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«Climat Chance» : Vers un monde écologiquement responsable

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La société civile du monde entier semble avoir les mêmes préoccupations aussi diversifiées ou territorialisées soient-elles, dans le sens où les changements climatiques sont plus que jamais une affaire qui implique aussi bien la société civile que les décideurs.

Cop22-Dérèglement climatique, pollution, désertification, stress hydrique (…) autant de dangers qui menacent l’équilibre planétaire. Ainsi, depuis lundi et pendant trois jours se tient à Nantes la première Conférence internationale des acteurs non-étatiques. Une conférence dont la championne du climat, ministre de l’environnement, Hakima El Haité, a fait la promotion : «Climate change is climate chance». Le climat est une affaire qui dépasse les frontières nationales. C’est donc l’occasion de s’interroger sur la place de la société civile marocaine à la COP22.  Pour le Maroc, en tant que pays hôte de la COP22, celle-ci est sans nul doute l’opportunité idéale de faire prévaloir le travail colossal de la société civile marocaine dans le domaine de l’environnement. Un domaine qui s’invite désormais dans tous les secteurs d’activités. La société civile du monde entier semble avoir les mêmes préoccupations aussi diversifiées ou territorialisées soient-elles, dans le sens où les changements climatiques sont plus que jamais une affaire qui implique aussi bien la société civile que les décideurs. Pour éviter l’irréparable, Hakima El Haité a annoncé la couleur à New York. «2016 doit rester gravée dans l’histoire comme une année d’action», a-t-elle dit.

Des enjeux communs

La ratification de 60 Etats sur 197 (arrivant à recouvrir 47,7% des émissions de gaz à effet de serre) de l’Accord de Paris en milieu de semaine dernière propulse l’entrée en vigueur de l’Accord de Paris vers la bonne voie, mais il reste beaucoup à faire. Signe des temps, c’est la mise à contribution de la société civile qui assurera la réussite de la COP22.

«Il faut que les gens viennent à Marrakech avec leur plan», affirme Laurence Tubiana, ambassadrice française et championne du climat. C’est sur ce ton qu’a démarré lundi la conférence de Nantes. Il s’agirait selon les organisateurs d’un événement qui réunit plus de 3.500 participants, de 62 nationalités, des acteurs non-étatiques (les principaux réseaux mondiaux de collectivités, d’entreprises, syndicats, associations et personnalités impliqués dans le changement climatique). Avec ce nombre considérable de participants, la question qui se pose est de savoir où en est la société civile marocaine dans ce processus. Une coalition a été formée en février dernier regroupant une centaine d’associations.

CMJC : Partir sur les bons rails

Si au niveau international les choses s’activent, la société civile marocaine n’est pas en reste. Celle-ci sera présente en force à la COP22, et elle prépare déjà son plan d’action. Ainsi, les associations marocaines en particulier forment une coalition qui compte une centaine d’associations. Ce groupement porte le titre de «Coalition marocaine pour la justice climatique» (CMJC). La coalition s’est d’ailleurs réunie pendant le week-end dernier à Casablanca, dans le cadre de son plan d’action afin de définir les enjeux africains et internationaux liés aux changements climatiques. Pour les organisateurs il est question à la fois de se mettre en perspective de la COP22 qui se tiendra à Marrakech du 7 au 18 novembre 2016, mais également au-delà de la COP22.  Selon les organisateurs la Conférence a réuni plus de 160 participant(e)s, représentant(e)s de réseaux/associations de la société civile, syndicats, mouvements sociaux, chercheurs et experts, dont 90 invité(e)s internationaux de 39 pays d’Afrique, du Maghreb, des Amériques, d’Europe et d’Asie. L’événement a permis de mettre en avant les propositions de la CMJC avec la participation d’une pléiade d’acteurs dans le domaine.

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Le RIAM passe à l’action

Sur la collaboration des associations avec la CMJC, Abbès Benaissa, en sa qualité de secrétaire général du Réseau des initiatives agroécologiques au Maroc (RIAM), confie : «Nous participons aux réunions et évènements de la coalition car la CMJC est partenaire de notre Forum de la Terre organisé à Marrakech les 12-13-14 novembre au CIPA – Pierre Rabhi».

