Economie

CIH Bank: Quand une banque renaît…

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ALM : Une page est désormais tournée pour le CIH avec la nouvelle identité visuelle. Pourriez-vous nous dresser la situation financière actuelle de la banque?
 

Ahmed Rahhou : Une page est désormais tournée effectivement avec la nouvelle identité visuelle. Cela dit, nous ne voulons pas donner une image juste cosmétique mais plutôt une image d’une banque nouvelle. Nous y avons travaillé ardemment ces dernières années. Et aujourd’hui, la banque a récupéré ses fondamentaux sur les critères commerciaux, de rentabilité et de productivité. CIH Bank est désormais dans la course en tant que banque universelle avec des atouts sur les secteurs historiques. Nous avons adopté une approche en matière de gestion des risques et une approche innovante à travers l’ensemble des segments de clientèle grâce aux  investissements réalisés en nouvelles technologies.

Vous venez de déclarer lors de la dernière conférence de presse qu’un seul dossier historique a permis de financer à lui seul les actions engagées dans le cadre de la nouvelle stratégie de la banque. Pourriez-vous nous apporter un peu plus d’éclairage à ce niveau ?

Oui, je le confirme. Notre développement a été rendu possible en grande partie par la récupération de créances en souffrance évaluées entre 80 et 100 MDH par an. C’est ce qui a permis d’opérer justement au nouvel habillage des agences bancaires et assurer toutes les déclinaisons sur le plan marketing et communication. Ceci se chiffrant à plusieurs dizaines de millions DH, le chiffre définitif n’étant pas encore arrêté. Le développement du réseau a été et sera encore financé par les actions de recouvrement.
La stratégie est basée sur la banque 2.0 qui signifie banque universelle en contact avec la clientèle d’une manière permanente.

En clair, à travers le remodelage opéré sur les différentes prestations offertes, notre objectif est de faciliter la vie à la clientèle surtout par le biais des prestations en ligne, et par la disponibilité de toutes les opérations de la clientèle dans toutes les agences. Le client n’aura pas l’obligation de s’adresser à sa propre agence pour réaliser ses opérations, mais pourra le faire dans toutes les agences de la banque de la même façon.

Un des principes de base repose sur la remontée immédiate de l’information y compris pour les retraits déplacés afin que le client soit au courant des opérations effectuées sur son compte en temps réel et ce sera une première au niveau du secteur bancaire. Notre objectif est de restituer les informations dans leur intégralité aux clients. Un système d’alerte à travers les téléphones portables est également prévu.. Sur le site, les clients pourront suivre le cheminement de toutes leurs opérations bancaires et les chèques seront aussi visibles puisqu’ils seront scannés et donc archivés.  Au niveau des  réclamations, Bank Al-Maghrib a mis en place une cellule de médiation afin d’analyser les opérations objet de discorde entre le client et la banque. .

Pour parler le même langage avec cette instance, le CIH a son propre médiateur pour faciliter les négociations. Le médiateur interne interviendra dans la gestion des réclamations client lorsque celles-ci tardent à être traitées ou à la demande de la direction de la banque pour accélérer le traitement.

Aujourd’hui, la stratégie globale est de mettre davantage en avant les services de la banque. Qu’en est-il de l’activité relative à la promotion immobilière ?

Aujourd’hui, nous pouvons dire que tous les grands dossiers historiques litigieux rattachés à cette branche sont épurés ou couverts par des provisions. Le financement de la promotion immobilière est un point fort de la banque et le restera. En fait, CIH Bank est organisée aujourd’hui autour de trois banques, à savoir celle des particuliers et professionnels, celle relative à l’activité immobilière et enfin la troisième spécialisée dans les entreprises et le financement intégrant les activités de marchés nationaux et internationaux.

Chacune dispose de sa stratégie propre et son site. Concernant le développement de ses activités, nous sommes évidemment tributaires de la progression de l’économie nationale. Au niveau conjoncturel, le Maroc pâtit encore des conséquences mondiales. L’annonce de la reprise sur le plan économique mondial est cependant confirmée. Compte tenu de ce contexte, nous développons nos activités mais nous réfutons la course à la taille sans mesurer le risque.

Le CIH a été pendant longtemps critiqué par le risque qu’il a pris de devenir une banque en puisant dans ses propres ressources certes compétentes, mais pas forcément outillées pour mettre en place une banque à part entière. En tant que banquier chevronné, puisque vous avez été plusieurs années au service du Crédit du Maroc, pensez-vous aujourd’hui que le CIH a dépassé les écueils d’antan ?

La réponse est clairement oui. Une banque est avant tout une société de service qui dépend de la qualité du personnel et de la qualité des processus mis en place. A ce niveau nous sommes aujourd’hui à l’aise. Chaque fois que nous avons besoin d’expertise ou d’une compétence nous n’hésitons pas à passer à l’action.

Si j’ai bien compris vous misez sur l’amélioration du service en direction de la classe moyenne ? Avez-vous des produits spécifiques à leur proposer ou misez-vous uniquement sur la minimisation des coûts dans le cadre de la bancarisation ?

