrique.
Le soutien et le renforcement des initiatives de reboisement et de conservation menées par les communautés ont été clairement recommandés par le réseau d’experts engagés. «Les écoles, institutions publiques et entités privées peuvent allouer des ressources pour soutenir et développer des projets de reboisement et de conservation portés par les communautés», soutiennent-ils.

Établir des pratiques de reporting et de responsabilité climatique dans les secteurs éducatifs et privés serait aussi une solution durable. Cette démarche passera par l’encouragement de l’adoption de rapports sur la durabilité et les émissions au sein des écoles de management et de leurs partenaires du secteur privé. Enfin, l’amélioration de l’accès aux financements climatiques pour les PME et les entreprises sociales a été mise en avant dans le cadre de l’Appel à l’action. Ceci pourra être rendu possible grâce aux partenariats et au partage de ressources. En clair, les institutions éducatives peuvent aider les petites et moyennes entreprises (PME) et les entreprises sociales à accéder aux financements climatiques disponibles. A ce niveau, elles peuvent soutenir les demandes de subventions, en offrant des formations et en facilitant des opportunités de réseautage mais également encourager les entreprises locales à adopter des pratiques durables. Pour rappel, toutes ces actions ont été élaborées sur la base des recommandations d’un réseau diversifié d’experts mondiaux et africains, de chercheurs et de leaders du secteur privé et public. Le comité organisateur du Casablanca Climate Leadership Forum facilitera la mise en œuvre des actions. Louable à plus d’un titre et à un moment où le Maroc est en train d’opérer sa mue à travers son plan de développement. A suivre…