Le RIAM en tant que membre de la CMJC est «intégré dans le circuit d’information général et dans les échanges avec certains membres». Sur la coalition, Abbès Benaissa précise qu’il «est de la responsabilité de chaque association se sentant concernée par l’environnement de se rallier à cette association fédératrice. La diversité de la société civile ne peut donc être représentée qu’au prix d’une autodétermination et d’une auto-responsabilisation de chacun». Et d’ajouter : «Dans tous les cas, elle fait l’effort globalement de rassembler et partager l’information. Des organisations de différents horizons y sont représentées». Il assure que la force d’un réseau est d’être un levier de développement.

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Des questions en suspens 

La coalition souligne que certaines questions restent non résolues, à commencer par «la hausse limitée des températures à moins de +2°C voire 1,5°C, alors que l’objectif au début des négociations était +2°C». Ainsi, la CMJC invoque l’article 2 de l’Accord de Paris. Celui-ci, en effet, précise que l’objectif est de maintenir l’élévation de «la température moyenne de la planète en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et en poursuivant l’action menée pour limiter l’élévation des températures à 1,5°C par rapport aux niveaux préindustriels». Le second point réside dans le fait que l’Accord de Paris reste non contraignant et donc au sens de la CMJC, «une belle rhétorique sans contrainte». Le troisième point est celui de la révision des objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre toutes les cinq années. Ensuite, la douloureuse question du financement et la justice climatique. En effet, l’accord fait abstraction des principes «d’une transition juste» aux termes de la coalition.

Vers une COP Africa

Au cours de la Conférence de la CMJC, il s’est avéré qu’il fallait répondre à quatre interrogations majeures. D’abord, articuler les réponses possibles et conjointes de la société civile aux questions pendantes de l’Accord de Paris et formuler les actions communes pour infléchir les négociations. Ensuite la préoccupation de mettre en avant l’Afrique au centre des débats et des décisions, comme cela a été souligné à plusieurs reprises par le comité organisateur de la COP22, «Vers une COP Africa de la société civile». A un autre niveau tout aussi égal il s’agit des «mobilisations citoyennes», donner plus de visibilité «aux solutions proposées par les associations, syndicats, mouvements sociaux, en collaboration avec les experts et universités. tout en renforçant l’ancrage social pour la justice climatique». Le quatrième aspect abordé au cours de la conférence est celui de «l’organisation et participation de la société civile à la COP22». A ce sujet, il est question des espaces autonomes et officiels et de la stratégie à adopter pour faire entendre sa voix dans la zone bleue. 

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Quatre forums régionaux en préparation

Au sujet des propositions du RIAM pour la COP22, le SG du RIAM indique qu’il s’agit de «promouvoir les agricultures durables, l’éco-développement et la solidarité comme solution face aux changements climatiques  et au devenir de la planète, mais également inviter à produire autrement, nourrir autrement et vivre autrement (énergies renouvelables, éco-construction). Ensuite restaurer l’équilibre des écosystèmes vivants et  relocaliser l’économie. En outre, mettre en lien les savoirs locaux et traditionnels avec les savoirs technologiques et scientifiques». Le RIAM propose entre autres d’«offrir une visibilité aux paysans traditionnels et une visibilité au patrimoine culturel paysan marocain mais mondial aussi».

Dans ce sens, le RIAM prépare quatre forums régionaux à venir sur tout le Maroc. Selon Abbès Benaissa, «l’objectif est de mettre en exergue les solutions locales à développer, mettre en relation les agriculteurs et paysans de la région, consommateurs, décideurs et recherche scientifique, faire ressortir les expertises et assister à leur partage, et étudier les besoins en formations et en création de grenier à graines locales». Il ajoute que  la mise en place d’une convention avec IAV va «permettre aux élèves agronomes de faire des stages sur des fermes en agricultures durables et à partir du terrain constituer une banque de la biodiversité locale».

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Leila Ouchagour

Journaliste stagiaire

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