Nous n’adoptons pas de ciblage en termes de clientèle précis, nous nous adressons à toutes les catégories de clientèle, chacune avec une offre de produits et services adaptée. Nous continuerons à porter une attention particulière à la clientèle sociale, les offres de crédit  Fogarim continueront à être soutenues au sein de notre banque. CIH Bank traite à lui seul la moitié des crédits sociaux du secteur bancaire. Parallèlement, la gratuité du site est aussi une prestation en direction de cette clientèle à revenu limité. Et c’est une première aussi dans le secteur bancaire où l’accès au site est généralement payant.

Quelle politique en direction de la classe Premium ?

La clientèle Premium est considérée comme une clientèle privilégiée dans le sens où elle a un besoin de conseils dans le placement et dans l’expertise immobilière. Nous avons aussi un service dédié à la gestion des devises et nous offrons à nos clients une possibilité de placer leur argent à l’étranger compte tenu des nouvelles dispositions légales en la matière.

Vous venez de lancer une opération de titrisation. Pouvez-vous revenir sur les fondamentaux de l’opération et des objectifs retenus en termes de retour en liquidité pour la banque?

Il s’agit de la quatrième opération du genre qui a permis de générer de la liquidité à la banque. Toutes les opérations antérieures se sont effectuées dans de très bonnes conditions et celle-ci aussi. Elle a porté sur 1,2 milliard DH. CIH Bank est le premier établissement financier à avoir lancé ce type d’opérations qui restent assez complexes. Le succès de la dernière émission montre à la fois le niveau de maîtrise de la banque, et la confiance dont jouit CIH Bank sur le marché. Nous allons, sur le terrain des émissions de titre, procéder à une première, celle de la notation. Nous sommes, en effet, en train de faire évaluer notre dernière émission afin de publier bientôt une cotation par un organisme indépendant.

Le personnel de la banque est passé par une étape très difficile pendant des années quand le CIH traversait une crise sans précédent. Aujourd’hui, une fois la page tournée, avez-vous le sentiment que les effectifs qui sont restés sont parfaitement engagés dans votre nouvelle vision ou envisagez-vous une stratégie en termes de gestion de carrières pour accompagner le changement et conduire au développement de la banque ?

Cela fait quatre ans et demi maintenant que la conduite de changement est menée. Cette démarche repose sur le fait que l’ensemble du personnel ait la possibilité de s’exprimer et que chacun ait une visibilité sur la stratégie globale retenue par le top management de la banque. Je suis intimement convaincu qu’une large adhésion à une stratégie est la clé de sa réussite. Pour créer cette adhésion, il faut d’abord avoir le consensus.

Il faut aussi avoir un attachement pour la banque. Tous ces éléments me paraissent acquis au sein de notre banque, comme cela a été montré lors de notre  grande convention du 3 mai dernier et qui a réuni l’ensemble du personnel de CIH Bank, toutes catégories confondues. La gestion de carrières pour nous est un élément essentiel à l’adhésion, et doit être basée sur le mérite. En ce point, comme en d’autres, et comme je l’ai rappelé lors de la convention, nous essayons de faire de notre établissement une banque exemplaire.

Un mot pour conclure sur votre expérience de près de cinq ans maintenant à la tête du CIH surtout que vous avez des repères de comparaison avec votre poste antérieur au Crédit du Maroc…

Je rends hommage au personnel de la banque pour sa mobilisation et pour les défis toujours renouvelés qu’il relève. Nous avons déjà beaucoup labouré et nous allons continuer. Je suis optimiste pour l’avenir de notre institution.

Chiffres clés (au 31/12/2013)

Capital social : 2.660.808.500                        Total Bilan : 34.377 KMAD

Encours dépôts : 18.510 KMAD                    Encours global de crédit : 27.179 KMAD

Produit net bancaire : 1.367 KMAD               Résultat brut d’exploitation : 635 KMAD

Résultat net : 446 KMAD                                Clients actifs : 523.837

Suppression des dates de valeurs

Vous venez d’annoncer une première au Maroc, à savoir la suppression des dates de valeurs. Aujourd’hui, nous savons tous que ce sont les dates de valeurs, en grande partie, rajoutées aux commissions qui font la rentabilité de la banque. Ne craignez-vous pas alors que ceci impacte négativement la rentabilité si le recrutement des clients en masse ne suit pas ?

Je pars du principe que ces dates de valeurs avec les avancées technologies n’ont plus lieu d’exister. Nous assumons notre décision au-delà de la rentabilité.  Concrètement, ce sont les porteurs du compte sur carnet qui bénéficieront de cet ajustement et il s’agit d’une catégorie de clientèle généralement à revenu moyen. De même pour le retrait déplacé qui ne doit subir aucun décalage de date hormis le strict minimum lorsque les valeurs sont compensées (délai de 24 ou 48 heures au maximum).  Les opérations avec l’étranger sont également concernées, il n’est pas normal que certains virements prennent parfois une à deux semaines avant d’être portés sur le compte du client. Nous agirons pour que le client soit informé dès la réception par la banque d’un virement le concernant et au traitement de ce virement dans la journée.

 

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