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Cash, régime de change, Intelaka, cession de la filiale de la Société Générale… Abdellatif Jouahri dit tout

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Se référant à M. Jouahri, il est essentiel que certains équilibres soient confirmés avant le passage à une nouvelle phase de la réforme du régime de change flexible.

Verbatim : En marge de la tenue du premier Conseil de Bank Al-Maghrib au titre de l’année 2024, Abdellatif Jouahri s’est livré au jeu des questions-réponses livrant ainsi sa vision sur certaines questions prudentielles et stratégiques. Décryptage.

La circulation fiduciaire continue de poser un défi majeur au Maroc. La croissance annuelle est de 11 % actuellement contre 6 % auparavant. Des indicateurs qui attestent de la préférence des Marocains pour le cash à l’heure où les paiements électroniques se développent davantage. Face à cette problématique, la Banque centrale met les bouchées doubles pour sensibiliser les citoyens à ces nouveaux modes de paiement. Lors du point de presse ayant suivi le premier Conseil de Bank Al-Maghrib au titre de l’année 2024, Abdellatif Jouahri a souligné la nécessité de promouvoir la culture financière au niveau national. Ceci passe notamment par la mise en place de capsules vidéo dans plusieurs langues, tout en ciblant les populations des zones enclavées.

« La circulation fiduciaire pose un défi majeur car elle connaît une croissance continue, passant d’environ 6 % par an à 11 % actuellement », rappelle dans ce sens le wali de Bank Al-Maghrib. M. Jouahri a dans ce sens plaidé pour la nécessité de mettre en place une analyse approfondie des différents aspects de la circulation fiduciaire pour mieux comprendre les facteurs sous-jacents, dont l’informel, la fiscalité et le critère de confiance. Ce point de presse a également été une occasion pour aborder l’éventualité de passage à une nouvelle phase de la réforme du régime de change flexible.

A cet égard, Abdellatif Jouahri assure que le tissu économique national n’est pas encore prêt pour cette transition, et ce en dépit des résolutions du Fonds monétaire International. « Même si le Fonds monétaire international insiste, je ne recommanderai le passage à la nouvelle phase du régime de change flexible que lorsque je serai convaincu que le tissu économique marocain est prêt », assure à cet égard le gouverneur de la Banque centrale. Se référant à M. Jouahri, il est essentiel que certains équilibres soient confirmés avant ce passage, notamment la soutenabilité budgétaire à moyen terme, un niveau adéquat de réserves de change, un système bancaire résilient et la capacité de la Banque centrale à gérer à la fois les réserves de change et le ciblage de l’inflation. « Sur le plan technique, nous avons acquis une compréhension approfondie depuis 2018, avec un marché interbancaire qui fonctionne parfaitement.

Cependant, nous avons souligné la nécessité de passer à une étape suivante, qui implique la formation des opérateurs, et c’est là où les difficultés se présentent », explique dans ce sens Abdellatif Jouahri. Parmi les points débattus figure également l’état d’avancement du programme intégré d’appui et de financement de l’entrepreneuriat « Intelaka ». Il ressort qu’en dépit des milliers de bénéficiaires qui ont pu profiter de ce programme, le taux de rejet reste élevé, atteignant 40 %. S’agissant des crédits décaissés, leur encours a atteint à ce jour les 8 milliards DH.
A ce propos, Abdellatif jouahri a souligné l’importance des mesures d’accompagnement mises en place au profit des bénéficiaires. « Le budget a été doublé afin d’assurer que cet accompagnement se déroule dans les meilleures conditions possibles et pour éviter les éventuelles difficultés rencontrées par porteurs de projets », explique M. Jouahri. Et de préciser qu’ « un projet de rapport élaboré par la Cour des comptes sur le programme Intelaka est actuellement en phase de discussion. Une fois finalisé, ce rapport sera rendu accessible aux parties prenantes ». Pour ce qui est des créances en souffrance, Abdellatif Jouahri a relevé l’importance cruciale de ce dossier. Une réunion s’est tenue récemment à ce sujet, rassemblant toutes les parties prenantes, y compris le système bancaire, les sociétés de financement et les ministères concernés. La finalité étant de parvenir à une finalisation progressive du dossier.

La cession prévue de la filiale marocaine du Groupe Société Générale s’est également invitée lors de ce point de presse. M. Jouahri a indiqué, à ce propos, que la réglementation est claire. « Si un changement de contrôle survient, il est nécessaire d’avoir un nouvel agrément de la Banque centrale », a-t-il précisé. Et de poursuivre : «Etant donné que vous êtes propriétaire de plus de 50 %, un nouvel agrément s’impose au nouveau propriétaire et ce conformément à la loi en vigueur ». S’agissant de l’accord de Bank Al-Maghrib à cette opération de cession, M. Jouahri a indiqué que la Banque centrale ne se prononcera qu’après examen du dossier et ce après l’évaluation du projet industriel, du business plan ainsi que de la valeur ajoutée attendue. « Si les choses s’avèrent favorables à la Banque et à l’État, nous allons accorder », peut-on retenir de M. Jouahri. Il est à noter que le Conseil de Bank Al-Maghrib a jugé que le niveau actuel de 3 % du taux directeur reste approprié pour renforcer l’ancrage des anticipations d’inflation et soutenir son retour à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix. En conséquence, il a décidé de le maintenir inchangé tout en continuant de suivre de près l’évolution de la conjoncture économique et de l’inflation. La Banque centrale prévoit par ailleurs une croissance limitée à 2,1 % en 2024 avant de s’accélérer à 4,3 % en 2024.

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