Economie

Chaîne et trame : un nouvel élan

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Quelle stratégie adopter pour redorer le blason des secteurs textile et habillement au Maroc ? Telle est la question sur laquelle opérateurs et responsables se penchent depuis un certain temps. Après la prise de conscience du retard pris par le Maroc en la matière, le temps est à l’action. Une action dont le Cabinet Texaas Consulting a tracé les grandes lignes dans une étude parue récemment. Il en ressort que la filière marocaine “chaîne et trame” est constituée au Maroc de 840 entreprises. Plus de 76% d’entre elles sont spécialisées en vêtements, destinés à l’export à hauteur de 93%. Le secteur enregistre annuellement un chiffre d’affaires de l’ordre de 10 milliards DH, dont 7 milliards à l’export. Il emploie quelques 112.000 emplois. Le marché principal de ces produits n’est autre que la France. A lui seul, ce pays importe 35% de ces produits. Il est suivi de la Grande-Bretagne (23%), de l’Espagne (20%), en plus de l’Allemagne, de l’Italie et du Benelux. Le marché européen s’accapare 97% des exportations marocaines. Les 3% restant sont dirigés vers le marché américain. S’agissant de la structure des prix dans le secteur de l’habillement, la main-d’oeuvre directe occupe, et de loin, la première place avec 46,1%, contre 17% dans le textile. La main-d’oeuvre indirecte, quant à elle, est d’environ 8,6% pour le premier. Pour le deuxième, elle est de 5,5%. Le matériel vient en deuxième position avec 9,4% pour l’habillement et 11,1% dans le textile. Le coût de l’énergie continue à constituer une charge considérable pour le secteur. Une charge qui est de l’ordre de 10%, les deux secteurs confondus. Suivent les coûts des matières qui se situent à hauteur de 22,2% dans le textile et 6,5% dans l’habillement, les locaux qui tournent autour de 7%. Fait notable, les investissements en matière de création, de gestion et de commercialisation ne dépassent pas 2,2% dans l’habillement (avec respectivement 0,6%, 0,8% et 0,8%) et 15% dans le textile (3,8%, 7,4% et 4,1%). De 1998 à 2002, l’évolution des exportations marocaines d’habillement “chaîne et trame” à destination de l’U.E n’ont augmenté que de 8%. Ceci, alors que les pays concurrents, notamment la Tunisie, la Turquie et la Roumanie ont vu leurs exportations augmenter respectivement de 10%, 16,6% et 24,3%. Il s’agit pourtant de pays sur lesquels le Maroc dispose d’une bonne longueur d’avance, historiquement parlant. Le textile “chaîne et trame”, qui se défend toujours, n’en subit pas moins cette concurrence. Même si, pour la même période, les exportations marocaines en la matière ont connu une augmentation substantielle de 37% contre 41% pour la Tunisie. Sur les cinq pays les plus actifs dans ce secteur dans le pourtour méditerranéen, le Maroc occupe désormais la quatrième position, derrière la Roumanie, la Turquie et la Tunisie et devant le Portugal. Les handicaps ne manquent pas. A la concentration excessive en sous-traitance et la productivité moyenne à passable, s’ajoutent le coût des salaires, jugé excessif et l’insuffisance de l’encadrement technique. Les compétences marketing demeurent très faibles, l’amont textile faible. Sans compter l’image internationale peu valorisante du Maroc et l’insuffisance des investissements en création et du soutien public. A cet égard, l’administration reste excessivement procédurière, ce qui serait derrière le peu d’implantations étrangères que connaît le Maroc. L’étude préconise dans ce sens une stratégie offensive et mobilisatrice basée sur un double principe : l’excellence et la différenciation. La stratégie générale entamée vise à assurer dans un premier temps (2003-2006) une montée en puissance de produits finis en co-traitance. Une deuxième phase (2006-2008) serait consacrée à la consolidation de réseaux et plate-formes dans de nouveaux marchés au niveau européen. La mutation n’aura lieu qu’à la troisième phase (2008-2010) par le développement de la distribution, du trading et du grand export ainsi que par l’encouragement de la délocalisation. Entre-temps, un effort de renforcement des ressources humaines et d’amélioration de la gestion et l’organisation du secteur est à consentir. Aussi, une modernisation des investissements, un développement de la qualité totale et une augmentation de la masse critique des entreprises sont également à préparer. La stratégie de l’offre se doit d’être aussi globale (finissage, tissage, filature, co-traitance, confection, délavage, sérigraphie…) que créative (collections, produits finis, actualisation, pièces à manches, lainage, soierie…). Le volet marketing n’est également pas à ignorer. La filière doit être dotée d’une force de frappe au service d’une politique dynamique de conquête des marchés internationaux. L’impact d’un tel effort ne serait pas sans se faire sentir sur le court et moyen termes. D’après cette étude, le chiffre d’affaire de la filière passerait à 13,6 milliards en 2006, soit une augmentation de l’ordre de 30%. Idem pour les exportations qui croîtraient de 23%, passant à 9,2%. Plus important encore, le taux de rentabilité passerait de 3% à 5%, soit une augmentation de 66%. Amen !

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