La flambée des prix du pétrole sur les marchés mondiaux, véritable aubai-ne pour les pays exportateurs, représente un poids supplémentaire pour les économies de nombreux Etats, dont le Maroc, obligés de répercuter ces augmentations à la pompe.
Toutefois, les regards restent braqués sur les produits pétroliers, alors qu’en réalité, l’évolution de la balance énergétique laisse apparaître d’autres dépendances aussi lourdes de conséquences pour le budget de l’Etat.
Ainsi, en 2003, les produits pétroliers ne représentent que 61 % de la balance énergétique (6.681.000 Tep). Or, la part du charbon dans la consommation globale des produits énergétiques s’élève à 31 % (3 439 000 Tep). Les 8 % restants vont à la consommation de l’électricité hydraulique, le gaz naturel, l’électricité importée et l’électricité éolienne.
Pis, la flambée du cours du charbon sur les marchés internationaux est encore plus grave, comparée à celle qui retient le plus l’attention : celle du pétrole. Le prix de la tonne du charbon est ainsi passé de 35 à 84 dollars à fin août 2004.
Le surcoût, pour l’Office national d’électricité (ONE), principal consommateur de ce produit, est de plus d’un milliard de dirhams ! Combiné au surcoût de la Caisse de compensation, l’Etat fait face à une facture énergétique de plus en plus chère. Ainsi, le déficit mensuel est de 300 millions de DH pour le pétrole.
Pour le gaz, le prix d’une tonne frôle les 300 dollars, par conséquent, la subvention allant au gaz est de 210 millions de DH mensuellement. Les deux produits combinés coûtent à l’Etat plus de 510 millions de DH chaque mois, en subventions. Durant les six premiers mois de l’année en cours, le montant destiné à la compensation des hydrocarbures a atteint 6 milliards de dirhams.
Une addition qui pèse lourd dans la balance des paiements puisqu’elle représente 28 % de l’accroissement global des importations qui se sont établies à quelque 77,7 milliards de DH, contre environ 67 milliards, une année auparavant. La tendance du second semestre s’est amplement aggravée.
Stratégiquement, la politique de l’autruche pratiquée par l’Etat doit impérativement céder place à une large concertation avec les opérateurs. Il est désormais grand temps de se mettre à table pour une meilleure concertation autour de la problématique énergétique. Elle interpelle les consommateurs, surtout depuis la flambée du pétrole et du charbon. Une nouvelle démarche, essentiellement fondée sur une large prospective, est à tester.
Les professionnels par la voix de la Fédération de l’énergie déplorent le manque de concertations avec les acteurs de l’énergie. Toutefois, à l’avenir, les attentes sont multiples: « Etant de nature optimiste, je pense que l’Etat a mis au point un plan graduel d’ajustement et de mise à niveau des prix en vue d’atteindre par paliers progressifs, dans un horizon moyen, la vérité des prix», estime My Abdallah Alaoui, président de la Fédération de l’énergie pour qui la dernière répercussion des prix à la pompe constitue un petit pas dans ce sens. L’impact de cette répercussion estime le responsable, n’est que de 700 millions de DH, sur une année pleine. Ce qui n ‘est pas de nature à réduire le mal chronique de la Caisse de compensation.
Sur un autre volet, celui du gaz butane, la situation est plus grave. Les pouvoirs publics ont estimé ne pas intervenir, alors que le sujet touche toute la population marocaine. La bouteille de gaz est fortement subventionnée. Le prix de la bouteille 12 kg n’a pas varié depuis l’année 2000. Autour du bassin méditerranéen, le prix de la même bouteille oscille entre 65 et 70 DH. « Il y a un risque à long terme que les sociétés gazières soient amenées à diminuer leurs investissements dans le parc de bouteilles qui doit être renouvelé tous les 15 ans », ajoute le président de la Fédération de l’énergie.
Autre risque, la non-reconstitution des réserves dans les cavités de SOMAS à hauteur de 100 MT est bien réelle. S’y ajoutent aussi, étant donné le crédit Caisse de compensation de plus d’un milliard de DH, les banquiers qui ne pourront plus financer des sociétés dont le bilan est obéré par les lourdes charges financières. « À ce moment, les sociétés pourraient se poser des questions sur la viabilité de ce secteur, considéré comme étant hautement social et qui relève plus du politique que de l’économique », est-il mentionné.














