Comme révélé par Aujourd’hui Le Maroc (ALM n°670 du 24 juin dernier), l’affaire Mourad Belmâachi constitue un tournant dans le paysage économique marocain. L’ex-prétendant au poste de patron des patrons se trouve actuellement au coeur d’une polémique.
Une affaire de droit commun, le passage à tabac dont Mourad Belmaâchi se dit être victime, laisse planer l’ombre d’une sombre manoeuvre politico-économique.
Pis, il se dit victime d’un règlement de comptes qui ne dit pas son nom, voire d’une vengeance inavouée. Au départ de l’affaire, ce sont trois avocates, travaillant dans un seul cabinet, qui ont découvert la disparition de quelques documents d’un dossier. Ce dernier concerne une affaire qui se trouve entre les mains du tribunal commercial à Casablanca, opposant la Banque populaire à une société privée et ses deux associés, les frères Belmâach. Cette affaire concerne un crédit de 5,8 millions de DH accordé par la Banque populaire à la société en question. Insolvable, la société ne lui a rien remboursé. Et par conséquent, le cabinet des trois avocates, en charge des affaires de la Banque populaire, a intenté une plainte auprès du tribunal commercial.
De manière inexpliquée, l’acte de garantie portant sur la somme accordée par la banque à la société a disparu ainsi que la copie de plainte déposée par le cabinet des trois avocates auprès de la justice. Pire encore, les documents disparus ont été remplacés par d’autres dont la somme de garantie est la même mais les dirhams sont devenus des centimes. Donc, la falsification est prouvée. Convoqué par les enquêteurs de la police judiciaire de Derb Soltan-El Fida qui se sont chargés de l’affaire, le responsable de la banque a expliqué que les auteurs du vol des documents authentiques ont ajouté sur les documents falsifiés une phrase expliquant que l’acte de garantie est d’une durée de validité d’une année et plus précisément entre le 14 avril 2000 et le 14 avril 2001 et une semaine après l’expiration de la dernière date, l’acte sera considéré comme nul. Il a précisé que seuls les deux frères, associés dans la même société, sont les bénéficiaires de la falsification. Poursuivant leurs investigations, les policiers ont appris que l’un des deux frères est déjà mouillé dans une affaire de falsification et purge une peine d’emprisonnement à la prison de Salé. Alors que le second a disparu.
Une note de recherche a été diffusée contre lui à l’échelle nationale. Il fallait attendre le début de la deuxième semaine du mois courant pour qu’il vienne rendre visite au siège de la société; il a été surpris par les policiers qui y montaient une surveillance depuis quelques jours. Conduit au siège de la brigade urbaine de la PJ de Derb Soltan-El Fida et soumis aux interrogatoires, il a avoué être l’un des auteurs de la falsification des documents. Comment ? Il a expliqué aux enquêteurs, qu’au mois de mars 2003, un employé du cabinet des trois avocates s’est présenté devant lui, au siège de la société. Il lui a proposé de l’aider afin d’atténuer la valeur de la somme consignée dans les documents pour que le tribunal ne le condamne que du versement à la partie civile d’une somme inférieure à la somme réelle.
Deux jours plus tard, il est revenu une fois encore chez lui avec le dossier en main. L’affaire a depuis été mise à jour.
L’ensemble des maillons impliqués ont été conduits, le jeudi 17 juin, devant le juge d’instruction près la Cour d’appel de Casablanca et poursuivis pour constitution d’une association de malfaiteurs, vol et falsification des documents, faux et usage de faux.