Economie

Chasse au stupre à Agadir

© D.R

Petit vent de panique à  Agadir. Les descentes policières font partie depuis quelque temps de l’actualité de cette station balnéaire réputée calme et sans histoires. Pourtant, après l’affaire de l’hôtel Salam, il y a deux mois,  104 filles avaient été arrêtées. Le gérant qui a perdu le procès et l’appel avait écopé de six mois.
Première sur la liste, la résidence Karam, qui refusait la clientèle nationale et étrangère, à l’exclusion de celle des pays du Golfe,  a reçu ces derniers jours une visite musclée. Une descente rondement menée, à la suite de laquelle 64 filles de petite vertu ont été arrêtées ainsi que sept garçons travaillant dans l’hôtel. Tout ce beau monde a été présenté au parquet lundi entre 13 heures de l’après-midi et minuit. Mardi, le rituel devait se poursuivre.  Quant aux touristes étrangers surpris en belle compagnie durant cette ronde, des Saoudiens et des Koweïtiens essentiellement, ils ont bénéficié d’un aller simple pour leurs pays respectifs où ils devront être entendus sur leurs escapades dans le Souss. Autre haut lieu de Agadir, By Night, à recevoir la visite des hommes en uniforme, un night-club plus ou moins branché, en bordure de la côte. Un hôtel  situé loin du front et qui arborait à son fronton une enseigne internationale aurait reçu quant à lui une visite légère. Repris par la vox populli, ces événements font le menu des terrasses de café de la place. Les jeunes filles de moins de 18 ans, natives d’Agadir, n’auraient plus accès aux boîtes de nuit. Les couples mariés ne se déplaceraient plus sans le fameux acte de mariage. Est-ce le début d’une campagne contre ce qu’il est convenu d’appeler le tourisme sexuel ? éventualité qui fait trembler plus d’un hôtelier. 
En bon paroissien, le maire de la ville, Tarik Kabbaj,  plaide pour un «travail de la police continu,  au quotidien et dans la discrétion». Le premier magistrat de la ville ne nie pas cependant qu’il faille rappeler le ba-ba de la législation marocaine à certains établissements qui ont tendance à l’oublier. «La descente doit être faite à partir du moment où les gens ne respectent pas la loi», poursuit-il. Qu’en pensent les opérateurs ?
Sans doute muselés par la sensibilité du sujet, beaucoup préfèrent s’exprimer sous couvert de l’anonymat.Ce qui n’est pas le cas du président du Conseil régional du tourisme local. Fidèle à son franc parler, Saïd Scally est formel : «L’assainissement de la débauche est apprécié, les règlements de comptes non !».  Et d’ajouter : «Il ne faut pas que l’exception devienne la règle. L’exception dans les règles de l’art et du respect du tourisme ne doit pas poser problème ». C’est aussi le point de vue d’Aldo Sebti. L’ancien directeur commercial du Dorint Atlantic Palace pense qu’un établissement hôtelier qui se respecte ne peut pas s’accommoder du tourisme sexuel. «La clientèle de Dorint ainsi que celle du Casino et la discothèque alentour sont plutôt de haute facture. Aucun risque à craindre.
Il y a une rigueur irréprochable», scande-t-il. Bref, s’il y a le tourisme sexuel, il est ailleurs. Mais existe-t-il un tourisme sans amusement, se demande un autre professionnel. Il ajoute : dans tous les pays du monde, le sexe fait partie du jeu touristique.
Les citoyens du Golfe, montrés du doigt trop souvent, risquent de gagner d’autres cieux. «Trop souvent on verse dans l’amalgame, alors qu’il y a des hommes d’affaires saoudiens et koweïtiens qui viennent au Maroc pour le business ou en famille. Les mettre dans le même sac revient à se couper du tourisme arabe », souligne un jeune directeur d’hôtel. Dans ce climat général de chasse au stupre, les interrogations sont nombreuses. «Pourquoi la résidence Karam et pas d’autres », se demande un opérateur sous-couvert de l’anonymat?
Certains croient savoir que c’est le fait que le propriétaire de l’établissement ait construit sa résidence en R+ 8 dans une zone où le plan ne dépasse pas six étages qui l’a mis dans le collimateur.
Ouverte exclusivement ou presque à la clientèle moyen-orientale, la résidence Karam est la première à tomber dans cette campagne qui vise normalement la lutte contre la débauche et le proxénétisme. «C’est ce qui a été décidé lors de la  récente réunion des walis et des gouverneurs. Pourvu qu’à Agadir, comme le rappelle un important voyagiste de la place, la directive ne tourne pas au règlement de compte.

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