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Christophe Lecourtier: «Le Maroc et la France sont deux grands pays agricoles»

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Entretien avec Christophe Lecourtier, ambassadeur de France au Maroc

Avenir  
Une quarantaine d’entreprises françaises ont exposé leur savoir-faire au Salon international de l’agriculture au Maroc (SIAM) qui s’est déroulé du 2 au 7 mai 2023 à Meknès. Malgré les nombreux couacs dans les relations franco-marocaines durant ces dernières années, la France reste un partenaire historique pour le Maroc. Pour la France, la coopération bilatérale entre les deux pays s’inscrit aussi dans un avenir commun. C’est ce que nous explique Christophe Lecourtier, ambassadeur de France au Maroc, dans cet entretien accordé à ALM.

ALM : Quel bilan feriez-vous des relations entre le Maroc et la France dans le domaine de l’agriculture ?
Christophe Lecourtier : En 2022, ce bilan a confirmé que la France restait le premier fournisseur du Maroc dans le domaine agricole mais il ne faut pas regarder vers le passé. Il faut maintenant savoir comment garder cette position et proposer des offres plus attrayantes qui correspondent aux besoins du Maroc. Je pense qu’on est capables de le faire et c’est tout le défi de la période actuelle. Il faut que les Français, d’une certaine manière, fassent preuve de modestie et de grand professionnalisme (d’ailleurs, ils le font ici au Maroc) pour s’intéresser aux partenaires et leur proposer exactement ce dont ils ont besoin. Je crois que dans le domaine agricole on en est tout à fait capables.

La France dispose d’un grand stand au SIAM, ce qui traduit l’intérêt qu’accordent la France et les entreprises françaises au secteur agricole marocain. Pourriez-vous nous en dire plus ?
On est vraiment tous très heureux d’être de retour à Meknès après une longue absence liée à la pandémie qui nous a tous beaucoup affectés. On revient d’ailleurs avec près d’une quarantaine d’entreprises françaises au moment où le Maroc réfléchit de manière très active aux évolutions de son agriculture pour répondre à des défis qu’on connaît nous aussi en France et en Europe.

Et donc, il y a vraiment matière à ce que nous ensemble, à savoir la France, le Maroc et d’autres pays partenaires, puissions travailler pour se projeter dans les dix et quinze prochaines années parce que toutes les questions de durabilité, du verdissement de l’agriculture, de bien-être animal, d’évolution de l’agronomie, etc. sont centrales pour nous tous. Tout ce qu’on a su faire ensemble depuis trente ou quarante ans, eh bien on va le revisiter pour continuer à faire ensemble des choses qui correspondent aux défis de ce siècle.
Le Maroc est une grande puissance agricole depuis toujours.

Il exporte beaucoup de produits vers l’Europe et il a une relation forte avec l’Afrique subsaharienne. Nous pouvons ici ensemble au Maroc permettre à ses entreprises d’être encore plus efficaces et en même temps pour nous c’est une occasion que ce partenariat profite aussi à nos importations et à nos entreprises.
Dans ce domaine, beaucoup de relations humaines se sont nouées parce que des écoles ont été créées ici au Maroc depuis très longtemps avec le soutien et le partenariat de la France, parce que beaucoup d’ingénieurs agronomiques sont passés ici et parce que des entreprises françaises ont investi dans ce domaine. Notre partenariat vit ce projet dans l’avenir. Il est gagnant-gagnant pour le Maroc et la France.

Qu’est-ce que la France va apporter au Maroc par rapport à d’autres pays concurrents dans le domaine de l’agriculture sachant qu’elle a un peu perdu sa place sur le marché marocain au cours de ces dernières années ?
Je ne sais pas si c’est le cas mais en tout cas en matière d’agriculture, la France est le principal partenaire. Songez par exemple aux céréales, on a eu durant la dernière année des exportations record en matière de céréales vers le Maroc. Une partie de celles-ci profite aux citoyens marocains et on est très fiers et très contents que ça soit le cas. En matière de viandes ou encore de semences agricoles, on est aussi assez présents.

Donc, la question c’est moins de concurrence parce que le Maroc mérite de travailler avec beaucoup de pays et il le fait très bien mais cela nous oblige, nous, à être plus innovants, plus créatifs, et plus ambitieux dans ce qu’on propose. Lors du SIAM, on parlait par exemple de la filière lait. Il y a aujourd’hui pour des tas de raisons, un déficit de production laitière au Maroc et nous on a des solutions qui permettront aux exploitations à la centrale laitière par exemple de pouvoir produire ici au Maroc davantage de lait. Ces solutions méritent d’être considérées, notamment dans le cadre des nouveaux contrats de filières qui sont mis en place par le gouvernement marocain.

Quel serait le plus que vous proposez en matière de technologie agricole ?
On est la première puissance agricole en Europe pour des raisons qui tiennent à l’histoire et à la géographie. Nos agriculteurs sont aussi confrontés à de grands défis comme la transition énergétique, la transition vers des engrais plus bio, la nécessité d’un traitement animal plus conforme aux attentes des consommateurs… Tous ces challenges qui sont ceux du Maroc sont exactement ceux de la France.

Dans certains domaines, il y a des choses où la France peut apporter des transferts de technologies et dans d’autres je suis sûr qu’ici aussi on pourra prendre du Maroc des choses remarquables surtout dans ce domaine et qu’elles nous soient utiles à nous. On est pour des raisons historiques mais aussi géographiques confrontés aux mêmes enjeux. En matière agricole, on a travaillé d’ailleurs sur toute une convention bilatérale qui permettrait de mettre noir sur blanc les ambitions qu’a le Maroc et qu’a la France pour voir comment les faire converger et faire l’objet d’une sorte de feuille de route commune.

Aujourd’hui, la parole est aux entreprises présentes au stand France de convaincre leurs interlocuteurs marocains. J’espère que tôt ou tard on pourra rassembler nos ambitions dans une feuille de route entre les deux gouvernements parce que cette question agricole est essentielle pour la France et pour le Maroc parce que tous les deux on est deux grands pays agricoles et de par l’histoire on est amenés à travailler ensemble, à se parler indépendamment de tout ce qui peut se faire dans d’autres sphères que je ne commenterais pas.

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